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Exobiologie : de l'origine de la vie à
la vie extraterrestre
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Faq d'exobiologie
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Cher
Prof Clairembart, comment est-ce-que... ? ®
Compte-rendu
des interventions de notre cher professeur Clairembart sur la
liste
Seti League en France
- "Cher professeur Clairembart, pouvez-vous vous présenter
à nos amis lecteurs? "
- "Bien sûr!
J'ai vu le jour il y a plusieurs dizaines d'années, sous
la plume d'un auteur fort apprécié à l'époque,
Henri Vernes, auteur des aventures de Bob Morane. Dans
certaines de ses aventures, Bob rencontrait un phénomène
étrange qu'il ne comprenait pas ou avait besoin d'aide
ou de conseils scientifiques et faisait alors appel à
mes connaissances très étendues en sciences.
J'ai continué longtemps ma vie sur papier, jusqu'à
ce qu'un jour, dans un Salon du Livre, une bande de joyeux copains
auteurs de Science-Fiction décidèrent qu'il leur
serait utile d'avoir un ami tel que moi pour leur donner un
coup de main côté sciences dans les histoires qu'ils
voulaient écrire. Moyennant un rien de magie (l'un
des auteurs écrivait aussi de la Fantasy), ils m'ont
permis de quitter le papier et de m'incarner dans la vraie vie.
Evidemment, il me fallait un vrai corps pour ce faire, et l'un
d'entre eux m'offrit de partager le sien. En m'incarnant
en lui, j'eus le vif plaisir de constater que, comme moi, c'était
un scientifique, un libre-penseur et un esprit ouvert, gentil,
aimable et rationnel, quoiqu'un rien désorganisé.
Depuis ce jour, mon hôte m'est devenu un ami tres cher
et nous nous partageons le plaisir de répondre aux questions
d'ordre scientifique de nos copines et copains auteurs de SF
ou amateurs de SETI."
- "Et bien maintenant, passons justement
aux questions."
- "Avec grand plaisir" :^)
-
C'est quoi l'équation de Drake?
-
C'est quoi le "trou de l'eau"?
-
La technologie permet-elle de relier des antennes placées
chez des particuliers dans le monde entier pour cumuler leur
puissance?
-
Une station d'écoute et de détection de signaux
ET avec une antenne de petite taille, est-ce réaliste
et efficace?
-
C'est vrai que les petites antennes, c'est bien, c'est facile
à trouver, mais il reste le problème de la coordination
(simple en théorie, mais en pratique...). Est-il
réellement plus facile de relier 256 stations ou de
trouver un dieu de la mécanique qui construise une
antenne de 32 mètres?
-
Donc une antenne chez un particulier, celle de ma télé,
c'est valable? Dites moi tout!
-
Quelle est l'utilité de la recherche scientifique d'une
vie extra-terrestre? Je pense surtout aux programmes
de recherche (étude de météorites, planètologie,
programmes spatiaux tels que Cassini, étude de la vie
terrestre....) et pas seulement de SETI.
-
Que pensez vous de l'ufologie?
-
C'est quoi le projet "TASS"?
-
Je trouve une bien grande ressemblance entre notre voie lactée
(le dessin qu'elle forme) avec le dessin que forment des feuilles
dans le fond d'une piscine dont on tourne l'eau dans le même
sens. Alors je me dis, que peut-être que nous
aussi nous sommes dans une membrane qui nous retient?
-
La forme discoïdale est-elle la meilleure pour les voyages
spatiaux?
-
Qu'en est-il de la recherche sur la motricité MHD (magnéto-hydro-dynamique)
censée expliquer la technologie du déplacement
d'un OVNI?
-
J'ai lu (et l'on m'a affirmé) que si forme de vie INTELLIGENTE
extra-terrestre il y a, elle devrait sûrement nous ressembler
(de loin, pas forcément de près). Question
de résistance à la gravitation, corps rempli
d'eau, formation du "cerveau", etc. Cela me paraît
un peu anthropomorphique et finalement assez "réducteur"
quant aux capacités d'invention de Mère Nature.
Qu'en est-il?
-
Pourquoi leur intelligence serait-elle semblable à
la nôtre?
-
Pourquoi leur façon de communiquer devrait-elle être
de façon hertzienne, pourquoi pas comme les papillons
de nuit à base de pheromones ou comme dans DUNE à
l'aide de Manta?
-
C'est quoi exactement un laser et la recherche SETI optique?
-
Que se passerait-il si nous étions confrontés
à la découverte d`une civilisation sur une autre
planète ou bien si on savait que des extraterrestres
étaient en route vers nous?
-
Dans la recherche SETI, quelles étoiles choisir comme
cible?
-
C'est quoi l'anisotropie de l'univers?
-
Et la relation entre le red shift, l'effet Doppler et le Big-Bang?
-
Peut-il exister des êtres basés sur la chimie
du silicium?
-
Comment voyage-t-on, même si l'on est de l'antimatière,
dans le passé, alors qu'avant le Big Bang il n'y en
avait pas?
-
Concernant Upsilon Andromedae et ses trois planètes,
je ne comprends pas comment une planète de masse 3/4
Jupiter et en orbite à seulement 0.06 UA, n'ait pas
explosé sous l'effet de Roche. Ne serait-ce pas
un compagnon type naine brune?
-
Dans tous les programmes SETI, y a t-il déjà
eu des écoutes dans le domaine des ondes ELF?
-
Quelles seraient nos chances d'être détectés
par un système semblable à celui que nous utilisons
(antennes radio, Hubble) par une planète extrasolaire?
-
Quelle est la limite de taille permettant une détection
de planète autour d'une étoile?
-
J'ai lu un article je ne sais où sur un petit astéroïde
en rotation sur l'orbite terrestre ayant une trajectoire en
forme de fer à cheval. Est-ce exact?
-
Comment détecte-t-on des planètes extrasolaires?
-
Comment se fait-il que les ondes radio voyagent à la
vitesse de la lumière, les deux sont des ondes, ok,
mais...?
-
Si on peut utiliser la lumière comme mode de propulsion
(voiles solaires), quelles autres ondes pourrait-on utiliser?
Serait-il envisageable dans un avenir proche ou lointain,
avec les connaissances humaines actuelles ou futures (en extrapolant)
de construire des vaisseaux spatiaux propulsés par
d'autres ondes que la lumière (photons)?
-
Bioastronomie, exobiologie? Quelqu'un peut-il m'expliquer
la différence entre ces deux termes?
-
Que vaut le projet Seti@home?
-
Pourrait-on écouter les signaux traités par
Seti@home?
-
Une antenne pour SETI, peut-elle servir aussi pour écouter
les corps célestes?
-
Les données recueillies par les radiotélescopes
comme celui d'Arecibo doivent-elles être qualifiées
de radiométriques, ou plutôt de télémétriques?
-
Quelle est la taille du système solaire et de l'univers rapportée
à une échelle plus petite?
-
Et si les signaux des ET ne se trouvaient pas dans les bandes
de fréquences que nous écoutons?
-
Si un Contact est découvert, quelle attitude auront
les scientifiques par rapport au reste du monde?
-
A quelle distance la civilisation terrienne a-t'elle émis
des ondes dans l'espace?
-
Peut-on supposer que dans un rayon de 25 années-lumière,
il n'y a pas de vie intelligente capable de dialoguer avec
nous?
-
Et si les systèmes planétaires étaient
des éléments comparables à des atomes,
à notre échelle, l'univers pourrait-il être
une poupée gigogne?
-
Etre passionné(e) de science-fiction, est-ce sérieux?
-
Le monde est-il mathématique, peut-on se servir des
maths pour communiquer avec des extraterrestres ?
-
La terraformation de Mars est-elle réaliste?
-
Ces êtres venus d'ailleurs pourraient-ils être
asexués, ou androgynes/hermaphrodytes?
-
Qui était Carl Sagan?
-
Nos connaissances en physique et chimie s'appliquent à
l'univers tout entier. Et si des univers différents
avec une physique différente existaient?
-
Que peut-on trouver comme vie sur Mars, Europe et Titan?
-
C'est quoi l'effet Lense-Thirring?
-
Quid du problème de l'impossibilité communicationnelle
entre différents niveaux d'intelligences?
-
Quelles sont les plus anciennes traces de vies trouvées?
-
Si des ETI (extraterrestres intelligents) sont immortels,
pourquoi communiqueraient-il avec des mortels?
-
Que signifie hadalique?
-
Qui étaient ces dieux antiques sinon des extraterrestres
venus dispenser leur savoir sur notre pauvre terre?
- Cher
prof Clairembart:
C'est quoi l'équation de Drake?
La réponse du prof:
L'équation de Drake (légèrement modifiée
pour la clarté) est:
N = Ne * Pe * Ps * Pp * Ph * Pv * Pi * Pt * Dt / Dg
où N est le nombre de civilisations technologiques
actuellement existantes dans notre galaxie
Ne est le nombre d'étoiles dans notre galaxie, soit
environ 200 milliards (2 * 10 exposant 11)
Pe est la probabilité qu'une étoile soit de
la population 1, c'est-à-dire qu'un système
stellaire comporte assez d'éléments plus lourd
que l'hydrogène et l'hélium pour permettre le
développement d'une biochimie; la valeur de Pe se situe
aux alentours de 0.5
Ps est la probabilité qu'une étoile de population
1 ait une masse proche de celle du Soleil - statistiquement,
parmi les étoiles voisines du Soleil, il y en a environ
10 % dont la masse est comprise entre 83 % et 120 % de celle
du Soleil
Pp est la probabilité qu'une telle étoile possède
des planètes; les découvertes récentes
de planètes massives en orbite autour d'autres étoiles
semblent indiquer que la plupart des étoiles auraient
un cortège de planètes, on peut donc estimer
que Pp est compris entre 0.5 et 1
Ph est la probabilité qu'une de ces planètes
se trouve dans la zone habitable en permanence de ce système
stellaire, c'est-à-dire dans la zone où l'eau
peut exister sous forme liquide - on ne sait toujours pas
comment estimer Ph, mais beaucoup de chercheurs utilisent
1 à 10 % (un peu au hasard)
Pv est la probabilité que la vie se développe
sur une telle planète; les estimés de Pv sont
très différents d'un chercheur à l'autre
et vont de moins de 1 chance sur 1 million (pour ceux qui
pensent que la vie est un accident chimique extrêmement
rare et implausible) à 100 % (pour ceux qui, comme
moi, pensent que la vie est inévitable une fois les
conditions adéquates réunies)
Pi est la probabilité qu'une espèce intelligente
apparaisse dans la biosphère ainsi formée; ici
aussi les estimés varient très fortement d'un
chercheur à l'autre (de moins de 1 chance sur 1 million
à près de 100 %) - contrairement à ce
brave Stephen Jay Gould, je suis d'avis qu'avec une durée
suffisamment longue, la plupart des biosphères occupant
des surfaces émergées finissent par produire
une espèce intelligente
Pt est la probabilité qu'une telle espèce intelligente
développe une civilisation technologique capable de
communiquer par radio, probabilité que j'estime à
100 %
Dt est la durée de vie d'une telle civilisation technologique
- notre civilisation technologique n'est capable de communiquer
par radio que depuis moins de 100 ans, aucune civilisation
terrestre n'a duré plus de quelques millénaires,
je prendrai 1 000 ans comme estimé de l'ordre de grandeur
de Dt
Dg est la durée d'existence de notre galaxie, soit
10 à 12 milliards d'années
Résumons-nous:
Ne = 200 000 000 000
Pe = 0.5
Ps = 0.1
Pp = 1.0
Ph = 0.01
Pv = 1.0
Pi = 1.0
Pt = 1.0
Dt = 1 000
Dg = 10 000 000 000
Ce qui donne, Ô horreur, seulement 100 civilisations
technologiques contemporaines dans notre galaxie pour cet
estimé pourtant très très optimiste.
Le point qui rend cet estimé si bas malgré mon
optimisme forcené, c'est la durée (en années)
d'une civilisation technologique. Si, une fois découverte
l'approche technologique de l'univers, il était impossible
de la perdre avant la disparition de l'espèce l'ayant
découverte, je changerais alors Dt pour au moins 1
000 000, ce qui nous donnerait 100 000 civilisations contemporaines
dans notre galaxie et donc de bonnes chances d'en détecter
au moins une...
On pourrait capter un signal civilisé *identifié*,
mais avec N = 100, ce serait fort peu probable, tandis qu'avec
N = 100 000, la réponse ne dépendrait plus que
des budgets disponibles pour cette recherche...
Nous détectons en moyenne 1 à 2 signaux d'origine
possiblement extra-terrestre chaque année avec les
programmes existants, mais ces signaux ne se répètent
pas, ce qui ne permet dons pas aux chercheurs d'annoncer la
découverte d'une intelligence extra-terrestre.
Il faut dire que ces signaux semblent provenir chacun d'un
coin différent du ciel. Il semble y en avoir
un peu plus en provenance du disque galactique, mais à
part ça, pas de direction privilégiée.
Dans la plupart des cas, on est revenu observer la même
région du ciel plusieurs fois de suite, mais le signal
ne s'est jamais répété.
Les antennes utilisées n'ont pas une résolution
suffisante pour déterminer précisément
de quelle étoile provient le signal. Elles peuvent
tout juste déterminer de quelle région du ciel
ils proviennent, à une petite fraction de degré
près - chaque fois, la région délimitée
contient de quelques étoiles à un très
grand nombre d'étoiles.
Une telle annonce officielle déclencherait un tollé
médiatique aussi inutile que dévastateur pour
les budgets SETI. Il nous faut un exemple solide, vérifiable,
répétable et irréfutablement d'origine
extra-terrestre avant de penser à en parler dans les
médias grand public.
L'équation de Drake est une façon simple d'évaluer
nos chances de détecter d'autres civilisations dans
notre galaxie.
Elle est basée sur un raisonnement largement admis
en sciences:
- notre galaxie n'est pas spécialement différente
des autres galaxies
- le système solaire n'est pas spécialement
différent des autres systèmes stellaires de
la galaxie
- l'apparition et l'évolution de la vie sur Terre ne
furent pas spécialement différentes de ce qu'elles
furent ailleurs
- notre civilisation technologique n'est pas spécialement
différente d'autres civilisations technologiques ailleurs
dans l'univers.
Bref, l'équation de Drake est basée sur une
application logique et cohérente du principe de médiocrité,
principe qui dit que l'univers est dans l'ensemble assez similaire
à ce que nous pouvons observer, ou autrement dit, que
ce que nous observons de l'univers n'a rien d'exceptionnel,
nous-mêmes y compris.
Si le principe de médiocrité est en erreur,
les estimations que nous faisons en utilisant l'équation
de Drake sont très probablement erronnées, bien
entendu.
Astronomes, physiciens et chimistes tiennent beaucoup au principe
de médiocrité parce que ce principe s'est avéré
très fructueux dans tous les domaines des sciences
dites exactes (chimie et physique, y compris l'astronomie):
à quelque échelle que ce soit, l'univers lointain
ressemble beaucoup à l'univers proche.
Pour bien des biologistes, par contre, le principe de médiocrité
paraît être une aberration: ils font remarquer,
par exemple, que la chaîne évolutive qui a mené
à l'apparition de l'homme contient un tellement grand
nombre d'évènements hautement improbables qu'il
faut considérer somme très plausible l'hypothèse
selon laquelle nous serions la seule espèce intelligente
de la galaxie, l'apparition d'une espèce intelligente
leur paraissant avoir une probabilité pratiquement
négligeable, tenant presque du miracle.
La bonne question n'est donc pas "croyez-vous à l'équation
de Drake? " mais plutôt "pensez-vous que le principe
de médiocrité s'applique à tous les termes
de cette équation, y compris les termes concernant
l'apparition de la vie, l'évolution d'êtres intelligents
et la formation de civilisations technologiques? ".
À cette bonne question, je répondrai trois choses:
1. les travaux des dernières décennies
en chimie (et plus particulièrement en astro-chimie)
semblent bien indiquer que le principe de médiocrité
s'applique en effet à l'apparition de la vie,
2. les travaux récents sur la complexité
des systèmes vivants (et plus particulièrement
sur la complexité des écosystèmes) semblent
bien indiquer l'existence d'une tendance à la complexification
des espèces dans des situations somme toute fort banales
(ce qui pourrait indiquer que le principe de médiocrité
s'appliquerait aussi à l'apparition d'espèces
intelligentes),
3. nous ne possédons encore aucun contre-exemple
pouvant nous faire penser que le principe de médiocrité
ne s'applique pas à tous les domaines, y compris la
formation de civilisations technologiques (oui, je sais que
c'est la plus faible partie de mon argument!).
Bref, je pense que oui, le principe de médiocrité
s'applique à tous les termes de l'équation de
Drake, et donc que celle-ci nous donne des estimés
raisonnables du nombre de civilisations technologiques coexistant
avec la nôtre dans notre galaxie.
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- Cher
prof Clairembart:
C'est quoi le "trou de l'eau"?
La réponse du prof:
On utilise usuellement "le trou d'eau" (traduction littérale
de waterhole), pas "le trou de l'eau", ceci pour bien traduire
l'analogie (due à Morrison, si je ne m'abuse) avec
le lieu où les animaux de toutes espèces se
rencontrent lorsqu'ils viennent s'abreuver (mais pas s'abreuver
d'injures, dans ce cas-ci ;^) .
La bande de fréquences appelée trou d'eau tient
son nom du fait qu'elle s'etend d'environ 1.4 Ghz (fréquence
de l'Hydrogène atomique H) à un peu plus que
1.6 Ghz (fréquence du radical hydroxyle OH), H et OH
étant les deux constituantes de l'eau HOH.
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- Cher
prof Clairembart:
La technologie permet-elle de relier des antennes placées
chez des particuliers dans le monde entier pour cumuler leur
puissance?
La réponse du prof:
En fait, la technologie permet ce genre de choses, depuis
un bon bout de temps déjà. Ce ne serait
pas pratique pour établir une carte radio du ciel,
mais pour détecter des signaux cohérents (ce
que l'on cherche en SETI-radio), c'est faisable, quoiqu'assez
long à décrire (j'ai déjà utilisé
cette technique à d'autres fins, il y a quelques dizaines
d'années - comme l'internet n'existait pas, on a dû
utiliser d'autres liens moins efficaces - ici je transpose
à l'internet).
-
il faut d'abord que toutes les stations d'écoute
se mettent d'accord pour observer ensemble dans une même
direction (la rotation de la Terre fournira le balayage
d'est en ouest, ce qui fait qu'une fois les antennes correctement
pointées il n'est plus nécessaire de les
déplacer durant la période d'observation).
On changera sans doute de direction tous les mois ou tous
les deux mois, tous ensemble, suivant une cédule
pré-agréée. La Terre étant
sphérique et les bruits d'origine terrestre devenant
dominants en bas de 30 degrés au-dessus de l'horizon,
il faudra sans doute diviser les stations d'écoute
en 3 régions (ou plus), chaque région surveillant
une direction différente dans le ciel.
- il
faut ensuite pointer l'antenne de chaque station avec
une précision suffisante, ce qui ne présente
de difficulté que matérielle (fabriquer
en série une monture stable que l'on peut orienter
de façon répétable avec une précision
suffisante n'est pas exactement trivial, mais c'est faisable).
-
il faut relier entre elles toutes les stations d'une même
région (c'est-à-dire : toutes les antennes
regardant dans une même direction), ce qui est faisable
via un double lien:
-
le premier est un lien purement passif: chaque station
doit être équipée d'un récepteur
radio captant les signaux d'une horloge atomique -
il y a WWV à Fort Collins (Texas) qui émet
de tels signaux sur 5, 10 et 20 Mhz, il y a un poste
officiel à Ottawa qui émet de tels signaux
sur 7.333 Mhz, il y avait un émetteur officiel
à Namur (Belgique) qui émettait de tels
signaux à 68 Khz (très basses fréquences)
et en ondes courtes, mais je ne sais pas s'il émet
encore, il y a la station de radio du Bureau de l'Heure,
à Paris, qui émet semblables signaux
(mais je n'en connais plus les fréquences).
On pourrait aussi bien utiliser un récepteur
GPS pour ce faire - les satellites GPS forunissent
aussi une heure "atomique").
-
le second est un lien actif (et l'internet peut fort
bien servir): chaque station capte les signaux dans
une bande passante assez étroite autour d'une
fréquence commune, fréquence reçue
dans un message en provenance du serveur central pour
cette région. Les signaux captés
sont numérisés, puis corrigés
en fonction de l'orientation de l'antenne et de la
position de la station sur la planète (de façon
à simuler une antenne orientée dans
la même direction mais située au centre
de la Terre). Les données ainsi préparées
sont comprimées numériquement, on y
attache la date et l'heure (provenant de l'horloge
atomique), et on envoie au serveur régional
par l'internet via un protocole de transfert standard.
-
le serveur collige les données provenant des stations
de sa région, corrèle les informations provenant
d'un même endroit dans le ciel (c-à-d: provenant
d'un même moment d'observation), puis redistribue
les données ainsi corrélées aux stations
participantes pour que celles-ci les analysent à
la recherche de signaux cohérents ayant les propriétés
attendues d'un signal ET. Ce que cette approche
(originale, j'en conviens volontiers) implique pour un
particulier voulant y participer, c'est:
-
avoir le matériel électronique adéquat:
antenne, récepteur contrôlable par ordi,
monture permettant de pointer l'antenne, câble
pour relier le récepteur au numériseur
de l'ordi,
-
avoir un ordi de classe Pentium ou mieux, équipé
d'un lien rapide avec l'internet (un lien téléphonique
à 56 Kbits par seconde serait adéquat,
plus rapide serait mieux), d'un numériseur
assez rapide et précis (une carte de son genre
Sound Blaster convient fort bien) et les logiciels
adéquats (peut-être Linux avec un logiciel
conçu pour ce projet),
-
avoir un lien téléphonique (ou par câble
si l'internet est disponible sur le câble à
cet endroit) dédié à ce projet
(donc branché 24 heures par jour).
Comment ça marche?
