Les insectes :
Dans les milieux toxiques :
Dans
les mares de pétrole, en Californie, on trouve la larve d'une
mouche (Psilopa petrolei). Des appendices projetés au-dessus
de la surface lui permettent de respirer et son tube digestif
laisse passer ce qu'elle ingurgite, tout en retenant le pétrole.
Les larves du Diptère Wilhelmina nepenthicola évoluent
dans la sécrétion digestive des plantes carnivores comme les Nepenthes
ou les Sarracenia
Au fond de la Mer Morte et du Grand Lac Salé on trouve des crustacés
et des larves (malgré la concentration de sel).
Sur un liquide servant d'insecticide se développent des larves
de mouches.
Des chenilles tolèrent de fortes quantités d'oxyde de carbone.
Le papillon Zygène résiste aux vapeurs d'acide cyanhydrique.
Dans un milieu liquide chaud :
Des
moustiques vivent dans l'eau des geysers d'Islande à 55°C.
Dans le froid :
En
Europe, un Coléoptère (Oreonebria) ou un Diptère (Niphadobota
ou Chionea alpina : la "mouche des neiges") vivent par
-15 degrés Celsius et sont actifs sur les sols enneigés.
Des insectes se développent dans la glace.
Dans les déserts :
Eremiaphila
(insecte de l'ordre des Orthoptères, sorte de petite mante) supporte
des températures atteignant 62°C à la surface du sol et 41°C à
l'ombre, avec une humidité relative de 21 %. C'est un insecte
diurne qui pourchasse ses proies avec une grande rapidité.
Adesmia metallica vit au Sahara et tolère des variations
de température de -5 à 55 degrés Celsius. Cela lui est permis
par une adaptation morphologique : téguments très épais protégeant
de la déshydratation et des ultraviolets, coloration noire parsemée
de plages blanches d'origines diverses (pigmentaire, poils ou
écailles, glandes cuticulaires sécrétant une production cireuse)
permettant de diffracter ou réfléchir le rayonnement solaire et
préservant ainsi de l'élévation de température.
Les Pimélies (gros Tenébrionidés) ont des stigmates qui
ne communiquent pas avec l'extérieur mais qui s'ouvrent à l'intérieur
de la cavité ménagée sous les élytres (l'air inspiré est refroidi
et humidifié avant de pénétrer dans les trachées).
Onymacris fonctionne comme un condenseur de vapeur vivant.
Par une adaptation comportementale au milieu (et non pas physique),
il subvient à ses besoins en eau en plein désert. A l'aube, il
gagne le sommet d'une dune et attend face au vent marin que l'eau
des brouillards matinaux se condense sur son corps : dressé sur
ses pattes antérieures, tête en bas, il recueille les fines goutelettes
d'eau qi ruissellent le long de ses élytres et perle entre ses
mandibules.
Dans le milieu souterrain :
De
par les conditions défavorables de ce milieu (air saturé de gaz
carbonique, absence de courant aérien, obscurité permanente, températures
homogènes basses, forte humidité constante...), les insectes qui
y vivent ont subi des modifications morphologiques tels qu'une
dépigmentation donnant une coloration jaunâtre (testacée), l'atrophie
des ailes (réduction ou absence), la régression des yeux avec
diminution ou disparition des organes visuels, l'allongement des
organes (comme l'étirement des pattes et des antennes), le développement
des organes sensoriels et des soies tactiles.
Parmi ces insectes troglodytes (vivant dans les cavernes), on
peut citer Phegomisites encore actif à -4,6°C et les Bathysciinés
qui survivent 6 à 8 mois sans se nourrir (grâce à un cycle évolutif
réduit à l'extrême - la larve ne connait qu'un seul stade d'évolution
-, réduction causée par la persistance de l'hormone juvénile,
elle-même causée par l'absence de nourriture).
En altitude
Des
insectes vivent à 5 000 m d'altitude.
Extraits de :
"La vie dans les milieux extrêmes", Dossier Pour la Science, octobre
1994, pp 114-115, texte de Jacques d'Aguilar
Sciences et Avenir 203, janvier 1964
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