Chaque jour, toutes les stations reçoivent du serveur
une directive pour ajuster leurs récepteurs à
une fréquence spécifiée. Elles
numérisent ensuite les signaux situés dans
une bande de, mettons, 5 Khz autour de ladite fréquence
(numérisation à 8 bits par échantillon,
11 000 échantillons par seconde), font sur ces données
les corrections indiquées plus haut (essentiellement
ajouter un délai), les compriment et y attachent
le time-stamp provenant de l'horloge atomique, ce qui donne
un flux sortant d'environ 22 à 44 kbits par seconde
(selon le taux de compression), flux qu'un lien télephonique
à 56 kbits peut raisonnablement supporter.
(En pratique, on enverra plutôt une version comprimée
de la transformée de Fourier - ou d'une transformée
par ondelettes - du signal capté: c'est plus pratique
pour le serveur).
Le serveur "additionne" (en fait: corrèle) les données
provenant du même moment (c'est à ça
que sert le time-stamp "atomique") et donc d'un même
endroit du ciel, ce qui réduit énormément
la quantité de données à traiter (par
exemple : 256 stations envoient chacune 44 kilobits par
seconde au serveur, donc les données avant corrélation
font environ 11.26 mégabits par seconde - après
corrélation, il ne reste plus que 11 000 échantillons
de 12 à 16 bits chacun, soit au maximum 176 kilobits
par seconde). Le serveur envoie ensuite à la
station 1 des données corrélées de
la tranche de temps couvrant les secondes 0, 1 et 2; à
la station 2 les données des secondes 1, 2 et 3;
à la station 3 les données des secondes 2,
3 et 4,; et ainsi de suite. De cette façon,
chaque station n'aura à analyser que 3 secondes de
données corrélées toutes les 256 secondes
(s'il y a 256 stations dans la région - ou toutes
les 60 secondes s'il n'y a que 60 stations dans la région).
On se rappelle que chaque région peut couvrir jusqu'à
1/3 de la surface du globe... Trouver 256 participants
ou plus dans une si vaste région ne devrait pas être
impossible...
Quelle sensibilité, ce projet?
Eh bien, si chaque station participante utilise une antenne
parabolique de 2 mètres de diamètre (ces antennes
ne sont pas rares), une région comprenant 256 stations
participantes aura la même sensibilité qu'un
radio-télescope de 32 mètres de diamètre,
ce qui n'est pas vilain du tout...
Évidemment, avec des liens internet par câble
coaxial (des modems pour câbles) on pourrait facilement
augmenter la précision de la numérisation
(et donc le nombre de bits par échantillon) ou la
largeur de la bande passante utilisée, ce qui permettrait
d'augmenter soit la sensibilité du système,
soit la largeur de la bande écoutée.
Le reste est une simple question d'organisation...
;^)
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- Cher
prof Clairembart:
Une station d'écoute et de détection de signaux
ET avec une antenne de petite taille, est-ce réaliste
et efficace?
La réponse du prof:
La plus grande antenne radio est à Arecibo. elle
mesure 305 m de diamètre, mais c'est une antenne sphérique,
pas parabolique, ce qui fait que pour chaque orientation de
l'antenne au foyer, le diamètre "utile" d'Arecibo n'est
que de 200 mètres. Elle peut balayer une zone
de +/- 20 degrés autour de son zénith, ce qui
n'est pas si mal.
Quelques rappels:
Emetteur omnidirectionnel:
Un émetteur de télé de 1 mégawatt
couvrant une bande de 9 degrés autour de l'horizon
dans tous les azimuths (une combinaison pas trop rare de nos
jours) produit un signal d'environ 1 watt par mètre
carré à 1 km de l'émetteur, donc un signal
d'environ 10e-25 watts par mètre carré à
3*10e12 km de l'émetteur, soit 10e8 secondes de lumière
ou environ 3.17 années-lumière (à titre
de comparaison, la plus proche étoile se trouve à
environ 4.6 années-lumière d'ici).
Emetteur moyennement directionnel:
Le même émetteur utilisant une antenne moyennement
directionnelle couvrant un angle solide de 9 degrès
(soit 4.5 degrès de part et d'autre de la direction
vers laquelle on émet) produirait un signal d'environ
10e-25 watts par mètre carré à environ
253 années-lumière de l'émetteur.
Emetteur très directionnel:
Toujours le même émetteur, mais utilisant cette
fois-ci une antenne parabolique très directionnelle
couvrant un angle solide de seulement 1 degré (soit
0.5 degrés de part et d'autre de la direction d'émission)
produirait ce même signal de 10e-25 watts par mètre
carré à environ 20 300 années-lumière
de distance.
Détection radio:
Un amateur équipé d'une antenne parabolique
de 5 m de diamètre peut facilement détecter
des signaux de 4*10e-22 watts par mètre carré,
alors qu'un radio-télescope de 200 mètres de
diamètre efficace (c'est le cas d'Arecibo) pourra peut-être
atteindre 2*10e-26 watts par mètre carré (en
tenant compte des équipements, plus sensibles que ceux
qui sont à portée des finances d'un amateur).
On voit donc qu'Arecibo pourra détecter l'émetteur
omnidirectionnel de 1 mégawatt à près
de 80 a.l., l'émetteur moyennement directionnel à
plus de 6 300 a.l. et l'émetteur très
directionnel à plus de 500 000 a.l.
Dans un rayon de 80 a.l. autour de nous, il y a environ
10 000 étoiles. De ce nombre, à peu près
3 000 pourraient avoir des planètes pouvant porter
la vie. Il me semble que ça vaut la peine de
vérifier s'il s'y trouve une vie intelligente capable
de communiquer avec nous. ;^)
Notre amateur avec son antenne parabolique de 5 m de diamètre
ne pourra détecter que l'émetteur tres directionnel
mais le détectera jusqu'a 317 années-lumière
de distance, ce qui n'est pas si mal... ;^)
Pour espérer capter une émission directionnelle
il faut que l'émetteur "vise" le système solaire.
Mes calculs ci-haut sont basés sur la détection
en mode drift-scan, c'est-à-dire *sans* intégration
du signal, donc *sans* poursuivre la source. Lorsqu'on
poursuit la source on peut détecter des signaux cohérents
bien plus faibles que ce que j'ai calculé ci-dessus.
Il existe une technique qui permet de réunir les signaux
captés par un ensemble de petites antennes de facon
à donner à cet ensemble une sensibilité
comparable à celle d'une grande antenne ayant une surface
égale à la somme des surfaces des petites antennes
- l'interférométrie.
Ainsi un groupe de 400 antennes de 5 m de diametre réparties
au hasard en France aurait une sensibilité de 10e-24
watts par mètre carré et pourrait détecter
l'émetteur moyennement directionnel à 25 a.l.
et l'émetteur très directionnel à 2 000
a.l. - ce qui serait fort utilisable pour SETI.
Accessoirement, un tel réseau d'antennes réparti
au hasard dans un cercle de 1000 km de diamètre aurait
une directivité très supérieure à
celle d'Arecibo. ;^)
Evidemment l'utilisation de l'interférométrie
implique une certaine organisation.
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- Cher
prof Clairembart:
C'est vrai que les petites antennes, c'est bien, c'est
facile à trouver, mais il reste le problème
de la coordination (simple en théorie, mais en pratique...).
Est-il réellement plus facile de relier 256 stations
ou de trouver un dieu de la mécanique qui construise
une antenne de 32 mètres ?
La réponse du prof:
Pas vraiment, non, mais les dieux de la mécanique se
font payer fort cher de ces temps-ci et une antenne de 32
mètres avec sa monture, son récepteur cryo et
son ou ses gros ordis coûterait un beau grand tas de
dizaines de millions de dollars (je calcule en dollars canadiens)...
Installer 256 stations équipées chacune d'une
même antenne de 2 mètres, d'un même récepteur
programmable, d'un même gros PC rapide, d'un même
modem à haute vitesse et d'une même monture (genre
"porte de grange", par exemple) motorisée coûterait
entre 750 000 et un million de dollars (soit de 3 000 à
4 000 dollars par station).
Y ajouter un gros site central rapide sur l'internet augmenterait
ce coût d'environ 10 %, ce qui me permet de dire qu'à
environ 4 000 dollars canadiens (ça fait moins de 16
000 FF, non?) par station participante, un réseau de
256 stations coordonnées serait "dans les cordes" d'un
bon nombre d'amateurs de SETI et reviendrait cent fois moins
cher (ou mieux) qu'une grosse station équipée
d'une antenne de 32 mètres...
Il y aurait d'ailleurs moyen de réduire encore le coût
du site central en le décentralisant, c-à-d:
en le remplaçant par une hiérarchie de sites
centraux plus petits, chacun d'entre eux ne s'occupant que
de quelques-unes des stations. Par exemple, si le site
central n'est relié qu'à 16 sites sous-centraux,
il ne devra traiter que 1/16 du flux de données provenant
des 256 stations, pcq les 16 sites sous-centraux s'occuperont
chacun du flux de données provenant de 16 stations
et corrèleront localement ces données avant
de les envoyer pour corrélation finale au site central
(lequel redistribuera ensuite les données aux sites
semi-centraux pour que ceux-ci les acheminent aux stations
d'écoute pour analyse - le flux sortant du site central
reste le même qu'en l'absence de sites semi-centraux).
Un avantage d'une telle approche hiérarchique serait
la facilité avec laquelle on pourrait accepter plus
de 256 stations participantes: il suffirait d'organiser 16
groupes de 156 stations similaires à celui que je viens
de décrire, puis d'ajouter un site super-central qui
corrèlerait les données provenant des 16 sites
centraux avant de les leur redistribuer pour analyse par les
stations. Un tel site super-central traiterait donc
les données provenant de 4096 stations participantes
et aurait une sensibilité équivalente à
une antenne unique de 128 mètres de diamètre,
soit supérieure à la plupart des observatoires
radio-astronomiques.
Autre avantage: doubler la sensibilité du système
ne doublerait pas son coût -- si chacun des participants
passe de 1 antenne à 2 antennes, il lui faut ajouter
1 récepteur, 1 antenne et 1 monture, puis télécharger
(gratuitement) un logiciel qui lui permettra de corréler
dans le PC déjà existant les signaux provenant
des 2 antennes *avant* de les envoyer au site central, ce
qui augmenterait le coût de chaque station de 1 000
à 2 000 dollars supplémentaires, soit un quart
à un demi million de dollars pour l'ensemble du système
de 256 stations...
Doubler la sensibilité d'une station équipé
d'une antenne unique de 32 mètres exigerait d'y ajouter
une seconde antenne de 32 mètres et ses équipements
auxiliaires (monture, récepteur cryo, etc), ce qui
doublerait presque le coût de la station. Quand
à remplacer une antenne de 32 mètres par une
antenne de 45.25 mètres (ayant donc le double de la
surface), cela ferait bien plus que doubler le coût
de la station (le coût des antennes paraboliques croît
beaucoup plus vite que la grandeur de leur surface utile)...
C'est une des raisons qui militent en faveur de la construction
d'interféromètres formés de plusieurs
antennes plus petites plutôt que de radio-télescopes
formés d'une seule antenne plus grande.
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- Cher
prof Clairembart:
Donc une antenne chez un particulier, celle de ma télé,
c'est valable? Dites moi tout!
La réponse du prof:
Oui. Mais il sera nécessaire d'en débrancher
la télé, et il s'agit des "grandes" antennes
paraboliques de quelques mètres de diamètre
(datant du début des satellites-télé),
pas des nouvelles antennes de moins d'un mètre de diamètre
qui fleurissent pour le moment chez les installeurs de systèmes
de réception pour la télé par satellite.
Au sujet du volume des données, de la transmission,
etc. ... le particulier a-t-il besoin d'une ligne à
haut débit vers l'Internet? En fait, au plus
grand le débit du lien Internet, au plus grande la
bande passante que l'on peut analyser "en temps réel".
Un lien à 28.8 Kbps permet de transmettre en temps
réel jusqu'à 2.5 Koctets par seconde, soit une
bande passante d'environ 1.25 kiloherz sans aucune compression,
ou le double avec un taux de compression fort modeste.
Un lien à 56 Kbps permettrait donc d'utiliser "en temps
réel" une bande passante d'environ 5 kHz, ce qui me
paraît un objectif fort raisonnable.
Si l'on désire balayer tout le ciel, il faut que la
station capte, enregistre et stocke les signaux 24 heures
par jour, ce qui (pour une bande passante de 5 kHz comprimée
2:1 et numérisée à 8 bits par échantillon)
donne environ 412 mégaoctets par jour. ;^)
Transmettre tout ça en différé me paraît
moins raisonnable que transmettre 5 kilo-octets par seconde
à longueur de journée. ;^)
Le lien Internet par câble n'est pas indispensable,
un lien Internet par téléphone (modem à
56 Kbps, par exemple) serait suffisant. Mais combien
coûte dans ton coin un appel téléphonique
de 24 heures par jour?
Ici au Canada, c'est gratuit si l'appel est local. ;^)
Je ne suis pas sûr que ce soit la même chose partout
sur Terre. :^(
Est il envisageable d'enregistrer le signal "brut" et de l'envoyer
sur le site central?
Envoyer les données non-traitées au site central
est faisable, mais cela augmenterait considérablement
le coût dudit site central: il devrait alors corriger
lui-même les signaux provenant de chaque station pour
les ramener à la référence "centre de
la Terre" avant de pouvoir les corréler, ce qui exigerait
de grandes quantités de mémoire (tant RAM que
sur disque) au site central. Si tu veux en plus faire
toute l'analyse des données sur le site central plutôt
que la distribuer entre les différentes stations, tu
auras besoin d'encore plus de mémoire et d'une plus
grande capacité de calcul sur le dit site central,
d'où une nette augmentation du coût dudit site.
Les antennes paraboliques motorisées pour la TV ne
sont équipées de moteurs d'orientation que dans
une seule direction: d'est en ouest, parce que tous les satellites
géostationnaires sont au-dessus de l'équateur.
Pour les stations de SETI amateur, au contraire, il faut motoriser
les deux directions pour que toutes les antennes puissent
pointer ensemble vers une même région du ciel.
La rotation de la Terre fournit gratuitement un balayage journalier
du ciel fans la direction est-ouest. Il y aurait moyen
de ne pas motoriser cette direction-là pour les antennes
(donc de ne motoriser que la direction nord-sud), mais le
système serait plus souple si toutes les antennes étaient
motorisées dans les deux directions...
Il faut "aligner" les axes de rotation de l'antenne (est-ouest
et nord-sud) avec une précision suffisante (cela se
ferait à la main, mais avec l'aide d'un logiciel ad-hoc)
et faire vérifier cet alignement par le site central.
Il faut aussi envoyer les coordonnées de la station
au site central, mais le récepteur GPS de la station
pourra fournir ces infos en plus de l'heure atomique.
Il y a des contraintes sur le nombre d'antennes. Quand
on augmente le nombre de stations reliées à
un même site central (ou sous-central), cela augmente
d'autant le trafic Internet qui arrive à ce site.
Il ne faut clairement pas dépasser la capacité
du lien reliant ce site à l'Internet, ce qui pose une
limite pour le nombre de stations raccordées à
un même site - avec l'approche hiérarchique (par
exemple: 16 stations par site sous-central, 16 sites sous-centraux
par site central, 16 sites centraux par site super- central),
on règle facilement ce problème... Cela
donnerait 4096 stations par site super-central. ;^)
Dans une même station, on pourrait avoir 1, 2 ou 4 antennes
recevant au même moment sans grands problèmes.
Quelqu'un de riche pourrait assez aisément monter jusqu'à
16 antennes pour une même station...
Au niveau hardware, la monture motorisée devrait sans
doute être conçue et construite spécifiquement
pour ce projet. Il en est de même pour le récepteur
(qui doit pouvoir être contrôlé par l'ordinateur
de la station: changer de fréquence sur commande, etc...).
Tout récepteur GPS équipé d'un lien avec
l'ordinateur de la station serait superbe pour ce travail.
Faute de cela, il faut voir selon les pays et les régions.
Quel serait l'investissement pour participer au projet?
Une fois les éléments spécifiques conçus
et une fois trouvés des fabricants pour les produire
en nombre suffisant à des coûts modiques, ton
investissement ne devrait pas dépasser 4 000 $ CAN.
Si tu décides d'ouvrir un site sous-central sur l'Internet,
ton investissement serait plus élevé (faut un
lien *rapide* pour un site, et en télécommunication,
la vitesse coûte cher).
Ce projet permettrait aussi de faire (en quelque sorte en
side-line) certaines recherches scientifiquement valables
en radio- astronomie: établir des cartes du ciel à
différentes fréquences, observer certaines sources
radio variables pour lesquelles les observatoires officiels
n'ont pas de budgets d'observation. Par exemple: si
on arrive à discerner les signaux radio provenant des
atmosphères des étoiles les plus proches, on
peut utiliser ces signaux pour mesurer le vent solaire de
ces étoiles et peut-être aussi y détecter
d'éventuelles planètes (par l'effet Doppler
dû aux marées engendrées par de telles
planètes dans la haute atmosphère de l'étoile)
- une telle détection aurait un impact certain sur
les recherches SETI.
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- Cher
prof Clairembart:
Quelle est l'utilité de la recherche scientifique
d'une vie extra-terrestre? Je pense surtout aux programmes
de recherche (étude de météorites, planètologie,
programmes spatiaux tels que Cassini, étude de la vie
terrestre....) et pas seulement de SETI.
La réponse du prof:
L'argument évident est que ces programmes sont des
investissements dans le développement technologique
à taux de rendement énorme et en même
temps des primes d'assurance-vie (pour notre espèce)
très peu coûteuses. On peut, par exemple,
comparer le budget (pratiquement inexistant) du programme
*complet* de la NASA (quelques dizaines de dollars par américain
par année) avec le budget militaire de ce même
pays (dont, notez au passage, *aucune* frontière n'est
menacée et qui est depuis la fin de la guerre froide
*sans* aucun ennemi potentiel d'une puissance comparable):
quelques milliers de dollars par américain par année
- plus de 100 fois le budget complet de la NASA. Le
budget militaire est "vendu" aux américains comme un
investissement en développement technologique (à
très gros prix et à très faible rendement,
mais ça ne se dit pas, mon bom monsieur) et une prime
d'assurance-vie (pour la nation, pas l'espèce) extrêmement
coûteuse (tant en fric qu'en vies humaines). La
recherche SETI, planétologique, astronomique ou spatiale
coûte plus de 100 fois moins cher, produit beaucoup
plus de nouveaux développements technologiques et pourrait
nous permettre de nous prémunir contre des catastrophes
de dimension réellement globales (effet de serre, glaciations,
impacts météoritiques pouvant détruire
l'écosystème, nous y compris), catastrophes
dont la géologie nous apprend qu'elles ont eu lieu
et qu'elles auront encore lieu, à moins que nous nous
préparions à les éviter - ce que les
budgets modestes de telles recherches rendent possible, au
contraire des énormes budgets militaires (qui sont
sans doute utiles pour nous prémunir contre des catastrophes
d'origine humaine, mais qui coûtent *beaucoup* trop
cher).
Ces arguments sont valables pour *toute* recherche scientifique,
bien sûr. ;^)
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- Cher
prof Clairembart:
Que pensez vous de l'ufologie?
La réponse du prof:
Les sciences naturelles (physique, chimie, biologie, etc.
- on dit aussi "sciences pures") n'en ont rien à foutre,
du phénomène UFO. Pas à cause de
scientifiques stupidement coincés dans leurs dogmes
ou leurs préjugés (il y en a!), mais tout simplement
parce que les sciences pures ne s'adressent qu'aux phénomènes
expérimentalement reproductibles. Les scientifiques
peuvent étudier la chute des pommes ou la reproduction
des grenouilles, parce qu'il y a moyen de faire tomber une
pomme et de faire se reproduire des grenouilles. Mais
il n'y a (à ma connaissance) pas moyen de faire appparaître
un UFO. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'UFOs,
mais seulement que le phénomène n'est pas expérimentalement
reproductible - il échappe donc aux méthodes
des scientifiques, ceux-ci n'ont pas d'outils méthodologiques
pour étudier ce genre de phénomène.
Bref, le phénomène UFO échappe aux sciences
naturelles à cause de la nature même de ces sciences.
Pas à cause des scientifiques. Même si
certains d'entre eux ont des attitudes regrettablement bornées
face à ce phénomène.
Les "sciences sociales" ou les "sciences humaines", par contre,
sont bien équipées d'outils méthodologiques
pour étudier ce phénomène: les méthodes
de la critique historique et de la sociologie, par exemple,
conviennent fort bien à l'analyse des témoignages;
les méthodes des folkloristes et des démographes
permettent, autre exemple, d'étudier la diffusion de
ce phénomène dans les sociétés
humaines. C'est aux portes de ces sciences-là
qu'il faut aller frapper pour demander qu'on étudie
le phénomène des OVNIs. Aller demander
semblable étude à un physicien, c'est comme
aller demander à un mathématicien de diagnostiquer
un malade: il ne saura pas comment faire et refusera - logiquement
- de s'occuper du problème. Et il aura raison
de refuser.
La réponse correcte est plutôt: les sciences
pures n'étudient que les phénomènes reproductibles
- en tant que scientifique, je ne suis pas compétent
pour étudier votre problème. Les gens
compétents pour des phénomènes non-reproductibles
se recrutent dans les sciences humaines et sociales, comme
l'histoire, la démographie, le folklore ou la sociologie.
Allez les voir, eux pourront vous aider. Pas moi.
Désolé : mauvaise adresse. L'ufologie
est un objet d'étude par les méthodes des sciences
sociales et humaines, pas un objet d'étude par les
méthodes des sciences naturelles. Cette tâche
d'identification sans expérimentation disqualifie automatiquement
physiciens, astronomes, chimistes, biologistes et autres gens
des sciences pures.
À l'époque où mes amis et moi discutions
fréquemment et très sérieusement d'OVNIs,
notre groupe comptait une majorité de scientifiques
"purs et durs" (dont je suis) - majorité parce que
certains d'entre nous étaient encore célibataires
et que les épouses de ceux qui ne l'étaient
déjà plus participaient activement et très
positivement à nos débats. Loin de moi
l'idée de prétendre que les scientifiques ne
peuvent pas s'intéresser à ce sujet. Il
se fait simplement que je connaît très bien (pour
l'avoir étudiée) la méthode scientifique,
et que celle-ci est *formellement* inapplicable à l'étude
du phénomène OVNI dans son ensemble, faute de
pouvoir reproduire les observations alléguées.
Que des scientifiques tentent d'appliquer la logique et le
reste des mathématiques à l'étude de
ce phénomène, tant mieux! C'est très
bien! Mais ne venons pas nous mentir en prétendant
que ce travail suit la méthode scientifique, ce qui
n'est évidemment pas le cas. La méthode
scientifique se résume simplement:
-
1. observation et mesure (d'un phénomène)
-
2. émission d'hypothèses (sur le "comment"
du phénomène) testables
-
3. expériences visant à réfuter
ces hypothèses (oui, le scientifique cherche à
réfuter les hypothèses qu'il imagine - en
sciences, il est fondamentalement impossible de *prouver*
quoi que ce soit, tout ce qu'on peut faire c'est tenter
de réfuter des hypothèses)
-
4. adoption provisionnelle de celle des hypothèses
qu'on n'a pas réussi à réfuter -
on la rebaptise "loi" et on l'utilise.
Les travaux de Kuhn et Popper ont bien mis en évidence
la place essentielle de la réfutation par l'expérience
en sciences - ce qui ne peut être testé (c-à-s:
ce que l'on ne peut tenter de réfuter par une expérience
conçue à cette fin) n'est tout simplement
pas scientifique - ce n'est pas de la science.
Comme déjà dit, je ne pense pas que le travail
des scientifiques qui se penchent sur le phénomène
OVNI soit inutile ou sans valeur, bien au contraire!
Mais ce n'est pas un travail scientifique. Il s'agit
en fait d'un travail d'enquête, travail pour lequel
les scientifiques sont usuellement assez mal formés
(rien de plus facile que de tromper un scientifique: il
ne s'attend jamais à une tromperie malicieuse) -
mon groupe de collègues et amis en a fait plus d'une
fois l'expérience. Les scientifiques sont rarement
des Sherlock Holmes. Et pour analyser des témoignages,
à part certains spécialistes des sciences
humaines et sociales (spécialistes auxquels je lève
mon chapeau virtuel: ils font un travail bien plus complexe
que ce que font la plupart des scientifiques dans leurs
laboratoires et observatoires), je ne vois guère
que les détectives, policiers et autres enquêteurs
professionnels.
Comment appréhender les caractéristiques d'un
phénomène que l'on ne peut reproduire et mesurer
à l'aise? En analysant des témoignages
ou d'autres documents? La méthode scientifique
ne s'applique pas à ce genre de choses.
Comment tester les hypothèses (mhd, déplacement
relativiste) expérimentalement? Supposons certaines
de ces hypothèses transformées en lois, et
supposons même construits et testés avec succès
certains appareils basés sur lesdites hypothèses.
Bravo! Le progrès technologique et scientifique
a fait un bon en avant. Super ! Mais...
Si demain je construis une "soucoupe volante" qui fonctionne
assez bien pour me permettre d'explorer notre système
solaire et les systèmes voisins du soleil, cela prouve-t-il
la réalité du phénomène des
OVNIs? Logiquement, non. Construire un engin
volant ayant les performances fabuleuses qu'on attribue
aux OVNIs ne démontrerait en rien qu'il y ait réellement
des OVNIs en goguette qui viennent se faire admirer des
terriens. Désolé, c'est de la logique
élémentaire. Cela ne démontrerait
tout au plus que la possibilité de la réalité
de telles visites. Cela ne démontrerait pas
la réalité des dites visites.
Il est possible qu'en réalisant de tels engins nous
soyons les premiers êtres intelligents à les
réaliser, ou les premiers dans notre galaxie.
Dans ce cas, le phénomène des OVNIs n'aurait
pas la réalité que bien des ufologistes lui
attribuent, malgré la plausibilité que lui
conférerait la réalisation d'une "soucoupe
volante".
Même si la technologie actuelle permet presque de
reproduire des OVNI, cela n'a aucun impact sur la réalité
ou non du phénomène OVNI, comme expliqué
plus haut. Je me souviens d'un ingénieur français
qui avait proposé un engin en forme de "soucoupe
volante", propulsé par une paire d'hélices
contra-rotatives situées *autour* de l'engin.
Si cet engin avait été réalisé
et avait bien fonctionné, cela aurait-il prouvé
la réalité des OVNIs?
On fait ces jours-ci des recherches fascinantes sur des
moyens de propulsion auxquels peu de gens auraient pensé
il y a seulement 50 ans. Moi-même, je travaille
entre autres à un projet de "plate-forme volante
semi-autonome" utilisable par exemple pour la photographie
aérienne aux très petites vitesses (vol en
régime quasi-stationnaire). Une des versions
à l'étude passerait facilement pour une soucoupe
volante, même aux yeux d'un pilote d'avion.
;^)
Qu'avons-nous de tangible dans le phénomène
OVNI? Dans les meilleurs cas, des témoins et
leurs témoignages. Souvent seulement des témoignages
indirects, les témoins s'éclipsant rapidement.
Nous n'avons rien d'autre sous la main que l'on puisse étudier,
que je sache. Me trompé-je?
Les sciences sociales et humaines possèdent des outils
méthodologiques pour étudier des témoignages,
outils d'autant plus fiables que les témoignages
sont nombreux. Même chose pour les enquêteurs
professionnels: ils ont des outils méthoologiques
pour ce genre d'étude. Les sciences naturelles,
elles, ne possèdent aucun outil méthodologique
pour étudier des témoignages. Les seuls
matériaux disponibles dans le phénomène
OVNI sont des témoignages. Très rarement
des photos, auquel cas on peut les faire étudier
par des enquêteurs spécialisés en analyse
de photographies et - plus rarement - en avionique.
Il est simplement logique de confier ce genre d'étude
de témoignages à des chercheurs ayant des
outils me;thodologiques adaptés à ce genre
d'étude, non? Je parle d'étudier les
témoignages, pas les témoins.
Mon expérience personnelle m'a appris qu'il arrive
fréquemment que dans un groupe, une seule personne
*voit* quelque chose et que l'on assume ensuite à
tort que tout le groupe *a vu* la dite chose.
Il me semble que le problème au sujet du phénomène
OVNI a toujours été "que se passe-t-il? ",
c'est-à-dire: "qu'est-ce qui cause tous ces témoignages? "
et "qu'est-ce que ces témoignages nous apportent
comme informations? ".
Il faudrait peut-être se demander d'abord de quoi
il s'agit, *sans* partir d'un à priori (quel qu'il
soit). Perso, je ne m'offre pas le luxe (inutile et
trop coûteux) de croire à quoi que ce soit
- il me semble que "croire" à quelque chose est incompatible
avec "étudier" cette chose de façon réaliste.
Comme bien des gens, j'ai eu une expérience qui entre
à mes yeux dans la catégorie OVNI. Je
ne possède aucune explication pour ce que j'ai vu
ce jour-là. Je n'étais pas seul, mais
ce fut très bref et l'autre personne présente
ne regardait pas dans la même direction que moi -
elle n'a rien vu. Par rigueur scientifique, je me
suis interdit d'accepter quelque explication que ce soit
qui ne soit pas testable, ce qui explique que je n'ai toujours
aucune explication. Qu'on ne vienne donc pas prétendre
que je suis un méchant scientifique dont la préciosité
m'empêche d'étudier ce phénomène.
Bien au contraire, il est inutile d'essayer de me convaincre
de la réalité du phénomène OVNI
- je l'ai expérimenté de première main.
Mais je me refuse à baptiser "explication" toute
interprétation basée entièrement sur
des à-priori: je ne sais pas ce que c'était
que j'ai vu, l'Objet Volant reste Non Identifié,
quoi!
Des enregistrements radars du genre, j'en ai vu plus d'un.
Qui signalent clairement qu'il y avait quelque chose là.
Nous sommes bien d'accord là-dessus: le phénomène
OVNI correspond à quelque chose de bien réel.
Mais quoi? L'étude du comportement de ces choses
pourrait nous l'apprendre. Mais l'étude des
enregistrements radar est clairement insuffisante (entre
nous, c'est à des ingénieurs qu'il faut confier
ce genre d'études - les scientifiques capables d'interpréter
une image radar sont beaucoup moins nombreux que les ingénieurs
spécialisés en radar): beaucoup de témoignages
décrivent des choses proches du sol, endroit où
les radars sont aveugles.
Les quelques mesures instrumentales (comme p.ex. les
images radars ou les photos) ne peuvent évidemment
être analysées par des spécialistes
en sciences humaines. C'est là du travail pour
des spécialistes en imagerie radar ou en photographie,
c-à-d: du travail d'enquête visant à
reconstruire l'évènement à partir des
informations partielles provenant des instruments de mesure,
travail pour lequel les ingénieurs sont souvent mieux
formés que les scientifiques.
Mais il reste que le phénomène OVNI se menifeste
en immense majorité sous forme de témoignages.
Et que pour analyser ces témoignages et en extraire
la substantifique moëlle, les spécialistes des
sciences humaines et sociales sont bien mieux armés
que ceux des sciences naturelles.
Lorsqu'un spécialiste en imagerie radar étudie
une image radar, il reste évidemment un spécialiste
en imagerie radar. Il fait un travail auquel ingénieurs
et scientifiques sont accoutumés (analyse de données)
et va pouvoir émettre un certain nombre d'hypothèses.
Mais là son travail cesse d'être scientifique,
parce qu'étant privé de la possibilité
de reproduire le phénomène, il ne pourra pas
tester (ce qui veut dire: tenter de réfuter en tirant
des conclusions que l'on pourra comparer aux observations
expérimentales) ses hypothèses.
J'ai consacré assez de temps au phénomène
OVNI pour m'être formé des opinions à
ce sujet. Les travaux de Bertrand Méheust,
qui tendent à montrer que le phénomène
OVNI a évolué de la même façon
que les apparitions légendaires (chasse-galerie,
chariot du diable, etc.) de notre folklore, m'ont semblé
particulièrement intéressants. Il montre
là une claire continuité entre ce apparitions
légendaires et les observations d'OVNIs contemporaines.
Sa conclusion apparente (que le phénomène
OVNI n'est rien d'autre que l'apparition "en temps réeel"
d'un nouveau folklore) me paraît un "cop-out" évident
- une conclusion tout aussi valable sur le plan logique
serait de dire qu'il s'agit d'un seul et même phénomène,
dont l'interprétation par les gens a varié
en fonction des préoccupations de l'époque:
chasse-galerie à l'époque de Louis 13 (où
l'on croyait au diable et aux diableries), le "machin dans
le ciel" est devenu l'OVNI de nos jours (où l'on
croit à la technologie et aux extra-terrestres).
Ce qu'il en est en réalité, j'avoue l'ignorer.
Je me refuse à préférer l'hypothèse
de la visite des E.T. à celle du diable et
de ses acolytes, parce qu'à mes yeux ces hypothèses
sont toutes deux basées sur des croyances (différentes,
certes, mais croyances quand même) à priori,
pas sur des raisonnements logiques.
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
C'est quoi le projet "TASS"?
La réponse du prof:
Hum. Brum.
TASS: The Amateur Sky Survey.
http://www.tass-survey.org/tass/tass.shtml
Tout y est décrit, en long, en large et en anglais.
Deux franco-faunes dans l'équipe, mais qui s'y expriment
comme les anglo-faunes et les autres (un russo-faune, un esthono-faune,
etc...), c-à-d: en anglais - Alain Maury (de l'Observatoire
de Haute-Provence) et Norman Molhant (de Très-Saint-Rédempteur,
au Québec).
Plein d'astro-gnomes professionnels (de très grande
envergure!), plein d'astro-gnomes amateurs (même remarque)
et plein d'autres gens, dont l'instigateur et âme du
projet, Tom Droege (ingénieur électronicien,
créateur de la plupart des instruments de mesure et
détecteurs bizarres du FermiLab, dont les instruments
qui ont permis de détecter le dernier modèle
de quarck - officiellement à la retraite, officieusement
plus occupé que jamais)
Le projet devrait permettre de détecter un certain
nombre d'objets (astéroïdes, comètes et
résidus d'icelles) passant près de la Terre,
devrait permettre de détecter un très grand
nombre d'étoiles variables et de mesurer les périodes
de celles qui sont périodiques, devrait permettre enfin
de classifier correctement un immense paquet d'étoiles
encore non clsssifiées. Tout ça en prenant
simplement une image du ciel à chaque nuit limpide,
puis en colligeant les résultats... À
l'aide d'un bon nombre de stations sises un peu partout sur
la planète. Des stations amateurs, s'entend!
Un prototype du télescope TASS (modèle Mark
III, numéro de série 0) élaboré
pour ce projet se trouve dans ma cave, attendant que je lui
construise une monture adéquate.
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
Je trouve une bien grande ressemblance entre notre voie
lactée (le dessin qu'elle forme) avec le dessin que
forment des feuilles dans le fond d'une piscine dont on tourne
l'eau dans le même sens. Alors je me dis, que
peut-être que nous aussi nous sommes dans une membrane
qui nous retient?
La réponse du prof:
Pour nous, ce n'est pas une membrane qui nous retient, mais
la force d'attraction entre les corps: la force de gravité.
Ce qui n'empêche que dans les deux cas, un même
jeu de forces (une rotation plus une force vers le centre
de la rotation plus une force qui empêche de s'échapper
par l'axe de rotation) explique l'apparition d'une même
forme.
Il y a une erreur au début de ton raisonnement, ce
qui explique ta conclusion erronée, mais tu n'avais
pas l'information nécessaire pour éviter cette
erreur (ce n'est pas évident du tout, même pour
un physicien!) et ton raisonnement par analogie est fort logique.
Tu dis que "l'eau, étant plus dense que les
feuilles, était plaquée contre la paroi de la
piscine et repoussait les feuilles vers le milieu, avec cette
apparence de galaxie."
C'est ici qu'est l'erreur. Si tu avais répandu
quelques gouttes d'encre dans la piscine (mettons une goutte
à tous les 50 cm selon un quadrillage régulier
- je sais, c'est pas facile à faire depuis le bord
[parce que faut pas agiter l'eau en marchant dedans pendant
qu'on met les gouttes], mais mettons que t'aies réussi
à faire ça), tu aurais pu voir le mouvement
de l'eau pendant que tu marches (toujours dans la même
direction). Tu aurais vu alors des remous qui agitaient
l'eau derrière toi, créant finalement un mouvement
tourbillonnant de l'eau autour du centre de la piscine.
Dans ce mouvement, tu aurais vu qu'au fond de la piscine,
l'eau (plua agitée au fond par tes pieds qu'en surface
par ton tronc) se dirigeait en spiralant des bords vers le
centre de la piscine, alors qu'en surface l'eau se dirigeait
en spiralant du centre vers les bords de la piscine.
De plus, l'eau montait du fond vers la surface (toujours en
spiralant) au centre de la piscine (ainsi qu'au centre de
chacun des remous tourbillonnant juste derrière toi)
et descendait (en spiralant, bien sûr) de la surface
vers le fond au bord de la piscine (ainsi qu'au bord de chacun
des remous tourbillonnant juste derrière toi).
Comme les feuilles mortes mouillées sont *plus* denses
que l'eau (sinon elles flotteraient à la surface, comme
font les feuilles mortes sèches), elles coulent au
fond et s'accumulent là où l'eau monte du fond
vers la surface [c'est-à-dire : au centre de la piscine]
- parce qu'elles sont trop lourdes pour être entrainées
jusqu'à la surface par l'eau qui remonte. Donc
la "galaxie" de feuilles mortes se forme parce qu'une force
ramène les feuilles mortes vers le centre (c'est l'eau
qui, au fond de la piscine, spirale des bords vers le centre)
tout en les entraînant dans une rotation autour du centre
(parce que le mouvement de l'eau est une spirale, donc en
rotation dans la direction où tu marches), alors qu'une
autre force (la pesanteur) les empêche de s'élever
avec l'eau. Dans le cas des galaxies d'étoiles
(du moins les galaxies spirales - il y en a d'autres qui n'ont
pas de rotation, on les appelle les galaxies elliptiques -
notre voie lactée est une galaxie spirale), le mécanisme
est le même: il y a une force qui attire les étoiles
vers le centre (c'est la force de gravité) alors qu'elles
ont un mouvement de rotation autour du centre (les étoiles
de la voie lactée sont en orbite autour du centre de
notre galaxie) et qu'une force (ici c'est encore la gravité)
les empêche de s'élever au dessus du centre de
la rotation.
Ton analogie est excellente: le jeu de forces qui crée
la "galaxie spirale" de feuilles mortes au fond de ta piscine
est en effet très semblable au jeu de forces qui crée
les "galaxies spirales" d'étoiles qu'on peut voir sur
les photos de galaxies prises au télescope. Avoir
remarqué cette ressemblance et en avoir tiré
un lien entre deux phénomènes d'échelles
aussi différentes, c'est du très beau travail
d'observation et de raisonnement, bravo!
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- Cher
prof Clairembart:
La forme discoïdale est-elle la meilleure pour les
voyages spatiaux?
La réponse du prof:
Posons-nous le problème à l'envers: l'agence
spatiale mondiale (ASM) vient frapper à la porte de
notre bureau de génie aérospatial avec une requête
comme on les aime, c'est-à-dire: un contrat fort bien
payé, spécialement pour notre bureau dont la
réputation est inégalée. ;^)
L'ASM a mis au point un lanceur dernier modèle, qui
va leur permettre d'envoyer des équipages humains vers
Mars. Il a été décidé de
fournir un engin d'exploration aérienne pour chaque
équipage, engin capable de transporter quatre personnes
et leur matériel d'exploration de la future base d'exploration
jusqu'à tout point de la planète et retour.
Notre bureau est chargé de concevoir un tel engin,
puis de superviser la fabrication des douze exemplaires qui
forment la première commande. Un contrat en or,
je vous dit!
Mais (car, hélàs, il y a toujours un "mais")
l'engin automatique Mars 34 (en orbite autour de la planète
depuis bientôt 3 ans) aurait répéré
des signaux radio codés en provenance du sol de Mars,
signaux dont certains pourraient être interprétés
comme provenant de radars... Il semblerait donc qu'il
pourrait y avoir déjà quelqu'un sur place.
Le contrat stipule dès lors que l'engin à concevoir
devra être aussi rapide que maniable et capable de vol
stationnaire et d'accélérations foudroyantes,
histoire d'échapper à d'éventuels missiles
sol-air. Voilà notre cahier de charges.
Le vice-président au marketing, féru d'OVNIs,
a de suite compris: nous devons concevoir et réaliser
une soucoupe volante.
L'ingénieur en chef, lui, n'est pas d'accord: il veut
examiner toutes les possibilités avant de choisir un
design quel qu'il soit.
Comme c'est lui le président-fondateur de la compagnie,
c'est son avis qui prévaut.
On se met donc derechef à envisager tous les moyens
de propulsion connus, un aéronef se concevant en fonction
de son moyen de propulsion et non l'inverse. ;^)
Quels sont les choix possibles?
Dans une atmosphère, se propulser c'est pousser de
l'air derrière soi pour avancer par réaction.
De la même façon, se maintenir en vol stationnaire,
c'est pousser de l'air sous soi pour contrer par réaction
la force de pesanteur qui nous attire vers le sol.
Holà, minute! À part s'appuyer sur l'air,
n'y a-t-il vraiment aucun autre choix? Si! Voyons
donc lesquels:
-
on peut pousser (en arrière ou vers le bas, selon
le besoin) un autre gaz propulseur que l'air: c'est le
principe du moteur fusée.
-
on peut (au moins pour le vol stationnaire) se rendre
plus léger que l'air à l'aide d'un ballon
ou d'un dirigeable - faudra trouver autre chose pour avancer,
mais pour flotter, ça va!
-
on peut essayer de se faire repousser par le champ magnétique
de la planète - hélàs ce champ est
très faible tant sur Terre que sur Mars et, de
plus, un tel système serait inopérant en
un bon nombre d'endroits (ceux qu'on appelle les "anomalies
magnétiques").
-
on peut utiliser la lumière à la place d'un
gaz propulseur, mais l'intensité de lumière
nécessaire pour faire flotter un bouchon de liège
dans le champ gravitationnel à la surface de Mars
serait suffisante pour liquéfier très rapidement
le sol sous le bouchon...
Nous
voilà donc condamnés à pousser de l'air.
Il y a plusieurs façons de faire cela:
-
avec des hélices rapides (c'est le moyen utilisé
dans les bons vieux avions à hélices).
-
avec des hélices lentes (c'est le moyen utilisé
dans les hélicoptères).
-
en battant des ailes déformables (comme les oiseaux
et les ornithoptères).
-
en battant des ailes non déformables (comme les
insectes).
-
en échauffant l'air très rapidement dans
des tuyère (c'est le moyen utilisé dans
les avions à réaction mais aussi dans les
moteurs nucléaires genre "Nerva").
-
en ionisant l'air et en poussant alors l'air ionisé
par des champs électriques et magnétiques
(c'est la propulsion MHD ou magnéto-hydro-dynamique).
S'il
n'y avait le problème de l'ionisation de l'air (très
coûteuse en énergie), ce serait ce dernier système
qui serait le plus facile à mettre en oeuvre, le moins
coûteux et le plus énergétiquement rentable.
Mais voilà, ioniser de l'air coûte énormément
d'énergie! Moins sur Mars que sur la Terre, bien
sûr, puisque la pression atmosphérique sur Mars
est bien moindre que sur Terre...
Si on écarte dès lors la propulsion MHD, ce
sont les hélices rapides combinées à
un ballon dirigeable qui s'avèrent le procédé
le plus simple, le moins coûteux et le plus énergétiquement
rentable. Mais pas question d'aller vite ni d'accélérations
foudroyantes avec un ballon...
Le ballon faisant problème, supprimons-le!
L'avion à décollage et atterrissage vertical
(il n'y a pas d'aéroports sur Mars, et le décollage
vertical ne coûte pas beaucoup plus cher que le vol
stationnaire) équipé de moteurs à hélices
est alors la solution la plus simple, la moins coûteuse
et la plus énergétiquement rentable...
La variante appelée "aile libre" sera le design finalement
choisi par notre bureau d'ingénieurs.
Et le vice-président au marketing de se demander pourquoi
ses amis ont refusé son design de soucoupe volante
propulsée par MHD...
Après tout, n'est-ce pas ce qu'utilisent les ET qui
nous visitent? Vous surprendrai-je en vous donnant la
réponse de l'ingénieur en chef lorsque son copain
VPM lui a posé la question?
-
pour faire fonctionner un système de propulsion
MHD aux pressions atmosphériques qui règnent
sur Mars, il faut une source d'énergie fort compacte
et bien plus puissante que tout ce que nous avons conçu
ou imaginé du genre: il faut un réacteur
à fusion nucléaire très puissant
tenant dans le volume d'une toute petite auto (une deux-chevaux,
par exemple) *et qui ne chauffe pas* (on ne veut quand
même pas cuire l'équipage, n'est-ce pas!).
-
pour faire fonctionner pareil système de propulsion
aux pressions atmosphériques règnant sur
Terre, il faudrait une source d'énergie encore
plus puissante que pour Mars.
Sans ce genre de source d'énergie ultra-compacte
et très puissante (on parle de gigawatts de puissance
par mètre cube de génératrice, avec
des rendements fabuleux, de l'ordre de 99,999 pourcent),
pas moyen d'utiliser la propulsion MHD pour obtenir des
performances dignes des soucoupes volantes.
Et concevoir puis réaliser ce genre de source d'énergie
est non seulement hors de portée de notre technologie,
mais aussi hors de portée de nos connaissances scientifiques
actuelles.
Voilà pourquoi les soucoupes volantes devraient être
des avions. ;^)
Et la connexion avec la SETI, dans tout ça?
Et bien, tous ceux d'entre vous qui ont lu mon papier sur
les voyages interstellaires (http://www.cafe.edu/sf - document intitulé
"Irons- nous visiter les étoiles? ") savent
quels sont les énormes besoins en énergie
qu'exigent de tels voyages (besoins qu'il serait à
peine possible de combler avec d'énormes réacteurs
à fusion nucléaire) et savent aussi quelle
est la principale difficulté de tels voyages (outre
les problèmes liés à sa durée):
comment dissiper la chaleur excédentaire produite
par le fonctionnement normal des sources d'énergie,
des moteurs de propulsion, de l'éclairage et de la
climatisation à bord. En fait, pareils engins
interstellaires seraient visibles de *très* loin,
par la lumière qu'émettraient les immenses
radiateurs chargés de son refroidissement.
Et ces sources de lumière compactes et intenses,
eh bien, elles sont assez facile à détecter
jusqu'à quelques années-lumière de
nous. Assez curieusement, nous n'en détectons
pas.
Nos visiteurs ET, s'il y en a, ont donc dû inventer
un moyen ultra-compact pour produire de l'énergie
pratiquement *sans* pertes thermiques ou autres...
Et cette conclusion-là, c'est de la SF un rien trop
fantastique à mon goût...
État de chose qui me désole, je l'avoue.
:^(
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- Cher
prof Clairembart:
Qu'en est-il de la recherche sur la motricité MHD
(magnéto-hydro-dynamique) censée expliquer la
technologie du déplacement d'un OVNI?
La réponse du prof:
Certains chercheurs sérieux pensent en effet que certains
OVNIS pourraient se déplacer dans l'atmosphère
à l'aide de moteurs MHD. Si, d'un côté,
c'est certainement une hypothèse envisageable qui expliquerait
bon nombre d'observations d'OVNIS bien corroborées,
il n'en reste pas moins que cette hypothèse présente
plusieurs problèmes. Pour comprendre ces problèmes,
un petit rappel de notions élémentaires de physique
ne serait pas de trop.
- Pour se maintenir en vol stationnaire dans l'air, un engin
doit soit être aussi léger que l'air (c'est le
cas d'un aérostat à son altitude stable) ou
doit constamment accélérer vers le bas une quantite
d'air telle que la force requise pour cette accélération
compense exactement la force exercée sur l'engin par
la gravitation (c'est le cas des hélicoptères,
des avions et des oiseaux, par exemple).
- Un moteur MHD atmosphérique fonctionnerait en ionisant
l'air (de facon à le rendre conducteur) et en y faisant
passer un fort courant électrique tout en le soumettant
à un fort champ magnétique, avec pour effet
d'accélérer les ions dans la direction voulue.
- Jusque là, tout va bien, c'est un moteur plausible
pour des OVNIS volant en atmosphère: pas de bruit de
moteur vraiment reconnaissable, grande souplesse dans l'ajustement
de la direction et de la force de la poussée, effets
électromagnétiques par induction dans le voisinage
de l'engin, cela parait concorder avec bon nombre d'observations.
- Mais, car il y a un mais, ou plutôt des mais:
* mais ces ions une fois formés doivent se recombiner,
ce qui provoquerait l'émission de lumière de
couleur caractéristique de la composition de l'atmosphère
(essentiellement rouge et vert, ensemble).
* mais l'impulsion vers le bas à donner à l'air
pour maintenir l'OVNI à niveau est très importante,
ce qui exige une très grosse dépense d'énergie,
dépense qui se signalerait par la très grande
intensité de la lumière mentionnée ci-dessus
(ce ne sont pas tous les spots d'un stade de foot réunis
au même endroit, c'est *beaucoup* plus intense que cela).
* mais le rayonnement électro-magnétique de
pareils moteurs est détectable à des centaines
de kilomètres: ce sont de puissants émetteurs
de radio (et je ne parle ici que des inévitables *pertes*
EM dues au champs électriques et magnétiques
croisés) - autrement dit, ces OVNIS seraient très
faciles à détecter, même de très
loin, ce que ne semblent corroborer qu'une toute petite fraction
des observations que l'on aimerait attribuer à des
moteurs MHD.
* mais le rendement des moteurs MHD à pression atmosphérique
est loin d'être intéressant (il faut *beaucoup*
d'énergie pour ioniser l'air aux pressions usuelles),
et des courants électriques énormes pour le
maintenir ionisé, avec pour conséquence un échauffement
très important de l'air ionisé, donc sa dilatation
rapide, ce qui devrait se manifester par un bruit blanc très
intense, bruit blanc très rarement mentionné
dans les observations.
* mais comme tout moteur à réaction (c'en est
un) donnant une impulsion très importante à
l'air déplacé, celui-ci devrait se manifester
sous forme d'un vent intense dans le voisinage immédiat
de l'appareil: tout comme un hélicoptère, un
OVNI équipé de moteurs MHD devrait agiter violemment
le feuillage des arbres près desquels il passe et devrait
faire se lever la poussière ou les feuilles mortes
au décollage ou à l'atterrissage, choses qui
sont, de nouveau, rarement observées.
Alors, qu'en est-il?
Eh bien, l'hypothèse d'une propulsion MHD reste certainement
valable, mais ne semble pas s'appliquer à tout l'ensemble
des observations non-explicables par des causes triviales
(erreurs d'identification, histoires inventées, etc).
D'autre part, une des conclusions les plus remarquables des
travaux de Bertrand Méheust mérite d'être
rappellée ici:
Selon Méheust, il semble bien que la "technologie probable"
des OVNIs évolue avec le niveau de sophistication technologique
de notre civilisation, un peu comme si quelqu'un s'amusait
à nous présenter des objets correspondant à
nos compétences du moment. Ce qui pourrait indiquer
que
- soit nous projetons sur ces choses les caractéristiques
de notre propre technologie (ou de ce que nous aimerions qu'elle
devienne), c'est mon explication favorite;
- soit nous imaginons ces choses (ce qui me semble être
l'hypothèse favorite de Méheust) en fonction
de nos désirs du moment (fées, diables, sorcières
ou anges au moyen-âge, carosses, barques ou canots àla
renaissance, nefs, ballons ou vaisseaux au siècle dernier,
soucoupes volantes maintenant)
- soit quelqu'un (singulier ou pluriel) prend un malin plaisir
à nous montrer des choses situées à la
limite de notre capacité de comprendre, avec implications
remarquables pour les paranos et autres amateurs de conspirations
universelles.
Dans les trois cas, cela pourrait impliquer que l'explication
des caractéristiques de vol des OVNIs par des moteurs
MHD ne serait que temporairement valable...
Voilà donc en résume mon opinion sur l'état
actuel de la chose.
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
J'ai lu (et l'on m'a affirmé) que si forme de vie
INTELLIGENTE extra-terrestre il y a, elle devrait sûrement
nous ressembler (de loin, pas forcément de près).
Question de résistance à la gravitation, corps
rempli d'eau, formation du "cerveau", etc. Cela me paraît
un peu anthropomorphique et finalement assez "réducteur"
quant aux capacités d'invention de Mère Nature.
La réponse du prof:
Le raisonnement est le suivant:
-
la vie exige des réactions chimiques très
complexes ayant lieu dans des "mélanges" encore
plus complexes; l'ingrédient qui semble (pour les
chimistes!) indispensable pour obtenir une telle complexité
est l'eau liquide, à cause d'une part des ponts
hydrogène qui s'y forment et lui permettent d'être
liquide et de dissoudre ou de mouiller la plupart des
produits chimiques, quelle que soit leur complexité,
et à cause d'autre part de la facilité avec
laquelle elle peut s'ioniser et ainsi intervenir dans
un grand nombre de réactions chimiques. On
peut donc s'attendre à ce que la vie (et donc aussi
la vie intelligente) soit la plupart du temps à
base d'eau.
-
l'intelligence exige une organisation très complexe,
obtenue sur Terre par l'agencement d'immenses groupes
d'êtres vivants (les cellules) en des super-êtres
vivants (les individus) selon un plan reproductible d'une
génération à la suivante. Comme
nous ne connaissons pas d'autre façon d'obtenir
une complexité suffisante, nous pouvons nous attendre
à ce que la vie intelligente soit la plupart du
temps pluricellulaire.
-
pour évoluer une intelligence, un espèce
vivante doit pouvoir interagir avec son environnement:
il lui faut donc des sens pour percevoir cet environnement,
des organes de manipulation pour avoir un effet sur cet
environnement et un organe d'analyse er de traitement
de l'information (un système nerveux, quoi!) pour
corréler les effets de ses manipulations sur l'environnement
(tels que perçus par les sens) avec lesdites manipulations.
-
pour développer une technologie, il faut pouvoir
contrôler la fusion ou la cuisson de certains matériaux,
ce qui exige d'être capable de vivre hors de l'eau
(atteindre des températures élevées
dans l'eau est immensément plus difficile que dans
l'air).
-
finalement, une espèce dépourvue de moyen
de locomotion naturel ne pourrait qu'extrèmement
difficilement développer une technologie permettant
des déplacements entre planètes, et donc
un contact avec l'humanité.
On
peut donc s'attendre à ce que d'éventuels ET
aient le plus souvent les caractéristiques suivantes:
-
un corps pluricellulaire capable de vivre hors de l'eau
mais contenant un grand pourcentage d'eau
-
des organes des sens, des effecteurs de manipulation (bras
et mains ou pinces, tentacules, trompes ou pseudopodes)
et des organes de traitement de l'information
-
un moyen de locomotion naturel.
Ceci
ne veut pas dire bipède avec 2 bras articulés,
une tête au sommet et un squelette en dedans, comme
dans Star Trek, non, non! De très nombreuses
formes très différentes de nous peuvent correspondre
à ces caractéristiques finalement peu restrictives...
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
Pourquoi leur intelligence serait-elle semblable à
la nôtre?
La réponse du prof:
Je sais, ça a d'abord l'air trivial "s'ils sont intelligents,
ils sont comme nous, n'est-ce pas? ", puis quand on y
réfléchit ça prend un air idiot "ils
sont nécessairement différents, alors pourquoi
leur intelligence ressemblerait-elle à la nôtre? ",
n'est-ce pas?
En fait, ce n'est pas idiot du tout: si jamais nous contactons
d'autres êtres intelligents, ceux-ci seront probablement
semblables à nous dans les grandes lignes, et leur
intelligence ressemblera assez bien à la nôtre.
Comment ça?
-
D'abord, leur ressemblance avec nous. Pour qu'il
puisse y avoir contact entre eux et nous, il faut qu'ils
aient développé une civilisation technologique
(la télépathie est du domaine de la fiction,
que je sache). Pour développer une civilisation
technologique, il faut plusieurs choses:
- être
vivant, donc capable de se reproduire et vivant dans
un écosystème
-
pouvoir observer son environnement, donc des senseurs
capables de "sentir" cet environnement: sens tactile
ou équivalent, sens olfactif ou équivalent,
sens auditif ou équivalent, sens visuel ou
équivalent, correspondant aux modes de propagation
de l'information disponibles: par contact, par diffusion
chimique, par ondes sonores et par ondes électromagnétiques
-
pouvoir affecter son environnement, donc des effecteurs
capables de manipuler cet environnement: organes de
manipulation (soit un équivalent de nos mains
et de nos bras)
-
pouvoir traiter l'information obtenue des sens et
organiser ses actions dans l'environnement: organe(s)
de traitement de l'info (l'équivalent de notre
cerveau)
-
pouvoir communiquer avec ses semblables: organes d'émission
et de réception de signaux (dans tous les modes
de propagation de l'information: nous émettons
des signaux tactiles [carresses, par exemple], olfactifs
[phéromones], sonores [paroles, chant, rires]
et visuels [attitudes, grimaces, gestes])
-
de plus, être largement auto-mobile est certainement
un atout précieux, donc des organes de locomotion
sont probables
On peut aller plus loin dans les détails et se
rendre compte qu'il est difficile de développer
une technologie sous l'eau (faute de pouvoir y générer
les hautes températures si nécessaires
pour certaines technologies [chimie, céramique,
métallurgie, verrerie]). Même chose
pour un environnement solide: pas moyen d'y développer
une technologie. Toute civilisation technologique
se développe donc dans un environnement gazeux,
localisé à la surface d'un corps solide
(disponibilité des matières premières)
et en présence d'eau liquide (gamme de température
permettant la biochimie hydro- carbonée - voir
ce qui suit).
Enfin, diverses considérations d'ordre chimique
(propriétés très particulières
de l'eau et des composés dur carbone) et astronomiques
(abondance dans l'espace des molécules de base
nécessaires à la vie hydro-carbonée)
indiquent que toute civilisation technologique que nous
rencontrerons aura été fondée par
une espèce intelligente basée sur la biochimie
de l'eau et des composés du carbone, donc assez
similaire à la nôtre. Autrement dit,
cette biochimie, ce type d'environnement particulier,
ces propriétés énoncées
ci-dessus, tout cela forme un cadre universel pour le
développement d'une civilisation technologique.
-
Ensuite, leur intelligence.
C'est quoi, l'intelligence?
C'est l'ensemble des processus de traitement de l'information
par lesquels nous évaluons notre situation dans
notre environnement et nous décidons de nos actions
affectant cet environnement.
D'où proviennent ces processus?
Essentiellement d'un apprentissage progressif au cours
de notre développement. Ces processus sont
donc modelés par notre environnement et nos capacités
d'agir et de percevoir notre environnement.
Or nous venons de voir que tant l'environnement que les
capacités d'action et de perception sont nécessairement
assez semblables pour toutes les espèces ayant
développé une civilisation technologique.
Donc ces processus, modelés par un environnement
et des capacités similiaires, seront probablement
assez similaires, eux aussi.
Retour
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- Cher
prof Clairembart:
Pourquoi leur façon de communiquer devrait-elle
être de façon hertzienne, pourquoi pas comme
les papillons de nuit à base d'hormones ou comme dans
DUNE à l'aide de Manta?
La réponse du prof:
Tout simplement parce qu'il n'y a que deux sortes de signaux
qui peuvent se propager dans le vide (en dehors de l'atmosphère):
les ondes électro-magnétiques (lumière,
radio, etc.) et les ondes gravitationnelles. Ces dernières
sont *très* difficile à produire (cela exige
de déplacer d'immenses masses à de très
grandes vitesses) et à détecter, alors que les
ondes électromagnétiques posent beaucoup moins
de problèmes tant à produire qu'à détecter.
Donc toute communication à distance avec des ET se
fera nécessairement via des ondes électro-magnétiques.
La question qui reste ouverte est: dans quelle bande de fréquences?
Les rayons gamma? Les rayons X? Les ultra-violets?
La lumière visible? Les infra-rouges proches?
Les infra-rouges lointains (thermiques) ? Les ondes
ultra-courtes? Les ondes courtes? Les ondes longues?
Les ondes ultra-longues?
Chaque gamme a des avantages et des inconvénients.
Pour le moment, nos radio-télescopes utilisent surtout
les ondes ultra-courtes dans la bande de fréquences
située autour du "trou d'eau" pour la recherche SETI,
pour la simple raison que l'atmosphère y est transparente
et qu'il y a peu de signaux naturels dans cette bande et enfin
que les signaux naturels qui y sont ont des caractéristiques
bien connues.
Il y a aussi des raisons psychologiques pour choisir cette
bande, mais elles sont assez peu importantes à mes
yeux.
Nous captons de temps à autre de brefs signaux ayant
les caractéristiques de signaux émis par des
radars astronomiques. Ce que nous ne captons pas, c'est
un signal délibérément émis pour
attirer l'attention (or c'est ce que recherchent la plupart
des chercheurs en SETI). Il me semble qu'il y a une
excellente raison pour cela: nous n'écoutons pas aux
bonnes fréquences. À mon avis, les raisons
du choix de la bande H-OH sont complètement erronnées.
Je fais le parallèle suivant:
- ma page sur le Web n'est pas conçue pour être
reçue par une personne n'ayant pas accès à
une technologie comparable à la mienne; c'est la même
chose pour mon courrier électronique: je ne prends
pas contact avec des gens qui n'utilisent encore que le téléphone
pour dialoguer avec d'autres.
- la raison de mon attitude est fort simple: un dialogue avec
quelqu'un qui n'a pas accès au Net serait peu intéressant
pour moi (pas de moyent facile d'archiver ni de consulter
les échanges archivés, par exemple).
Pour une civilisation mettant en place une balise destinée
à attirer l'attention d'éventuels correspondants,
il serait peu intéressant de tenter de dialoguer avec
une civilisation n'ayant pas atteint un niveau technologique
"suffisant". Donc tenir compte des contraintes rencontrées
par une telle civilisation serait peu utile.
C'est quoi, un niveau technologique "suffisant" pour une civilisation
capable de mettre en place une telle balise?
(Pour rappel, nous n'en sommes actuellement pas encore capables.)
Sachant qu'une telle balise serait nécessairement située
en micro-gravité dans l'espace plutôt qu'à
la surface d'une planète, on peut présumer que
la capacité de construire une telle balise serait un
niveau technologique "suffisant".
Donc les signaux d'une telle balise seraient probalement émis
dans une bande de fréquences qu'on ne peut capter que
depuis l'espace, c'est à dire une bande de fréquences
qui ne pénètre pas dans les atmosphères
à teneur notable en eau ou en oxygène.
Il faudra dons sans doute attendre qu'on fasse de la recherche
SETI depuis la Lune ou depuis des stations orbitales pour
que l'on détecte une telle balise, s'il y en a.
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
C'est quoi exactement un laser et la recherche SETI optique
?
La réponse du prof:
Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation (Lumière
Amplifiée par Stimulation des Emissions de Radiation).
C'est une source de lumière cohérente.
Il y a des lasers à gaz, des lasers à liquides,
des lasers à semi-conducteurs (on les appelle des diodes
laser) des lasers en rubis, et même des lasers à
électrons libres.
Certains lasers utilisent une réaction chimique entre
colorants pour produire de la lumière cohérente,
d'autres utilisent le passage d'un courant électrique
pour ce faire...
Oui, mais c'est quoi de la lumière cohérente?
Il faut se rappeler que la lumière est une onde électomagnétique,
exactement comme les ondes radio. Et une onde, ça
oscille: ça monte et ça descend. Des ondes
sont cohérentes quand elles montent toutes ensemble
et descendent toutes ensemble à chaque oscillation.
Même chose donc pour la lumière cohérente.
Mais la lumière cohérente possède des
propriétés intéressantes: d'abord elle
n'a qu'une seule et même longueur d'onde (contrairement
à la lumière solaire ou à celle d'une
ampoule incandescente), donc une seule et même couleur;
ensuite la lumière émise par un laser se disperse
moins avec la distance que ne le ferait la lumière
non-cohérente provenant d'un corps chaud...
L'émission laser la plus forte émise depuis
la Terre était de quelques mégawatts durant
quelques secondes, lors d'essais d'armes d'interception dans
le cadre du projet "star wars".
La Lune est par ailleurs bombardée régulièrement
au laser, pour divers projets (mesure de la distance, étude
de la très haute atmosphère, étude de
la dérive des continents, etc.).
Les astronomes utilisent aussi le laser pour corriger électroniquement
les perturbations de l'atmosphère, en émettant
de la lumière laser dans la direction à observer
au télescope. Cette lumière est partiellement
réfléchie (par les poussières aéroportées)
et partiellement réfractée (par le changement
de densité de l'atmosphère en altitude, ce qui
entraîne un changement d'indice de réfraction)
- ou (dans certains projets) cette lumière excite certaines
molécules de gaz, lesquelles ré-émettent
alors de la lumière par fluorescence. Le résultat
final est le même: une "pseudo-étoile" artificielle
apparaît dans le champ du télescope, étoile
dont on connaît fort bien à priori les caractéristiques
optiques. On analyse alors l'image (formée par
le télescope) de cette étoile artificielle,
et on en corrige les déformations (dues aux perturbations
de l'atmosphère) en modifiant très faiblement
la forme du miroir, ce qui corrige les distorsions dues à
l'atmosphère non seulement pour cette étoile
artificielle, mais pour toutes les étoiles situées
dans la même direction.
Jusqu'à quelle distance nos émissions sont-elles
visibles?
Les lasers servant à corriger les perturbations atmosphériques
pour les télescopes sont visibles depuis la Lune, mais
pas beaucoup plus loin. Les lasers servant à
mesurer la distance Terre-Lune ne sont pas visibles depuis
Mars ou Vénus. La raison de cette portée
limitée est toute simple: les perturbations atmosphériques
augmentent la dispersion du faisceau. Les lasers testés
lors du projet "star wars", s'ils étaient utilisés
hors de l'atmosphère, seraient visibles sur de plus
grandes distances, mais pas très loin en dehors de
notre système solaire.
Maintenant, il y a une grande différence entre "visible"
et "détectable": si on connaît à l'avance
la longueur d'onde de la lumière su laser qu'on veut
détecter, on peut filtrer la lumière reçue
par notre détecteur afin de ne laisser passer qu'une
bande très étroite de longueurs d'ondes, ce
qui augmente considérablement le contraste entre la
lumière du laser et le "fond du ciel".
On peut atteindre ainsi des distances de détection
d'autant plus grandes que la bande passante du filtre est
plus étoite, *mais* cela exige de connaître de
plus en plus précisément la longueur d'onde
à détecter et là, l'effet Doppler vient
rapidement mettre une limite en imposant un minimum de bande
passante...
Pour atteindre de plus grandes portées, il faudrait:
-
soit augmenter le diamètre du faisceau de lumière
à sa source, c'est-à-dire : le diamètre
du laser, vu que l'angle de dispersion du faisceau est
proportionnel à L/D (où L est la longueur
d'onde émise et D est le diamètre du faisceau)
-
soit reconcentrer le faisceau à l'aide d'une lentille
spéciale placée à bonne distance
(quelques milliers à quelques millions de km) du
laser - l'effet est le même: augmenter L/D donc
réduire la dispersion du faisceau lumineux provenant
du laser
-
soit augmenter considérablement la puissance du
laser (multiplier par 10 la puissance multiplie par 10
la portée)
-
soit augmenter la fréquence de la lumière
émise (donc réduire sa longueur d'onde)
-
soit enfin une combinaison des méthodes précédentes.
Pour une plus grande sensibilité (et donc une plus
grande distance de détection), il faut utiliser un
filtre de bande passante plus étroite et là,
le mouvement relatif de la source (le laser) et du détecteur
vient mettre une limite inférieure à cette
bande passante (à cause de l'effet Doppker: la longueur
d'onde détectée diffère de la longueur
d'onde émise en fonction des vitesses relatives de
la source et du détecteur).
A l'inverse comment détecter un rayon laser venu
d'une autre planète et dont nous ne saurions rien?
Les inconnues sont-elles aussi importantes que pour les
ondes radio?
Depuis le sol, les inconnues sont assez limitées:
l'air n'est assez transparent que pour une bande de longueurs
d'ondes ne dépassant guère la bande de la
lumière visible. Il faut donc lentement "scanner"
toutes ces longueurs d'ondes en gardant le télescope
braqué vers un même point du ciel - à
chaque instant, il faut n'utiliser qu'une bande passante
très étroite (quelques nanomètres,
maximum), et enregistrer toute l'image (mais elle est très
compressible: dans toute bande passante suffisemment étroite,
le ciel est presque complètement noir, même
de jour).
Mon grand-père m'en avait fait une démonstration
remarquable quand j'étais gamin: il avait installé
dans le jardin une grande caisse de carton (genre emballage
de frigo) dont les flans étaient couverts d'une tenture
épaisse. Dans le sommet de la boîte,
il avait percé une lucarne carrée d'environ
20 cm de côté, lucarne qu'il avait obstruée
d'un carreau de verre rouge rubis très foncé.
Debout dans la boîte (où il faisait très
sombre), je pouvais voir *en plein jour* Jupiter, Vénus,
Saturne, Mars et les étoiles les plus brillantes
du ciel - il n'y avait que dans la direction du Soleil et
aux alentours que l'éblouissement empêchait
de voir les étoiles, mais ailleurs le ciel était
très sombre, et à partir d'une distance de
90 degrés du Soleil, le ciel était effectivement
*noir*, sauf pour les étoiles et planètes.
Un verre de ce genre a une bande passante beaucoup trop
large (plusieurs dizaines de nanomètres) pour être
utile dans la détection de lasers situés sur
d'autres planètes: il faut vraiment des filtres à
bande passante très étroite pour bien les
détecter.
On peut dire que toute civilisation technologiquement avancée
a forcément découvert le laser, puisqu'elle
a dû étudier la nature de la lumière
et la structure de l'atome.
Bien sûr, vous aurez reconnu l'ombre des projets OSETI
(http://www.coseti.org/).
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- Cher
prof Clairembart:
Que se passerait-il si nous étions confrontés
à la découverte d`une civilisation sur une autre
planète ou bien si on savait que des extraterrestres
étaient en route vers nous"?
La réponse du prof:
Ce sont des questions bien fascinantes, en effet.
Si nous découvrons une autre civilisation ailleurs
dans l'univers (mais hors de portée pour une visite),
je m'attends à ce que rien de bien important ne change
ici - certains dirigeants politiques ou religieux feront des
déclarations plus ou moins anodines, d'autres feront
des déclarations plus fracassantes, mais pour l'humain
moyen, rien ne changera dans sa vie de tous les jours.
Une partie de la communauté scientifique sera vivement
intéressée et tentera sans doute d'établir
des écchanges d'informations, grâce au financement
fourni par des grosses compagnies ou administrations désirant
se procurer ainsi de nouvelles technologies.
L'une ou l'autre secte ou personne fanatique tentera peut-être
d'empêcher de tels échanges au nom d'un quelconque
idéal stupide. Cela fera de temps à autre
les manchettes des journaux, mais à part ça,
rien...
Si par contre la possibilité de contact physique se
présente, les grandes entreprises commerciales et les
grandes administrations feront des pieds et des mains pour
établir des échanges commerciaux (ou autres)
à leur avantage avec cette autre civilisation, tandis
que les politiciens de tous acabits tenteront de tirer de
ce contact encore plus de pouvoir politique (en parlant soit
des dangers potentiels [imaginaires ou réels] de ces
contacts, soit des avantages [imaginaires ou réels]
qui pourraient découler de ces contacts).
On peut s'attendre aussi à des réactions plus
vives de la part des autorités religieuses de tout
acabit (réactions en tous sens, depuis l'anathème
jusqu'à la déification, selon le groupe concerné).
Bref, les gens pourraient être affectés dans
la vie de tous les jours.
Ma réaction personnelle, dans les deux cas, serait
la même: je préparerais un bon gueuleton et j'inviterais
les copains et les copines à une petite fête,
histoire de célébrer la fin de notre solitude
en tant qu'espèce intelligente. ;^)
Si on découvrait que des visiteurs étranges
étaient en route vers nous, je ferais exactement la
même chose. ;^)
Et s'ils étaient belliqueux? S'ils venaient nous
faire la guerre? Je serais extrêmement surpris
d'apprendre que des êtres vivants aussi stupides ont
été capables de développer les moyens
de voyager entre les étoiles. Pour les détails
du raisonnement qui explique cette remarque, lire mon texte
de vulgarisation intitulé "Irons-nous visiter les étoiles? "
sur mon site Web: http://www.cafe.edu/sf/
Je fais allusion à l'énorme taille de cette
entreprise qu'est l'affrêtement d'un vaisseau capable
de rejoindre les étoiles proches et à l'immense
durée d'un tel voyage. Construire et affréter
un tel vaisseau (pesant des milliards de tonnes!) exige des
ressources en temps, en moyens physiques, en énergie,
d'une ampleur telle que seule une civilisation basée
sur la collaboration plutôt que la concurrence pourrait
réussir un tel projet. La construction et l'affrètement
s'en étaleraient déjà sur plusieurs générations
(comme pour les cathédrales) et coûteraient chaque
année plusieurs fois la valeur du Produit Mondial Brut
actuel, ce qui est déjà un argument de taille
en faveur d'une civilisation favorisant la collaboration plutôt
que la concurrence, l'entraide mutuelle plutôt que la
lutte pour le pouvoir: une civilisation comme la nôtre
disperse trop ses efforts et ne pourrait pas arriver à
créer un tel engin, encore moins à l'affréter...
Mais c'est la durée du voyage qui plante le clou final
dans le cercueil de la civilisation ET conquérente:
entre le depart d'un tel vaisseau et son arrivée dans
le système de l'étoile la plus proche, il s'écoule
un temps nettement supérieur à la durée
de la plus longue civilisation ayant existé sur Terre.
Il y a là deux défis qui rendent de tels voyages
complètement hors de portée de toute civilisation
basée sur le pouvoir/profit individuel ou collectif:
- premier défi: comment financer une telle expédition
alors que non seulement aucun des investisseurs ne sera jamais
à même d'en ramasser les profits éventuels
(faute de pouvoir vivre plusieurs dizaines de milliers d'années)
mais qu'en plus la civilisation même qui aura lancé
un tel vaisseau n'a qu'extrêmement peu de chances d'exister
encore au moment d'un hypothétique retour de ce vaisseau
?
Non, les notions de pouvoir/profit et donc aussi de conquête
sont des *obstacles* à la réalisation d'une
telle entreprise.
- deuxième défi: comment maintenir vivant le
"flambeau" de la civilisation durant des milliers ou des dizaines
de milliers d'années avec une population ne dépassant
pas quelques milliers de personnes, dans un vaisseau dont
la surface totale "marchable" est *nettement* plus petite
que celle du Duché de Luxembourg?
Notre civilisation techno-scientifique n'a que quelques centaines
d'années et n'a encore jamais été capable
d'établir une paix durable parmi les nations qui en
sont membres. Notre meilleur effort s'appelle l'Union
Européenne et ne fonctionne qu'à peine, justement
à cause de ces notions de pouvoir/profit qui - hélàs
- l'empoisonnent.
Non, les notions de pouvoir/profit et donc aussi de conquête
sont des *obstacles* à la survie (à longue échéance)
de toute civilisation.
Le prétendu besoin d'un esprit de conquête n'est
que de la propagande néo-libérale (ou néo-conservatrice
- c'est la même chose). Ah oui, ça fait
très néo-darwiniste de dire qu'il faut cet esprit
de conquête pour progresser: "struggle for life", "survival
of the fittest" et tout ça. Malheureusement,
c'est tout faux. Le darwinisme c'est pas ça du
tout: la stratégie de collaboration est la plupart
du temps plus efficace que celle de concurrence dans la nature
(elle est toujoure plus efficace à long terme - ce
n'est qu'à court terme que la concurrence s'avère
parfois une meileure stratégie). De la même
façon, ce n'est pas l'espèce la mieux adaptée
(ni surtout l'individu le mieux adapté) qui survit
et se reproduit, ce sont toutes les espèces suffisemment
adaptées (et tous les individus suffisemment adaptés)
qui survivent et se reproduisent dans la nature.
La collaboration, non seulement au sein d'une même espèce
mais tout aussi souvent entre espèces différentes,
est la règle générale partout sur Terre,
comme toute étude un peu approfondie de notre écosystème
le montre immédiatement. Nous n'avons aucune
raison de penser que notre espèce échappe d'aucune
façon à cette règle générale
de la nature. En appliquant le même raisonnement
à toute espèce intelligente ayant évolué
jusqu'au point où elle peut entreprendre un voyage
entre les étoiles (entre parenthèses, nous sommes
encore loin d'être arrivé là!), on peut
conclure que cette espèce a dû, chemin faisant,
développer une civilisation basée sur la collaboration
plutôt que la concurrence.
Il m'est très difficile d'imaginer pareilles gens (sachant
donc *d'expérience personnelle et collective* que la
collaboration est la stratégie gagnante pour la survie
non seulement de leur espèce mais de toutes les espèces
intelligentes) venir tenter de conquérir (À
quel coût! Et pour quel inconcevable bénéfice?)
les planètes de leurs voisins...
Je considère comme extrêmement improbable que
des extra-terrestres viennent nous chercher noise ici...
Tout comme je considère tout aussi improbable que nous
allions un jour porter la guerre ailleurs dans l'univers...
Je suis d'ailleurs en train d'écrire une saga ayant
pour toile de fond un tel premier contact. ;^)
Sans guerres, bien évidemment. ;^)
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
Dans la recherche SETI, quelles étoiles choisir
comme cible ?
La réponse du prof:
C'est qu'en fait on sait calculer, en fonction de la luminosité
d'une étoile, à quelle gamme de distances devrait
se trouver une planète de cette étoile pour
être habitable (la zone où la température
de la planète permet à l'eau d'être liquide)
- c'est la zone favorable à la vie.
On pense aussi que la vie a peu de chances d'exister près
d'une étoile dont la luminosité fluctue largement
et rapidement (notre soleil est une étoile très
peu variable).
De même, on a peu de chances de trouver la vie près
d'une étoile très grosse (et donc très
lumineuse), parce que ces étoiles durent peu de temps
(elles brûlent très vite leur hydrogène)
et que la vie met du temps à se développer.
Quand on examine les étoiles proches du soleil, on
se rend compte que les étoiles peu lumineuses sont
de très loin les plus fréquentes. Prenons
par exemple les 34 étoiles situées à
moins de 12 années-lumière de nous (soleil y
compris).
Il y a 4 étoiles aussi ou plus lumineuses que le soleil.
Il y a 4 étoiles dont la luminosité vaut de
0.10 à 0.99 soleil.
Il y a 4 étoiles dont la luminosité vaut de
0.010 à 0.099 soleil.
Il y a 6 étoiles dont la luminosité vaut de
0.0010 à 0.0099 soleil.
Il y a 8 étoiles dont la luminosité vaut de
0.00010 à 0.00099 soleil.
Toutes les autres sont encore moins lumineuses...
La distance moyenne du soleil à ces étoiles
est de 11.3 années-lumière, ce qui implique
qu'il y a dans notre région de la galaxie environ 4.7
étoiles par 1000 années-lumière cube.
Quand on s'éloigne plus du soleil, on trouve moins
d'étoiles peu lumineuses, ce qui s'explique par le
fait qu'étant peu lumineuses, on ne les voit plus dès
qu'elles sont un peu loin...
Or les étoiles les moins lumineuses s'avèrent
aussi être souvent les plus anciennes.
Évidemment, la zone favorable à la vie se trouve
plus proche d'une étoile moins lumineuse que d'une
étoile plus lumineuse, donc aussi plus étroite
près d'une étoile moins lumineuse et plus large
près d'une étoile plus lumineuse.
Donc une étoile très peu lumineuse aura une
zone favorable à la vie si étroite que la probablilité
qu'une planète s'y trouve sera presque nulle et une
étoile très lumineuse aura une durée
d'existence si courte que la vie ne pourra se développer
sur ses planètes.
Reste quoi?
À mon humble avis, restent les étoiles dont
la durée d'existence sera égale ou supérieure
à la moitié de celle du soleil (le soleil est
déjà environ à mi-cours de son existence),
donc entre à peine plus lumineuses et beaucoup moins
lumineuses que le soleil, et dont la luminosité est
suffisante pour que la zone favorable à la vie ait
au moins un dixième de la largeur qu'elle a ici (elle
s'étend environ de l'orbite de Vénus à
celle de Mars), c'est-à-dire dont la luminosité
soit au moins 0.01 soleil.
Ce qui veut dire 10 étoiles (plus notre soleil) situées
à moins de 12 années-lumière d'ici.
Il me semblerait *très* étonnant qu'aucune de
ces 10 étoiles n'abrite la vie sur une de ses planètes
(je ne parle pas de vie intelligente), la chimie menant à
la vie me paraissant être éminemment probable
(la vie se développe sans doute partout où les
conditions le permettent, et ces conditions sont sans doute
souvent réunies près des étoiles de ce
style).
Pour ce qui est de la vie intelligente, regardons un peu plus
loin:
- 10 étoiles où la vie est plausible à
moins de 12 années-lumière
- 10 000 étoiles où la vie est plausible à
moins de 120 années-lumière
- 10 millions d'étoiles où la vie est plausible
à moins de 1 200 a-l.
- 10 milliards d'étoiles où la vie est plausible
à moins de 12 000 a-l.
Or les projets SETI-radio actuels devraient pouvoir détecter
un radar planétaire (comme nous en utilisons) dirigé
accidentellement vers nous à une distance allant jusqu'à
environ 12 000 années-lumière (la distance maximum
varie avec les données du problème: puissance
du signal, type d'obstacles [poussières ou gaz galactiques],
etc).
Avec 10 milliards de lieux où la vie est plausible,
s'il n'y en a qu'un sur mille qui abrite une vie intelligente
et un sur mille de ceux-ci qui utilise un radar planétaire
parfois orienté par hasard dans notre direction, il
y aurait plus de 10 000 radars dont les signaux pourraient
nous parvenir. En supposant que chacun d'eux balaye
le plan orbital des planètes de son étoile une
fois par an, un radio-télescope SETI balayant une bande
étoite du ciel chaque jour devrait détecter
quelques-uns de ces radars chaque année, mais ne devrait
jamais (ou presque) arriver à retrouver un signal provenant
de la même région du ciel.
C'est bien ce que l'on observe: les signaux détectés
sont au nombre de quelques-uns par année et ne se répètent
pas.
J'en conclus donc qu'il y a sans doute au moins des dizaines
de milliers d'espèces intelligentes technophiles dans
la Galaxie.
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
C'est quoi l'anisotropie de l'univers?
La réponse du prof:
Ça dépend de quelle anisotropie on parle.
Depuis peu, on se rend compte que l'univers lointain ressemble
beaucoup à l'univers proche, plus qu'on ne le pensait.
Il y a des galaxies, avec ou sans noyau actif, spirales ou
elliptiques, avec plus ou moins de gaz et de poussières
entre les étoiles et avec plus ou moins d'étoiles
contenant plus ou moins d'éléments lourds...
Ces galaxies sont groupées en amas, eux-même
groupés en super-amas répartis dans l'espace
comme la surface des bulles est répartie dans une mousse
de savonnée.
Il y a des différences qui croissent au plus on regarde
loin, mais ces différences croissent plus lentement
que les théories à la mode semblaient l'exiger...
Autrement dit, à très grande échelle,
l'univers paraît assez isotropique avec des fluctuations
qui semblent plus ou moins chaotiques de la taille des "bulles"
vides entourées de leur pellicule d'amas et de super-amas
et avec un rajeunissement progressif avec la distance (ce
rajeunissement est une illusion due à la lenteur de
la propagation de la lumière).
La seule anisotropie détectable à cette échelle,
ce sont ces fluctuations de la taille des bulles. On
ne se les explique toujours pas.
En diminuant un peu l'échelle, on observe une anisotropie
flagrante entre "la paroi" des bulles, riche en galaxies,
amas et super-amas, et "l'intérieur" des bulles, qui
semble étrangement vide. Cette anisotropie-là
est visible même très loin dans l'univers, donc
très loin dans le passé, ce qui fait qu'on pense
qu'elle provient des tous premiers moments de l'univers (dans
la théorie du Big Bang). Cela impliquerait sans
doute que les bulles se sont formées durant l'inflation
(donc dans les toutes premières fractions de seconde
de l'univers). Si c'est le cas, je pense qu'une théorie
unifiée nous apportera seule l'explication de cette
anisotropie.
Dans la théorie des mini-bangs (fort peu à la
mode) chaque bulle correspond à un mini-bang et notre
univers serait bien plus vieux qu'on ne l'admet généralement
(si pas éternel), mais aussi en expansion.
Une toute autre anisotropie est la quasi-totale absence d'anti-matière
dans notre univers. Certains cosmologistes proposent
de l'expliquer par une rupture de la symétrie CP à
un moment très proche du Big-Bang alors que d'autres
proposent plutôt d'y voir une conséquence de
la symétrie CPT, le Big-Bang ayant alors formé
non une dimension temps en forme de demi-droite ayant son
origine au Big-Bang et s'étendant seulement vers le
futur, mais une dimension temps en forme de droite s'étendant
depuis le Big-Bang tant en direction du passé qu'en
direction du futur. Ce que nous appelons la matière
est la fraction qui voyage en direction du futur alors que
ce que nous appelons l'anti-matière est la fraction
qui voyage en direction du passé: matière et
anti-matière se seraient donc séparées
dès leur différenciation, plutôt que réciproquement
annihilées...
Et maintenant retour à l'anisotropie de l'univers.
Si je m'en réfère à mes quelques vagues
souvenirs de chimie quantique, une explosion de matière
dans le vide crée un système isotrope.
Euh... Pas exactement, non.
La formation spontanée de paires particule/anti-particule
se fait de façon isotrope, c'est-à-dire sans
privilégier de direction particulière, donc
vraiment au hasard, ça oui.
S'il y a formation spontanée d'un grand nombre de ces
paires, on peut donc s'attendre à une certaine isotropie,
oui.
*Mais* une telle formation d'un grand nombre de paires devrait
s'accompagner immédiatement de l'annihilation réciproque
de toutes ces paires, justement à cause de ladite isotropie.
C'est d'ailleurs ce que l'on observe dans la "mousse quantique"
qui "habille" toute particule massive.
À part ce mécanisme là, la physique quantique
ne décrit aucune façon de faire "une explosion
de matière dans le vide" comme tu dis. Et le
système isotrope créé par ce mécanisme
n'a qu'une existence extrêmement brève: l'instant
d'après, il ne reste plus rien.
La quantité de matière égale la quantité
d'anti-matière, mais ce n'est pas un équilibre.
On n'a rien créé: il a fallu "consommer" des
photons pour créer les paires de particules/anti-particules
et on se retrouve à la fin avec la même quantité
de photons qu'au début: on n'a rien créé.
Faut comprendre que la physique quantique ne permet pas de
décrire le Big-Bang: elle n'est pas suffisante pour
expliquer comment le Big-Bang a eu lieu. Il nous faudrait
*au moins* une théorie quantique de la gravitation
(on n'en a pas), et peut-être même une Grande
Théorie Unifiée (c'est-à-dire: une théorie
de *tout*), ce dont nous sommes encore loin, hélas.
C'est pour cela qu'il faut une (ou des) théories nouvelles.
Un groupe de théories qui semble prometteur, c'est
le groupe des théories des super-anneaux (superstring
theories pour les anglophones). Dans ces théories,
l'univers a (au moins) 10 dimensions, plutôt que les
4 dimensions que nous connaissons (3 d'espaces plus le temps).
Les 6 autres dimensions sont actuellement enroulées
sur elles-mêmes, formant des anneaux beaucoup plus petit
que la plus petite particule possible. La formulation
de ces théories est loin d'être terminée
et les conclusions qu'on en peut tirer ne sont pas encore
claires...
Il faut savoir que le Big-Bang ne crée pas que la matière
et l'énergie, il crée aussi et surtout l'espace
et le temps. S'il y a eu plusieurs Little-Bangs, il
faut soit trouver comment les espaces et les temps créés
par chacun de ces Little-Bangs se sont interpénétrés,
soit postuler que l'espace et le temps existaient avant ces
Little-Bangs et donc avant la matière, ce qui contrevient
formellement à la théorie de la relativité
généralisée, d'où une rafale de
problèmes. C'est pour cela que les modèles
basés sur des Little-Bangs sont peu étudiés.
Les problèmes fondamentaux soulevés par les
Little-Bangs ('où proviennent l'espace et le temps,
ou comment ces espaces et ces temps indépendants se
sont-ils interpénétrés?), ccs problèmes
n'existent pas dans le Big-Bang classique, d'où l'intérêt
que celui-ci suscite. Quant aux variations de densité
nécessaires pour expliquer la structure actuelle de
l'univers, la plupart des cosmologistes pensent (peut-être
à tort) qu'une théorie quantique de la gravité
permettra d'obtenir ces fluxtuations locales dès la
fin de l'inflation, donc bien à temps pour former les
bulles vides entourées de super-amas de galaxies.
Nous ne sommes pas très nombreux à entretenir
des doutes à ce sujet.
Les arguments en faveur du Big-Bang sont:
- la noirceur (relative) du ciel
- le red-shift de la lumière provenant des galaxies
lointaines
- le rayonnement fossile
- le rapport de la quantité d'hydrogène à
la quantité d'hélium dans les nuages de gaz
des galaxies et dans les étoiles les plus anciennes
Note:
L'avantage d'un Big-Bang créant simultanément
un univers-futur et un univers-passé ne s'arrête
pas à expliquer l'absence de l'anti-matière
dans notre univers, elle supprime aussi la nécessité
d'annihiler le tout: il n'y a pas de photons préalables,
il n'y a donc pas besoin de tout retransformer en photons
après un temps très bref. De plus, ce
Big-Bang avec droite du temps plutôt que demi-droite
se marie très bien avec les théories des super-anneaux,
ce qui n'est pas le cas du Big-Bang classique.
Ceci ne prouve, notez bien, absolument rien quand à
la valeur de l'une ou l'autre théorie. Comme
disait Mr. Spock: "insufficient data to form a valid
hypothesis, commandant! ".
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
Et la relation entre le red shift, l'effet Doppler et le
Big-Bang?
La réponse du prof:
On parle de galaxies lontaines lorsque l'on parle de "red
shift" cosmologique. Ces galaxies sont si loin de nous
que même les meilleurs des télescopes ne permettent
pas d'en distinguer les étoiles qui les forment.
C'est le fait que les galaxies lointaines s'éloignent
qui semble indiquer que notre univers est en expansion.
Ce n'est donc pas une couleur, c'est une baisse de fréquence
(facilement mesurable) de la lumière nous parvenant
de ces galaxies, et on ne connaît que deux causes possibles
pour cet effet: l'effet DOPPLER (la galaxie s'éloigne
vraiment) ou l'effet DOPPLER relativiste (la galaxie est si
massive que la lumière perd de son énergie en
s'en éloignant).
Le Big-Bang décrit la formation simultanée de
la matière, de l'énergie, de l'espace et du
temps - il décrit la formation explosive de l'univers,
pas une explosion dans un univers existant. Et à
l'intérieur de cette explosion, la vitesse d'expansion
observée peut logiquement varier avec la distance.
Il y a presque autant d'étoiles qui se rapprochent
de nous (spectre décalé vers le bleu) que d'étoiles
qui s'éloignent de nous (spectre décalé
vers le rouge) dans notre Galaxie, mais cela n'a rien à
voir avec le Big-Bang. Ce qui a à voir avec le
Big-Bang, c'est que *toutes* les galaxies lointaines ont leur
spectre décalé vers le rouge.
La lueur de fond de l'univers apparaît dans toutes les
directions une intensité assez uniforme, presque égale,
mais avec des fluctuations (les plus importantes de celles-ci
est dûe au mouvement de la Terre autour du Soleil, au
mouvement du Soleil autour de la Galaxie et au mouvement de
notre Galaxie dans l'amas local). On l'interprète
comme le rayonnement fossile de l'explosion.
L'explosion *est encore en cours*, nous sommes *à l'intérieur*
de cette explosion (qui *est* notre univers) et cette lumière
provient simplement de régions lointaines de cette
explosion (et a mis du temps pour nous parvenir - la vitesse
de la lumière n'est pas infinie).
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- Cher
prof Clairembart:
Peut-il exister des êtres basés sur la chimie
du silicium?
La réponse du prof:
Le silicium ne forme pas de liens covalents stables dans les
conditions normales de température et pression, mais
plutôt des liens ioniques.
A preuve, le fait que le silicium cristallise normalement
dans le système cubique (diamant) uniquement - pour
le faire cristalliser dans le système hexagonal (graphite),
il faut utiliser des températures et pressions incompatibles
avec l'existence de l'eau liquide.
Tu remarqueras que c'est exactement l'inverse du carbone!
Le silicium forme facilement 4 liens, mais ce sont usuellement
4 liens ioniques, comme dans SiO2. Oui, je sais, on
peut fabriquer le silane SiH4 ainsi que d'autres composés
où le silicium joue le rôle du carbone, mais
ces composés ne se retrouvent pas dans la nature en
quantités détectables (ni sur Terre ni dans
les poussières et gaz galactiques) et sont si instables
qu'ils s'enflamment spontanément en présence
d'oxygène. De plus, les doubles liaisons covalentes
Si=Si sont *très* difficile à produire (exigent
des pressions et températures introuvables à
la surface de la Terre ou près de sa surface).
Finalement, les silicones sont des composés où
le groupe OSiO (mais pas Si tout seul) remplace en tout ou
en partie les carbones des molécules organiques correspondantes.
On ne retrouve évidemment pas de doubles liaisons covalentes
dans ces composés, qui sont plus denses et moins fluides
que les composés organiques correspondants. Néanmoins
tu as raison: ces silicones sont stables. Peu utiles
pour former une biochimie, mais stables.
Bref, non seulement y a-t-il dans la nature énormément
plus de produits précurseurs de la biochimie du carbone
que de produits précurseurs d'une improbable biochimie
du silicium, mais en plus une telle biochimie du silicium
serait incompatible avec les conditions physiques (température
et pression) qui ont présidé à l'évolution
de la vie sur Terre...
Il y a plus de silicium dans les planètes proches du
soleil, mais il y a plus de carbone dans les planètes
plus lointaines - la raison en est que beaucoup de composés
du carbone fréquents dans l'espace sont volatils alors
que la plupart des composés du silicium plutôt
réfractaires (exemple: à température
ambiante, CO2 est un gaz, SiO2 est un solide).
Le silicium détecté dans la galaxie se trouve
principalement sous la forme de monoxyde et de dioxyde de
silicium: SiO et SiO2 dans les poussières galactiques.
On a aussi décelé des traces de silane SiH4
et d'autres composés similaires, mais en quantités
énormément inférieures au méthane
CH4 et composés carbonés équivalents...
Vu l'instabilité chimique des hydro-silanes, vu la
difficulté de former des liaisons doubles covalentes
Si=Si et vu la rareté des molécules précurseures
d'une biochiomie siliciée dans la galaxie, il me paraît
fort peu probable de trouver dans l'univers une biochimie
basée sur le silicium.
Néanmoins, tu as raison, une telle biochimie reste
encore du domaine du *possible*. Je ne retiendrai pas
mon souffle en attendant une telle découverte, par
contre : c'est beaucoup trop peu probable à mes yeux.
De plus, une telle biochimie serait *très* différente
de celle que nous connaissons (les doubles liaisons covalentes
C=C jouent un grand nombre de fonctions essentiels dans notre
biochimie - une biochimie du silicium devrait sans doute se
passer de ces fonctions et aurait donc une évolution
fort peu semblable à la nôtre).
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- Cher
prof Clairembart:
Comment voyage-t-on, même si l'on est de l'antimatière,
dans le passé, alors qu'avant le Big-Bang il n'y en
avait pas?
La réponse du prof:
Un petit cours d'introduction à la cosmologie s'impose.
Un rappel, d'abord: la cosmologie n'est pas une science exacte.
C'est juste un ensemble de modèles décrivant
au mieux ce que nous savons ou pensons savoir du passé
de notre univers. Allons-y!
Dans le modèle du Big-Bang, on conçoit l'univers
(ou plutôt sa géométrie: l'espace-temps)
comme une hypersphère (une sphère à 4
dimensions) dont le rayon est l'axe du temps et dont les 3
autres dimensions forment l'hypersurface. Le gonflement
progressif de cette hypersurface lorsqu'on s'éloigne
du centre est ce que l'on appelle "l'expansion de l'univers".
Cette hypersurface est ce que nous appelons usuellement "l'espace",
c'est-à-dire: la géométrie de notre petit
coin d'univers.
On voit immédiatement dans ce modèle que, où
qu'on soit dans cette hypersphère, l'axe du temps passe
par le Big-Bang. Parce que tout rayon de l'hypersphère
passe par le centre de celle-ci. La plupart des physiciens
(dont beaucoup de cosmologistes) iront plus loin et diront
que l'axe du temps prend son origine au Big-Bang, ce qui veut
dire qu'ils considèrent l'axe du temps comme une demi-droite
ayant son origine au Big-Bang.
C'est là une interprétation restrictive de la
géométrie de l'espace-temps: rien ne nous permet
d'exclure la possibilité que l'axe du temps se prolonge
au-delà du Big-Bang, donc qu'il y ait *deux* hypersphères
centrées sur le Big-Bang: une de rayon positif qui
est notre univers de matière en expansion vers le futur,
et une de rayon négatif qui serait un univers d'anti-matière
en expansion vers le passé. Dans ce modèle
modifié du Big-Bang, l'absence presque totale d'anti-matière
s'expliquerait par le départ de celle-ci (à
partir du Big-Bang) vers le passé. Et notre univers
aurait tout au plus la moitié de la densité
critique (l'autre moitié se trouvant dans l'anti-univers
situé dans le passé du Big-Bang). Ce qui
exigerait que l'expansion ait en s'accélérant,
chose que les mesures récentes semblent bien confirmer.
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-
Cher prof Clairembart:
Concernant Upsilon Andromedae et ses trois planètes,
je ne comprends pas comment une planète de masse 3/4
Jupiter et en orbite à seulement 0.06 UA, n'ait pas
explosé sous l'effet de Roche.Ne serait-ce pas un compagnon
type naine brune?
La réponse du prof:
La limite de Roche est grosso-modo la distance à l'intérieur
de laquelle tout corps en orbite serait détruit par
les effets de marée. U. And. étant
une étoile assez semblable à notre Soleil et
cette planète étant probablement une géante
gazeuse du genre de Jupiter, la limite de Roche serait située
à environ 2.46 fois le rayon de l'étoile, soit
environ 1.7 million de km du centre de l'étoile.
Cette planète orbitant à environ 0.06 UA, soit
9 millions de km du centre de l'étoile, elle se trouve
bel et bien en dehors de la limite de Roche et donc hors de
danger d'exploser.
La capture du gaz d'une planète par son étoile
ne peut avoir lieu qu'en deçà de la limite de
Roche.
Le problème de la température est plus sérieux.
Néanmoins, quand on fait les calculs (quantité
de lumière absorbée dans l'atmosphère
gazeuse, quantité de lumière réfléchie
par l'atmosphère gazeuse [nuages blancs! ], quantité
de lumière [infra-rouge thermique] rayonnée
par l'atmosphère gazeuse, énergie thermique
[et cinétique] résultante des molécules
et atomes de la très haute atmosphère, force
d'attraction de la planète sur ces molécules
et atomes, pression de radiation de la lumière solaire
sur ces molécules et atomes, effets du vent solaire
[érosion de la très haute atmosphère
mais aussi apport d'atomes et de molécules], bilan
des pertes et gains dans la très haute atmosphère),
on se rend compte qu'une géante gazeuse ayant une masse
comparable à Jupiter (ici, 3/4 de Jupiter) deviendrait
extrêmement chaude par effet de serre (bien pire que
sur Vénus) mais conserverait son gaz durant un bon
nombre de milliards d'années, bien plus que l'âge
estimé de Upsilon Andromedae.
Donc, c'est normal qu'une géante gazeuse puisse subsister
fort longtemps aussi proche de son étoile.
Une naine brune est une super-géante gazeuse, c'est-à-dire:
une planète de type Jupiter mais en nettement plus
gros, pas assez gros que pour déclencher la fusion
nucléaire en son centre et devenir une étoile,
mais assez gros que pour rayonner en infra-rouge la chaleur
produite par la compression gravitationnelle de la matière
en son centre. En un sens, Jupiter et les géantes
gazeuses dans son style pourraient être appelées
des naines brunes, mais ce seraient de toutes petites naines
brunes. On préfère les appeler des géantes
gazeuses et réserver le terme de naine brune aux corps
ayant des masses comprises entre 8 Jupiter (limite supérieure
des planètes géantes gazeuses) et 80 Jupiter
(limite inférieure des étoiles naines rouges)...
Ces limites sont approximatives, bien sûr!
Donc, cette planète est trop petite pour être
une naine brune.
En fait, c'est notre compréhension collective des systèmes
planétaires et de leur formation qui est à revoir:
nous en connaissons beaucoup moins que nous ne le croyons
il y a encore une dizaine d'années.
Le modèle de formation des planètes par accrétion
de planétésimaux dans le disque de gaz et de
débris entourant une étoile jeune en phase T-Tauri
semble satisfaisant pour expliquer la formation des petites
planètes comme la nôtre, mais s'avère
insatisfaisant pour expliquer la formation des géantes
gazeuses si proches de leur étoile.
Il se pourrait fort bien que le modèle de formation
des planètes par accrétion visqueuse *durant*
la formation de l'étoile (le modèle de Lemaître)
s'avère finalement plus utile pour expliquer la formation
de géantes gazeuses...
Ces planètes, au lieu d'être comme maintenant
des "filles" de leur étoile, deviendraient en quelque
sorte plutôt les "soeurs" de leur étoile.
Bien entendu, tout ceci n'est encore que spéculation:
il va nous falloir de plus gros télescopes orbitaux
pour pouvoir observer en détails les globules de Bok
et les disques de gaz et de débris qui entourent les
étoiles jeunes ou en formation afin de comprendre les
mécanismes de formation des planètes...
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- Cher
prof Clairembart:
Dans tous les programmes SETI, y a t-il déjà
eu des écoutes dans le domaine des ondes ELF?
La réponse du prof:
D'abord un rappel: les fréquences de 300 Khz à
30 Khz sont appelées LF et correspondent à des
longueurs d'onde de 1 à 10 kilomètres, alors
que les ELF correspondent à toutes les fréquences
en bas de 30 Khz, soit les longueurs d'ondes supérieures
à 10 km.
Ensuite, la réponse est non: on n'a pas encore fait
d'écoute SETI dans le domaine des ELF et il est peu
probable qu'on en fasse avant un bon bout de temps.
Pour deux raisons:
1. En SETI, on a besoin d'antennes directionnelles (pour
pouvoir établir de quelle région du ciel provient
le signal). Pour être un tant soit peu directionnelle,
une antenne (ou un groupe d'antennes) doit avoir des dimensions
nettement supérieures à la plus grande longueur
d'onde à recevoir. En pratique, ça veut
dire qu'une antenne pour radiosatronomie ou SETI doit être
plus grande que 10 longueurs d'ondes. En ELF, les longueurs
d'ondes vont de 10 à 100 km et plus, ce qui veut dire
qu'une antenne utilisable (mettons) de 10 à 30 Khz
devrait avoir au moins 300 km dans sa plus petite dimension.
On imagine facilement les problèmes que poserait la
construction de telles antennes.
2. En ELF, la zone comprise entre le sol et l'ionosphère
se comporte comme un guide d'ondes ayant d'assez faibles pertes
(principalement par absorption dans le sol et/ou dans l'eau).
Ceci veut dire que les signaux captés par une antenne
ELF située dans l'atmosphère terrestre proviennent
quasi exclusivement de sources situées elles aussi
dans l'atmosphère terrestre (je considère l'ionosphère
comme faisant partie de l'atmosphère, bien entendu!).
En fait, lorsqu'on écoute les signaux présents
sur ces bandes, on n'y trouve qu'assez peu de signaux artificiels
(radars regardant par dessus l'horizon, communications destinées
à des sous-marins, dispositifs de radio- localisation
[périmés] et quelques émissions expérimentales)
noyés dans énormément de bruit naturel
(provenant principalement de l'ionosphère [et lié
à l'activité solaire] et des orages).
En somme, pour pouvoir utiliser les ELF en radioastronomie
comme en SETI, il faudrait pouvoir construire d'immenses antennes
en orbite très loin de la Terre ou sur la face cachée
de la Lune.
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- Cher
prof Clairembart:
Quelles seraient nos chances d'être détectés
par un système semblable à celui que nous utilisons
(antennes radio, Hubble) par une planète extrasolaire?
La réponse du prof:
Plusieurs questions, ça!
- détection optique de notre planète par un
télescope, spatial ou au sol: zéro chance dans
l'état actuel de la technologie des télescopes
- ça augmentera un peu lorsque nous pourrons installer
en orbite lointaine un télescope de 10 m de diamètre
ou plus...
- détection radio: un amateur équipé
d'une antenne parabolique de 3 mètres de diamètre
peut facilement détecter des signaux de 10e-21 watts
par mètre carré, alors qu'un radio-télescope
de 100 mètres de diamètre pourra peut-être
atteindre 10e-25 watts par mètre carré.
Un émetteur de télé de 1 mégawatts
couvrant une bande de 9 degrés autour de l'horizon
dans tous les azimuths (une combinaison pas trop rare de nos
jours) produit un signal d'environ 1 watt par mètre
carré à 1 km de l'émetteur, donc un signal
d'environ 10e-25 watts par mètre carré à
3*10e12 km de l'émetteur, soit 10e8 secondes de lumière
ou environ 3.17 années-lumière (à titre
de comparaison, la plus proche étoile se trouve à
environ 4.6 années-lumière d'ici).
Est-ce que cela veut dire que nous ne sommes pas détectables
depuis les plus proches étoiles par des civilisations
ayant le même niveau technologique que nous? Non,
pour plusieurs raisons:
1. le radio-télescope d'Arecibo a une ouverture
équivalente à 200 mètres de diamètre
- il est donc 4 fois plus sensible qu'indiqué plus
haut et pourrait détecter notre hypothétique
émetteur de la télé nationale jusqu'à
6.34 années-lumière de distance.
2. certains de nos émetteurs portent bien plus
loin que cela: un radar aérien typique émet
des impulsions modulées (des "chirps" en jargon) de
4 mégawatts sous-tendant un secteur angulaire de 30
degrés de haut par 3 degrés de large, donnant
un signal de 144 watts par mètre carré à
une distance de 1 km, ou une portée 12 fois plus grande
que notre station de télé, soit 38 années-lumière
(le double si leur récepteur vaut Arecibo).
Donc oui, nos chances d'être détectés
par des programmes SETI radio jusqu'à une quarantaine
d'années-lumière de distance ne sont pas nulles.
Il y a plus: nous avons utilisé (et utilisons encore)
les antennes de certains radio-télescopes pour envoyer
des signaux radar très intenses (dépassant plusieurs
kw par mètre carré à une distance de
1 km) en direction de certaines planètes et de certains
astéroïdes de notre système solaire - ces
signaux seront encore détectables à plusieurs
centaines d'année-lumière d'ici lorsqu'ils y
parviendront (dans plusieurs centaines d'années, bien
sûr!). Quant à penser que ceux qui détecteront
de tels signaux en déduiront notre existence, j'avoue
avoir un fort doute: nous détectons plusieurs fois
par année des signaux de ce genre mais comme ils sont
très brefs et ne se répètent pas, nous
ne sommes pas en mesure de dire si ce sont vraiment des signaux
artificiels provenant d'E.T. - à mon grand regret
-...
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- Cher
prof Clairembart:
Quelle est la limite de taille permettant une détection
de planète autour d'une étoile?
La réponse du prof:
Actuellement, environ 0.1 fois la masse de Jupiter si la planète
est très proche de son étoile, allant jusqu'à
plusieurs fois la masse de Jupiter si la planète est
beaucoup plus loin de son étoile que Jupiter ne l'est
du Soleil...
C'est qu'on ne détecte encore les planètes que
par l'effet de leur attraction gravitationnelle sur l'étoile
autour de laquelle elles orbitent. Et ça prend
une planète lourde pour avoir un effet qui soit mesurable.
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- Cher
prof Clairembart:
J'ai lu un article je ne sais où sur un petit astéroïde
en rotation sur l'orbite terrestre ayant une trajectoire en
forme de fer à cheval.Est-ce exact?
La réponse du prof:
Pas vraiment. Il a une orbite elliptique autour du Soleil,
comme tout le monde, mais si on trace sa trajectoire sur une
carte du système solaire en coordonnées héliocentriques
géo-alignées (explication plus loin), on se
rend compte que cette trajectoire reste confinée dans
une sorte de fer-à-cheval contenant à ses deux
extrémités les points de Lagrange 4 et 5 du
système Terre-Soleil.
Bon, c'est quoi cette carte hélio-centrique géo-alignée?
Et bien, c'est une carte du système solaire dont un
axe (par exemple l'axe des abscisses) tourne autour du Soleil
avec la Terre, de façon à ce que la position
de la Terre sur cette carte ne change jamais (elle est alors
de 1 U.A. en abscisse pour 0 U.A. en ordonnée).
Sur cette carte, les points de Lagrance sont aussi des endroits
fixes, Lagrange 4 et Lagrange 5 étant situés
à 60 degrés de la Terre de part et d'autre de
celle-ci, à la même distance du Soleil (soit
1 U.A.).
Si tu portes tous les jours la position de cet astéroïde
sur notre carte hélio-centrique géo-alignée,
tu vas voir qu'il suit une trajectoire très bizarre
- trajectoire qui reste tout le temps confinée dans
une sorte de fer-à-cheval englobant les points de Lagrange
4 et 5 et faisant le tour du Soleil du côté *opposé*
à la Terre.
Par contre, si tu portes tous les jours la position de cet
astéroïde sur une carte ayant le soleil au cantre
mais alignée sur les étoiles, tu verras très
nettement qu'il est en orbite autour du Soleil, sur une orbite
elliptique affectée d'une notable précession
(son ellipse tourne elle aussi autour du Soleil).
La découverte de l'existence de ce genre d'orbites
est assez récente (on a découvert ces orbites
en analysant les trajectoires des astéroïdes Troyens
en fonction de la trajectoire de Jupiter, il y a moins de
20 ans).
Comment savoir s'il n'y en a pas d'autres? En observant
la région autour les points de Lagrange 4 et 5 du système
Terre-Soleil à l'aide de télescopes très
puissants (Kubble ou Keck) pendant une longue période.
Il est probable que cet astéroïde ne soit pas
seul de sa catégorie.
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- Cher
prof Clairembart:
Comment détecte-t-on des planètes extrasolaires
?
La réponse du prof:
L'effet Doppler, c'est un changement de fréquence de
la lumière (la fréquence augmente quand l'étoile
s'approche de nous, diminue quand elle s'éloigne),
pas une variation de luminosité.
Ce changement permet de fréquence montre que l'étoile
tourne autour du centre de gravité du système
et permet de calculer à quelle vitesse s'effectue cette
rotation ainsi qu'à quelle distance du centre du système
se trouve le centre de l'étoile.
La période de rotation de l'étoile nous donne
la période de rotation de la planète qui l'entraîne,
ce qui nous donne la distance entre l'étoile et la
planète; la distance au centre du système nous
donne la masse de la planète. Ceci à un
détail près: l'angle entre le plan de l'orbite
de la planète et la droite reliant cette étoile
à notre télescope - quand on "voit" le plan
orbital sur la tranche, les masses et distances calculées
sont exactes, alors que quand on "voit" le plan orbital "à
plat" on n'observe aucun effet Doppler et on "manque" la planete
correspondante.
Il y a deux autres méthodes utilisées de nos
jours pour rechercher des planètes autour d'autres
étoiles:
1. mesurer les déplacements latéraux de
l'étoile cette méthode ne peut fonctionner que
pour les étoiles les plus proches, ces déplacements
correspondant à un petit nombre de milli-arc-seconde
(millièmes de seconde d'arc) et étant donc très
faibles et très difficiles à mesurer;
2. détecter la faible variation de luminosité
due au passage d'une planète entre l'étoile
et nous (la planète "masque" alors un petit peu l'étoile).
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- Cher
prof Clairembart:
Comment se fait-il que les ondes radio voyagent à
la vitesse de la lumière, les deux sont des ondes,
ok, mais...?
La réponse du prof:
La lumière et les ondes radio, c'est *exactement* la
même chose (des ondes électro-magnétiques)
sauf pour la fréquence (c'est-à-dire: le nombre
de vibrations par seconde). Les fréquences de
la lumière sont beaucoup plus élevées
que celles de la radio.
Par exemple: le vert-jaune auquel notre oeil est le plus sensible
la nuit a une fréquence de 545 000 000 000 000 Hz ou
545 teraherz, la radio FM chaîne 1 de Radio-Canada émet
à la fréquence de 95 100 000 Hz ou 95.1 mégaherz.
Donc, étant toutes deux le même type d'ondes,
elles se propagent toutes deux à la même vitesse
(environ 300 000 km/s).
En bref, tous les photons circulent à la vitesse de
la lumière. Les photons vont des ondes radio
(ELF, LF, MF, HF, VHF, UHF) aux infra-rouges thermiques (ou
lointains - les deux vocables sont passablement équivalents),
aux infra-rouges proches, à la lumière visible
(du rouge au violet en passant par le jaune, le vert et le
bleu), aux ultra-violets (doux et durs), aux rayons X (doux
et durs) pour arriver enfin aux rayons gamma - cette liste
est en ordre croissant de fréquence et donc d'énergie.
On appelle rayons gamma les photons (ou ondes électro-magnétiques
- c'est la même chose) dont l'énergie est du
même ordre que l'énergie correspondant à
la masse d'un électron ou même plus élevée.
Les ondes gravitationnelles (qu'on n'a jusqu'à présent
observé que de façon très indirecte)
se propagent aussi à la vitesse de la lumière,
mais il faut faire attention: ces ondes-là n'ont quasiment
rien à voir avec ce qu'on entend généralement
par la force de gravité.
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- Cher
prof Clairembart:
Si on peut utiliser la lumière comme mode de propulsion
(voiles solaires), quelles autres ondes pourrait-on utiliser?
Serait-il envisageable dans un avenir proche ou lointain,
avec les connaissances humaines actuelles ou futures (en extrapolant)
de construire des vaisseaux spatiaux propulsés par
d'autres ondes que la lumière (photons)?
La réponse du prof:
Toutes les ondes électro-magnétiques (donc tous
les photons) - mais leur énergie (et donc l'efficacité
de ta voile) augmente avec leur fréquence, ce qui fait
que des ondes radio n'exerceraient qu'une très faible
poussée sur une voile solaire. Les ondes gravitationnelles
sont inutilisables: elles n'exercent aucune poussée.
Pour le reste, on ne connaît pas encore *toute* la physique,
il y a peut-être encore d'autres formes d'ondes à
découvrir...
Quant à des vaisseaux propulsés par d'autres
ondes que les photons ? Non, la physique contemporaine
ne permet pas d'envisager cela, ni à court ni à
long terme. Mais il n'y a pas que les ondes, pour se
propulser... Tu te souviens de mes articles à
ce sujet dans Galaxies? Tu les trouveras sous le titre
"Irons-nous visiter les étoiles? " sur mon site
web: http://www.cafe.edu/sf/
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- Cher
prof Clairembart:
Bioastronomie, exobiologie? Quelqu'un peut-il m'expliquer
la différence entre ces deux termes?
La réponse du prof:
Exobiologie est le terme choisi anciennement par les auteurs
de SF pour désigner ce que les astronomes ont préféré
appeler plus tard la bioastronomie, c'est-à-dire: l'étude
de tout ce qui, dans l'espace, a un lien avec le phénomène
vivant.
Le terme bioastronomie est apparu en 1979 lors d'un congrès
de l'Union Astronomique Internationale (UAI en francais, IAU
en anglais) qui se tint à l'Université de Montréal
durant l'été 1979. Chose amusante, j'ai
participé a l'organisation de ce congrès...
Il m'en reste quelques souvenirs (maquettes de satellites,
photo aérienne de Mauna Kea avec sa couronne de télescopes,
parapluie-carte du ciel made-in-Sweden, etc...).
La session sur la vie hors la Terre eut en effet un grand
succès, mais de deux ordres: si une bonne part des
jeunes astronomes présents au congrès fut très
intéressée par l'idée, quelques idiots
firent circuler des caricatures assez mordantes confondant
les travaux de cette session avec les élucubrations
des pseudo-soucoupistes qu'on peut voir s'agiter de temps
à autre dans les journaux à sensation...
Chose amusante, ces caricatures firent rire tout le monde,
mais pas au dépends des "nouveaux" bioastronomes.
;^)
Une commission fut créée pour le prochain congrès
qui eu lieu en 1982. Cette commission 51, s'intitula
: "Bioastronomy, Search for Extraterrestrial Life" et donna
à SETI le même statut que l'étude des
galaxies. La commission 51 de l'IAU marque nettement
le moment où la bioastronomie mit son premier pied
dans le "mainstream" des recherches astronomiques. Ne
nous leurrons pas, il y a encore maintenant beaucoup d'astronomes
professionnels qui ne prennent pas au sérieux les recherches
en bioastronomie, et faire un doctorat dans le domaine n'est
possible qu'à un fort petit nombre d'universités.
Dans "Is anyone Out There" Drake explique le choix du mot
"bioastronomy" par son collègue Papagiannis en le définissant
comme l'étude de phénomènes astronomiques
liés à la vie et en déclarant le terme
exobiologie un peu ridicule (trop connoté SF) tandis
que le mot astrobiologie met l'accent sur la vie et non l'astronomie,
ce qui ne convenait pas!
Un autre point (je ne me souviens plus qui l'avait soulevé)
était que le terme "exobiology" ne contenait aucune
référence à l'astronomie et qu'il y avait
donc peu de chances qu'il soit accepté comme nom pour
une commission de l'IAU. Cette remarque avait provoque
quelques rires. Quant à "astrobiology"
(Drake est trop gentil dans ses souvenirs), je pense me rappeler
que le terme a été tué par une remarque
(anonyme?) comme quoi ce mot faisait plutôt penser à
de la biologie pratiquée à une échelle
et des coûts astronomiques, et avait donc une connotation
peu propice pour ce "nouveau" champ d'études.
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-
Cher prof Clairembart:
Que vaut le projet Seti@home?
La réponse du prof:
C'est bel et bien de détecter un signal radio qu'il
s'agit: la présence ou l'absence d'une porteuse n'est
qu'incidente à la détection du signal.
Bien des modes de modulation actuellement utilisés
se passent allègrement de porteuse - La BLU (Bande
Latérale Unique), par exemple n'émet qu'une
des deux bandes latérales du signal modulé:
la porteuse et l'autre bande ne sont pas transmises.
Nous n'en sommes pas encore au point où parler d'analyse
de contenu est raisonnable: nous avons tout d'abord à
découvrir dans quelle direction tourner nos antennes
pour capter le signal - on verra comment l'analyser une fois
qu'on l'aura détecté. C'est justement
là qu'intervient le projet SETI@HOME: il s'agit d'aider
les scientifiques à découvrir dans quelle direction
tourner les antennes pour capter les chaînes E.T..
;^)
Le logiciel permet d'extraire du bruit de fond les signaux
cohérents - la cohérence d'un signal radio est
une caractéristique qui le rend très différent
d'un bruit - y compris le bruit de fond. Nous pouvons
actuellement détecter des signaux cohérents
qui sont "noyés" dans du bruit plus de 10 fois plus
intense que le signal à détecter.
Le projet SETI@HOME, tout comme les autres projets de SETI
en ondes radio font *exactement* cela: analyser le spectre
du bruit radio provenant d'une région donne du ciel
pour voir si ce bruit contient un signal cohérent,
donc probablement artificiel.
Si le signal est émis en direction d'un autre objet
en mouvement orbital autour de la même étoile
que l'émetteur (mais pas autour du corps qui porte
l'émetteur), on peut s'attendre à capter le
signal durant quelques secondes plutot que durant une fraction
de seconde. Les signaux émis par la NASA en direction
des sondes en orbite autour de Mars, par exemple, pourront
être captés pendant quelques secondes par des
ET à bord d'un vaisseau orbitant autour d'une étoile
à quelques années-lumière d'ici.
Rien ne ressemble plus à un bruit aléatoire
qu'un signal à haute densité d'information -
ce qui peut le différencier d'un simple bruit, c'est
sa cohérence, pas l'information transmise. Désole,
mais c'est comme cela: la *seule* caractéristique qui
permet de reconnaître un signal artificiel d'un bête
bruit, c'est sa cohérence, emphatiquement *pas* l'information
qui module ce signal! Une fois un signal clairement
détecté, il vaudra la peine d'orienter de grandes
antennes dans la direction d'où provient ce signal
afin d'en capter de longs segments, longs segments dont l'analyse
détaillée pourra peut-être permettre d'en
découvrir le codage et d'en étudier le contenu...
Ne mettons pas la charrue avant les boeufs...
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
Pourrait-on écouter les signaux traités par
Seti@home?
La réponse du prof:
Les données sont suffisantes pour reconstituer de façon
reconnaissable tout signal de moins de 10 Khz de bande passante
(théorème de Shannon), puisqu'on a 20 000 echantillons
par seconde avec un bit par échantillon.
Le signal original est transformé par une FFT de 2048
points, puis le resultat est retransformé par 256 FFT
inverses de 8 points chacune. Cela transforme les 2048
echantillons d'un bit chacun (donnant une bande passante de
2,5 Mhz) en 256 paquets de 8 echantillons d'un bit chacun
(chaque paquet ayant une bande passante de 9765 Hz), donc
2048 bits en entrée donnent 2048 bits en sortie: on
n'a ni créé ni perdu d'information.
- un paquet de 2048 échantillons d'un bit chacun prélevés
à 5 000 000 échantillons par seconde correspond
à une bande passante de 2,5 Mhz
- l'opération de FFT suivie de FFT inverse décrite
plus haut redécoupe ce signal en 256 paquets correspondant
chacun à une bande passante de 9765,625 Hz (256 fois
9765,625 Hz égale 2,5 Mhz) sans perte ni gain d'information
- chacun de ces paquets contient donc 8 échantillons
d'un bit chacun
- on collecte alors les paquets successifs correspondant à
une même bande de 9765 Hz jusqu'à en avoir pour
une durée d'environ 107 secondes, on appelle ça
une unité de travail et on l'envoie à l'ordi
d'un des bénévoles de seti@home pour analyse.
On a tout ce qu'il faut pour reconstruire raisonnablement
les 107 secondes de signal avec 9765 Hz de bande passante.
Comme les échantillons n'ont qu'un seul bit (ce sont
des 1 et des 0), on pourrait se contenter de les envoyer tels
quels au petit haut- parleur de son PC à raison d'un
échantillon toutes les 50 micro- secondes (soit 20
000 échantillons par seconde) pour entendre le signal
original dans toute son horreur. ;^)
Pssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss
On peut faire un peu mieux en faisant une FFT glissante (utilisant
par exemple une fenêtre de Hanning) suivie d'une FFT
inverse identique où l'on garderait plus de bits par
échantillon, mais cela reviendrait à "créer"
de l'information qui ne se trouve pas dans le signal original,
donc à *augmenter* le bruit au détriment d'un
éventuel signal d'origine artificielle.
Un truc qui marche assez bien pour rendre audible ce genre
de signaux consiste à transformer le bruit blanc du
signal original en un bruit rose (beaucoup moins désagréable
aux oreilles) en procédant à une intégration
numérique du signal avant de l'envoyer comme entrée
au système audio de son PC. Le truc consiste
à simuler un compteur qui incrémente de 1 à
chaque échantillon 1 et décrémente de
1 à chaque échantillon 0; on initialise le compteur
à 0 puis on lui donne les bits des échantillons
dans l'ordre et on utilise la valeur résultante du
compteur comme entrée pour le système audio
du PC.
Je dois avouer que le résultat n'est pas beaucoup plus
intéressant à entendre que les données
brutes, mais il écorche moins les oreilles et s'il
y avait une voix là-dedans, on l'entendrait immédiatement.
Quant au résultat de l'analyse faite par le logiciel,
c'est une table des pics les plus intenses avec les valeurs
correspondantes, la mesure de la dérive, de la bande
passante, de la fréquence centrale, etc. On pourrait
l'utiliser pour reproduire le signal correspondant, via une
FFT spécialement ajustée pour chaque pic, ce
qui donnerait un ensemble de sifflements dissonnants ressemblant
largement aux "whistlers" radio qui accompagnent les aurores
boréales ou australes.
Tu dois t'attendre à une cacophonie abominable ressemblant
énormément au souffle avec crachottements et
sifflements que l'on entend en ondes courtes quand on cale
son récepteur à une fréquence où
il n'y a pas d'émetteur.
Tout ceci fait qu'on a même du mal à pouvoir
reconnaitre quelque chose dans ces interférences terrestres.
Aux fréquences que l'on balaye (autour de 1 420 Mhz)
les interférences d'origine humaine sont essentiellement
des signaux numériques, lesquels "sonnent aux oreilles"
exactement comme du bruit blanc. Tu ne devrais pas t'attendre
à pouvoir reconnaître quoi que ce soit à
l'oreille, tant dans les données avant analyse que
dans les résultats après analyse.
Les radioastronomes soit s'habituent à entendre ce
genre de bruit, soit (et c'est la règle générale)
s'abstiennent d'écouter les signaux reçus et
se contentent de les mettre à bas volume en bruit de
fond dans la salle des instruments quand il y a des visiteurs
ou quand les instruments signalent des propriétés
unusuelles des données reçues.
Ainsi je me souviens d'avoir eu un jour une surprise de taille
quand l'oscilloscope qui nous permettait de visualiser le
signal provenant de l'ampli d'antenne s'est mis à "pomper":
on voyait l'intensité du signal augmenter puis diminuer
de façon assez lente et régulière.
Un des techniciens s'est empressé d'agmenter le volume
au haut-parleur et le bruit facilement reconnaissable d'une
respiration profonde s'est fait entendre. On s'est tous
regardés l'air interloqués: quel phénomène
solaire (le radio-télescope était tourné
vers le soleil) peut-il émettre ce genre de signal?
Après un instant, le technicien en électronique
nous a ramenés sur Terre en disant: "Merde! Le
condensateur de l'alimentation a pété et l'oscillateur
pompe... Me faudra au moins une demi-heure pour réparer
ça." Notre bruit intéressant n'était
que l'effet d'une panne...
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- Cher
prof Clairembart:
Une antenne pour le seti, peut-elle servir aussi pour écouter
les corps célestes?
La réponse du prof:
Certainement!
Une antenne suffisante pour détecter un émetteur
situé quelque part dans notre coin de la Galaxie (hors
du système solaire) est certainement assez sensible
pour permettre d'écouter un très grand nombre
de corps célestes. Les plus faciles à
détecter sont:
- la Lune (par l'écho qu'elle renvoie des signaux émis
sur Terre)
- le Soleil (très bruyant à certaines fréquences)
- Jupiter (audible entre à peu près 15 Mhz et
1.5 Ghz)
- la radio-source Cygnus-A (correspond au centre de la Galaxie)
et évidemment plusieurs pulsars...
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- Cher
prof Clairembart:
les données recueillies par les radiotélescopes
comme celui d'Arecibo doivent-elles être qualifiées
de radiométriques, ou plutôt de télémétriques
?
La réponse du prof:
On réserve usuellement le terme "données télémétriques"
aux données reçues par télécommunication
d'un instrument situé à distance, par exemple
aux données provenant d'une sonde spatiale. On
utilisera plutôt "données radiométriques"
pour les données obtenues par un radiotélescope
comme celui d'Arecibo ou celui de Nancay.
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- Cher
prof Clairembart:
Quelle est la taille du sytème solaire et de l'univers
rapportée à une échelle plus petite?
La réponse du prof:
L'univers étant infini (en première approximation),
il est difficile de le ramener à une eçhelle
plus petite sans faire disparaître tous les détails.
;^)
On peut néanmoins faire une série de comparaisons
successives assez intéressantes, par exemple:
- Mettons la Terre au diamètre d'une bille de verre
( 1 cm ) placée dans un coi d'un terrain de foot (soccer
pour les nord-américains), le Soleil est alors un gros
ballon de plage ( 1,1 m de diamètre ) placé
au coin diagonalement opposé, donc à 120 mètres
de distance.
- Ramenons maintenant le diamètre de l'orbite de la
Terre à 1 cm (donc la même bille de verre): les
orbites de toutes les planètes, sauf Pluton, tiennent
sur un 33 tours (oui, un vieux disque noir): l'orbite de Neptune,
avec 30 cm de diamètre, se trouve exactement au bord
du disque. Pluton, elle, décrit une orbite très
elliptique qui l'amène à passer plus des 3/4
de son temps hors du disque (elle va jusqu'à 10 cm
du bord du disque); à son périhélie,
Pluton pènètre de plus de 3 cm à l'intérieur
du noir du disque ;^)
Ce disque de 30 cm de diamètre représente donc
le système planétaire de notre Soleil, mais
notre système solaire est bien plus grand que cela.
- Réduisons donc le système planétaire
d'un facteur 30: Neptune orbite maintenant à la surface
de notre bille de verre de 1 cm de diamètre.
La sphère de Oort, qui contient toutes les comètes
et les cailloux en orbite lointaine autour du Soleil, a maintenant
un diamètre d'un peu plus de 40 mètres: centrée
dur notre bille, elle s'étend jusqu'à un sixième
de la diagonale de notre terrain de foot: voilà la
limite du système solaire. La plus proche étoile
(Proxima du Centaure) est 4.22 fois plus loin, donc à
près de 85 mètres de notre bille.
Les deux étoiles suivantes (Alpha du Centaure A et
B) se trouvent 15 cm plus loin, la suivante (l'étoile
de Barnard) se trouve presque à l'extrémité
de la diagonale du terrain de foot, à 118 mètres
de notre bille.
- Ramenons le système solaire à notre bille
de 1 cm de diamètre. Le bord extérieur
de la Galaxie se trouve au delà des gradins à
l'autre bout de la diagonale du terrain de foot, à
près de 160 mètres de la bille, alors que le
centre de la Galaxie se trouve dans la direction opposée
à environ 320 mètres de nous...
- Ramenons la Galaxie à notre disque de vinyle ( 30
cm de diamètre ): le système solaire est un
point minuscule à 10 cm du centre et 5 cm du bord.
Les Nuages de Magellan (deux petites galaxies en orbite autour
de la nôtre) ont l'un (le Grand Nuage) le diamètre
d'un citron (environ 7 cm) et l'autre (le Petit Nuage) celui
d'un très gros raisin (environ 2 cm) et sont situés
à près de 30 cm du bord de de notre disque de
vinyle. La galaxie d'Andromède est un disque
de près de 45 cm de diamètre situé à
environ 6 mètres de nous, et la galaxie Maffei 1 est
un disque de 35 cm de diamètre situé à
près de 12 mètres de notre Galaxie. Il
y a quelques dizaines d'autres petites galaxies dans le Groupe
Local, le diamètre de celui-ci étant d'environ
20 mètres, centré approximativement sur la galaxie
d'Andromède.
- Réduisons le Groupe Local à notre disque de
30 cm de diamètre: le Super-Amas de la Vierge, dont
le Groupe Local fait partie, occupe un diamètre de
15 mètres. Au coeur de ce Super-Amas se trouve
l'Amas de la Vierge, un groupe de près de 2 500 galaxies
confiné dans une sphère de moins de 50 cm de
diamètre située à environ 3 mètres
de notre Groupe Local. Le Super-Amas au complet comprend
plus de 10 000 Galaxies, pour la plupart plus petites que
la nôtre mais dont certaines sont plus de 10 fois plus
grande...
- Réduisons enfin le Super-Amas de la Vierge au diamètre
de notre disque ( 30 cm ), nous trouvons 3 autres super-amas
ayant à peu près la même taille, le plus
lointain étant à près de 7,2 mètres
de nous. Il y a aussi plein d'amas plus petits encombrant
l'espace jusqu'à une distance de plus de 40 mètres
dans toutes les directions. La zone qui s'étend
de 5 à 30 mètres de distance contient la plupart
des quasars, mais il y a des amas de galaxies jusque bien
au-delà de 30 mètres...
Au delà, il n'y a plus grand-chose à voir, la
lumière provenant de ces régions n'ayant pas
encore eu le temps de nous atteindre... C'est donc la
limite de l'univers visible, mais pas la limite de l'univers
tout court. ;^)
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- Cher
prof Clairembart:
Et si les signaux des ET ne se trouvaient pas dans les
bandes de fréquences que nous écoutons?
La réponse du prof:
Il est fort possible que les signaux des ET ne se trouvent
pas dans les bandes de fréquences que nous écoutons
en SETI mais dans des bandes que nous utilisons à d'autres
fins (télé, radio, radars, liaisons satellites,
fours à micro-ondes, etc.). De tels signaux seraient
en effet complètement noyés dans tout le fatras
électro-magnétique que nous émettons.
Pour pouvoir étudier ces bandes et y détecter
d'éventuels signaux ET, il nous faudrait monter des
antennes de grande taille soit de l'autre côté
de la Lune (c-à-d: sur sa face cachée ou en
orbite halo autour du point de Lagrange situé au-dessus
de la face cachée de la Lune), soit à très
grande distance de la Terre (p.ex.: 1a 150 millions de km
en avant ou en arrière de la Terre sur son orbite autour
du Soleil - ce sont les points de Lagrange 4 et 5 du système
Terre-Soleil, situés à la même distance
de nous que le Soleil - rejoindre ces deux points puis en
revenir coûterait moins d'énergie mais plus de
temps qu'aller sur la Lune puis en revenir).
Des antennes situées à ces endroits seraient
stables et fort peu sujettes aux interférences d'origine
terrestre.
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- Cher
prof Clairembart:
Si un Contact est découvert, quelle attitude auront
les scientifiques par rapport au reste du monde?
La réponse du prof:
Je ne peux pas parler pour tous les chercheurs dans le domaine
de SETI, mais ceux que je connais, s'ils reçoivent
un signal qui leur paraît d'origine ET, commenceront
par essayer très sérieusement de confirmer l'origine
non-terrestre et artificielle du signal, en demandant par
exemple à des collègues situés à
d'autres observatoires de refaire les onservations qu'ils
ont faites et de vérifier s'ils captent un signal ayant
les mêmes caractéristiques.
Si l'origine artificielle et extra-terrestre du signal est
solidement confirmée, ils annonceront publiquement
cette découverte et donneront les caractéristiques
du signal permettant ainsi à toute personne ayant les
moyens techniques adéquats de capter ledit signal.
Si l'origine extra-terrestre n'est pas confirmée, ile
ne publieront rien.
Si elle est confirmée mais que le signal s'avère
naturel plutôt qu'artificiel, ils publieront cette découverte
dans une revue scientifique spécialisée en astronomie
ou en astrophysique.
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- Cher
prof Clairembart:
A quelle distance la civilisation terrienne a-t'elle émis
des ondes dans l'espace?
La réponse du prof:
Il suffit de raisonner en temps: un signal radio électromagnétique
terrestre a parcouru la distance en années-lumière
égale au temps en années depuis lequel il a
été émis.
Un point à considérer est la réfraction
des ondes radio par l'ionosphère, réfraction
qui a pour effet d'empêcher les signaux de fréquence
inférieure à environ 14 Mhz de se propager au-delà
des hautes couches de l'atmosphère (cette limite de
14 Mhz fluctue assez fortement entre un maximum juste en deçà
de 30 Mhz et un minimum aitué entre 5 et 10 Mhz).
Ceci veut dire qu'il a fallu attendre le début des
émissions par ondes courtes (dans les années
'30) pour que des signaux radio atteignent enfin l'espace
interplanétaire et qu'il a fallu attendre le début
des émissions de haute puissance en ondes très
courtes et ultra-courtes (dans les années '60) pour
qu'on envoie dans l'espace des signaux radio d'une intensité
suffisante être détectables à la distance
des plus proches étoiles par des équipements
semblables aux nôtres.
Les signaux des émetteurs de télé (aux
alentours de 1 megawatt) sont transmis dans toutes les directions
à la fois, ce qui fait qu'ils ne sont pas d'une intensité
suffisante pour être détectés par des
récepteurs semblables aux nôtres à des
distances de quelques dizaines d'années-lumière.
Les signaux les plus puissants jamais émis sont en
fait les signaux des radars planétaires utilisés
pour cartographier depuis la Terre les autres planètes
et les astéroïdes, des signaux de puissance fort
supérieure à celle des radars de contrôle
aérien sont aussi utilisés pour transmettre
des instructions aux engins interplanétaires les plus
lointains (les deux sondes Voyager, les deux sondes Pioneer
et la sonde Galilee).
La puissance instantanée des signaux des radars planétaires
dans une direction donnée dépasse par un facteur
mille ou plus celle des radars de surveillance militaire ou
de contrôle aérien.
En tenant compte d'une capacité de détection
similaire à la nôtre, les signaux d'une intensité
suffisante n'ont franchi que moins de 25 années-lumière.
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- Cher
prof Clairembart:
Peut-on supposer que dans un rayon de 25 années
lumière, il n'y a pas de vie intelligente capable de
dialoguer avec nous?
La réponse du prof:
Pour que des ET nous détectent, il faut plusieurs conditions
:
1- d'abord ils faut qu'ils soient là, avec une civilisation
technologique suffisante,
2- ensuite il faut qu'ils aient leur propre programme SETI
bien organisé et qu'ils écoutent dans notre
direction avec des antennes suffisantes,
3- enfin il faut que nos signaux leurs parviennent.
Pour que nous détections leur réponse, il faut
aussi plusieurs conditions:
4- d'abord il faut qu'ils détectent dans nos signaux
une demande de contact amical, en effet qui irait signaler
sa présence à un voisin qui menace de tirer
sur tout ce qui bouge?
5- ensuite il faut qu'ils décident de répondre
à cette demande de contact amical.
6- puis il faut que leur réponse nous parvienne.
7- enfin il faut que nous ayons un programme SETI bien organisé
et que nous écoutions dans leur direction avec des
antennes suffisantes.
Les problèmes sont à mon avis du côté
du point 1 et du point 4.
En effet:
1- si j'ai estimé à plus de 200 le nombre de
soleils capables d'avoir une planète susceptible d'abriter
la vie dans un rayon de 36 a-l, la même logique m'amène
à estimer à moins de 70 le nombre de soleils
similaires dans un rayon de 25 a-l. N'oublions pas que
le volume d'une sphère croît comme le cube du
rayon et que les étoiles sont réparties dans
le volume de la sphère atteinte par nos émissions
TV. Les chances sont près de 3 fois plus élevées
de trouver des ET dans une sphère de 36 a-l que dans
une sphère de 25 a-l.
4- il me semble que la construction d'un émetteur galactique
destiné spécifiquement à signaler notre
présence et à déclencher les prises de
contact pourrait être perçue comme un pré-requis
pour l'établissement d'un premier contact : tant que
nous n'irons pas frapper aux portes du réseau galactique,
il est bien possible que personne ne nous propose d'y entrer.
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- Cher
prof Clairembart:
Et si les systèmes planétaires étaient
des éléments comparables à des atomes,
à notre échelle, l'univers pourrait-il être
une poupée gigogne?
La réponse du prof:
C'est une jolie image, mais elle n'est pas réaliste,
la réalité ne fonctionne pas comme ça.
Regarde: dans tout l'univers, tous les atomes de carbone C12
sont identiques entre eux; tous les atomes d'hydrogène
H1 sont identiques entre eux, tous les atomes d'oxygène
O16 sont identiques entre eux. Mais dans tout l'univers,
il n'y a pas deux galaxies identiques entre elles. Pas
moyen de faire une chimie qui fonctionne de façon prédictible
si les atomes sont tous différents; et sans chimie,
pas de vie.
Donc non, désolé, nos systèmes solaires
et nos galaxies ne sont pas les atomes d'un hyper-univers,
et il n'y a pas de systèmes solaires minuscules dans
les atomes de nos univers.
Mais c'est dommage! :^(
Ce serait, poétiquement parlant, tellement élégant
si l'univers était vraiment récursif de cette
façon-là. ;^)
C'est au moins depuis la civilisation grecque que les poètes
se posent cette question: y aurait-il tout un univers caché
dans chaque grain de sable? En fait c'est probablement
une question bien plus ancienne que cela. Elle nous
vient peut-être des tous débuts de l'humanité...
En tous cas, des tous débuts de la poésie!
;^)
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- Cher
prof Clairembart:
Etre passionné(e) de science-fiction, est-ce sérieux
?
La réponse du prof:
Mais c'est très sérieux, être passionné(e)
de SF, non mais! ;^)
J'en écris, moi de la SF, et je suis un garçon
vachement sérieux! ;^)
La SF, pas sérieuse? Tsss....
Tiens, par exemple, as-tu lu les 5 volumes de "Tyranaël",
par Élisabeth Vonarburg ? (aux éditions
Alire - http://www.alire.com)
Ça, c'est de la SF sérieuse! Pas seulement
par le volume...
On s'offre en effet une sérieuse dose de plaisir quand
on lit cette pentalogie, et c'est pas seulement parce que
j'en ai repeint les décors du point de vue scientifico-technique:
planétologie, astronomie, ecologie, biologie, minéralogie,
tectonique, technologie des terriens, techno des Tyrnaõ,
techno des virginiens, j'ai retravaillé tout ça
(pendant deux ans) pour permettre à Élisabeth
Vonarburg d'offrir à ses lecteurs un univers qui se
tienne logiquement tout en restant conforme à sa subjectivité
d'auteure (tout un travail!). Mais c'est Élisabeth
qui a tout écrit, et elle écrit diablement bien!
Une oeuvre magistrale, Tyranaël! ;^)
Dans une première étape, É.V. m'a envoyé
toute la doc qu'elle avait accumulée en 30 ans de gestation
de cette épopée.
Des tonnes de notes, des cartes, des croquis, ce genre de
choses.
J'ai tout lu ça.
Ensuite elle m'a expliqué le "background" de son roman
de 1000 ans: ce qu'elle voulait que sa planète (Tyranaël)
fusse, comment elle voyait ses habitants, sa faune, sa flore,
les climats des différentes régions, etc.
Là, j'ai tout analysé ça, d'abord en
termes astronomiques (quel type d'étoile, quelle orbite
pour la planète, quelles orbites pour les lunes, quelle
étoile de ce type se trouve assez proche de la Terre,
etc), puis en termes climatologiques (ampleur et régime
des marées, vents dominants et zones climatiques, etc),
géologiques (chaînes de montagne, plaques tectoniques
et leurs mouvements séculaires, volcans et failles,
zones de subduction et de charriage, etc) et géochimiques
(densité et composition des roches, différenciation
géologique de la planète, paucité des
éléments lourds près de la surface, méthodes
d'extraction des métaux lourds applicables aux minerais
pauvres, etc).
Ensuite j'ai continué avec une étude des écosystèmes
locaux que ces infos impliquaient, en détaillant faune
et flore avec leurs interactions. Restait enfin une
étude des technologies disponibles pour les habitants
en fonction de ce que leur environnement met à leur
disposition.
Élisabeth a tout lu ça, on en a rediscuté,
raffiné les détails et puis on a décidé
d'un commun accord que je connaissais ainsi sa planète
mieux même qu'elle ne la connaissait. Il était
temps de passer au travail proprement dit.
E.V. m'a donc envoyé le manuscrit du premier
tome, que j'ai lu, commenté et corrigé pour
tous les aspects techniques et scientifiques (donc aussi pour
tout le décor) ainsi que pour les aspects culturels
liés aux technologies et aux sciences (p.ex.: comment
réagit un contrôleur aérien plongé
soudainement dans une situation catastrophique pour les engins
dont il contrôle le vol).
Je lui ai renvoyé ces commentaires et corrections,
elle a réécrit ce qu'il fallait de ce premier
tome, m'a renvoyé les parties réécrites,
que j'ai révisées. Je lui ai fait part
de mes révisions, elle a fait d'ultimes corrections
puis a envoyé ce premier tome à l'éditeur.
Pour les tomes suivants, on a gardé la même méthode:
elle m'envoyait le manuscrit avec quelques notes sur ce qui
lui paraissait essentiel ou fragile, je révisais et
commentais, elle réécrivait, et ainsi de suite
jusqu'à arriver à un texte adéquat.
Cinq gros tomes à ce régime, ca bouffe pas mal
de temps!
Mais le résultat en vaut la chandelle: c'est sans doute
la saga SF la plus sérieusement documentée depuis
l'apparition du genre il y a quelques millénaires (la
SF prend son origine dans le genre épique avec l'épopée
de Gilgamesh).
Les titres des 5 tomes sont:
- Les Rêves de la Mer - Tyranaël 1 - ISBN 2-922145-02-6
- Le Jeu de la Perfection - Tyranaël 2 - ISBN 2-922145-03-4
- Mon Frère l'ombre - Tyranaël 3 - ISBN 2-922145-04-2
- L'Autre Rivage - Tyranaël 4 - ISBN 2-922145-11-5
- La Mer allée avec le soleil - Tyranaël 5 - ISBN
2-922145-13-1
Et vous trouverez mon nom à la page des remerciements.
;^)
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- Cher
prof Clairembart:
Le monde est-il mathématique, peut-on se servir
des maths pour communiquer avec des extraterrestres?
La réponse du prof:
Les sciences construisent des modèles du fonctionnement
de l'univers.
Depuis que l'humain a imaginé de mesurer ce qui l'entoure,
ces modèles sont devenus quantitatifs, donc nécessairement
mathématiques.
Toute autre espèce intelligente et technologique développera
sans aucun doute des sciences, donc des modèles équivalents
aux nôtres. J'ai bien dit: équivalents,
pas identiques.
Pour permettre le développement quantitatif de ces
modèles, il leur faudra, comme nous, inventer des mathématiques.
Leurs maths et les nôtres seront nécessairement
équivalentes, vu qu'elles servent à décrire
un même univers.
De nouveau, j'ai dit équivalentes, pas identiques.
Il est hautement probable que plusieurs aspects de leurs maths
seront identiques aux aspects correspondants des nôtres,
sauf pour ce qui est de la notation. Le théorème
de Gödel, par exemple, est sans doute aussi universel
en maths que le tableau périodique des éléments
en chimie.
Le monde n'est pas nécessairement mathématique
(encore que ce soit fort possible), mais les êtres intelligents
inventent des modèles mathématiques qui permettent
de décrire son fonctionnement le plus adéquatement
possible, donc des modèles qui sont équivalents
quelle que soit l'espèce intelligente qui les développe
(en effet, ces modèles décrivent tous un seul
et même monde et permettent donc de prédire les
mêmes conséquences à partir des mêmes
causes).
Ceci implique que les maths utilisées dans ces modèles
sont, elles aussi, équivalentes. Ceci implique
aussi que leurs sciences nous seront (au moins en partie)
compréhensibles (peut-être moyennant un apprentissage
de choses que nous n'avons pas encore découvertes).
Autrement dit, nous sommes dans le cas où des ET ont
pu faire les mêmes découvertes, comprendre de
la même façon le monde et l'on a une chance de
se rencontrer un jour peut-être, même si le monde
n'est pas nécessairement mathématique.
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- Cher
prof Clairembart:
La terraformation de Mars est-elle réaliste?
La réponse du prof:
C'est un scénario deja exploré par Arthur C.
Clarke dans "The snows of Olympus" et par Kim Stanley Robinson
dans la trilogie "Red Mars", "Green Mars", "Blue Mars".
C'est théoriquement possible, quoique l'écosystème
ainsi créé serait encore très fragile
mille ans après le début de la terraformation.
Nos technologies actuelles ne permettent pas encore ce genre
d'exploit, mais on peut rêver et espérer que
d'ici quelques centaines d'années nous serons en effet
capables de faire revivre Mars.
La difficulté technique principale vient du fait qu'un
tel projet exigerait un niveau d'automation que nous sommes
encore très loin d'avoir atteint. La difficulté
la plus importante, par contre, n'est pas d'ordre technique:
qui va investir dans un projet dont les premiers dividendes
ne seront obtenus que plusieurs générations
après que les investisseurs initiaux seront morts de
vieillesse?
C'est le même problème qui rend actuellement
peu probable la création de colonies sur la Lune ou
sur Mars: il n'y a pas d'argent disponible pour des investissements
à vraiment long terme.
Si tu lis mon papier "Irons-nous visiter les étoiles? "
publié dans Galaxies il y a quelques années
et disponible sur mon site Web http://www.cafe.edu/sf/,
tu verras que je propose la création d'une Coop pour
le développement de l'espace: il me semble que c'est
la seule facon de contourner le problème du manque
de fonds, problème dû à la structure même
de notre société néo-libérale.
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
Ces êtres venus d'ailleurs pourraient-ils être
asexués, ou androgynes/hermaphrodytes?
La réponse du prof:
Possible mais peu probable: la fréquence de l'hermaphrodisme
sur Terre décroît avec la complexité des
organismes, d'une façon qui semble plus ou moins liée
au dimorphisme masculin/féminin, lequel semble lié
à l'évolution des liens entre individus, donc
à la formation des sociétés hétérogènes
- fourmis, termites et abeilles forment des sociétés
homogènes, la plupart des oiseaux et mammifères
forment des sociétés oligogènes, mais
les humains et quelques autres espèces forment des
sociétés hétérogènes (oui,
il y a une tendance à l'oligogénéité
dans l'humanité). Evidemment, on n'a pas encore
d'exemples provenant d'autres écosystèmes que
le nôtre...
Retour haut de page
- Cher
prof Clairembart:
Qui était Carl Sagan?
La réponse du prof:
Bon, bin, qui était Carl Sagan?
D'abord, c'était un ami.
Un ami de tous ceux qui l'ont rencontré. Un ami
de tous ses élèves (il était biologiste
et astrophysicien).
Un ami de (presque) tous ses collègues (oui, il y a
eu des jaloux à cause du succès inattendu de
la série Cosmos, mais ça a fini par se tasser).
Un ami personnel aussi, de bien des gens qui ne le connaissaient
qu'à peine ou qui le connaissaient très bien.
Mais d'abord et avant tout, c'était un amoureux de
la vie, un ami de l'écosystème, un défenseur
des humains et un champion (au sens moyen-âgeux du mot)
de la recherche scientifique.
Carl était aussi un ennemi déclaré de
toute superstition, de toute croyance irrationnelle, de tout
argument d'autorité, de toute révélation
non vérifiable.
Carl était américain, un peu naïvement
patriote (surtout quand il était jeune: il s'assagissait
un peu avec l'âge), blanc d'origine sémitique,
athée et heureux de vivre. Il s'est marié
plusieurs fois, ses déboires familiaux se terminaient
en divorces assez spectaculaires, jusqu'à ce qu'il
rencontre Ann Druyan, qui a co-écrit plusieurs livres
avec lui.
Parmi les bouquins de Carl, je recommande "The demon-haunted
world". C'est vraiment son testament spirituel.
Carl a fondé, avec Louis Friedman, la Planetary Society,
une association sans but lucratif visant à développer
l'exploration spatiale, association dont je suis membre.
http://www.planetary.org/
Est-ce que Carl était un grand scientifique?
Oui et non. On lui doit plusieurs découvertes,
somme toute assez mineures. Mais c'était un très
grand professeur, il a formé un très grand nombre
de scientifiques de toute première classe (ses élèves
ont fait - souvent sous sa direction - beaucoup plus de découvertes
que lui, et des découvertes beaucoup plus importantes
que les siennes) et a servi de modèle et de guide à
bon nombre d'autres scientifiques.
C'était aussi un très grand vulgarisateur, chose
qu'il voyait comme un prolongement de son travail de prof.
C'était enfin un incroyable meneur d'hommes, qui a
toujours refusé d'utiliser son indéniable charisme
à d'autres fins que présenter aux autres ce
que la science nous apprend du monde.
IL était plein d'humour et adorait les jeux de mots.
;^)
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- Cher
prof Clairembart:
Nos connaissances en physique et chimie s'appliquent à
l'univers tout entier. Et si des univers différents
avec une physique différente existaient?
La réponse du prof:
Ils seraient hors d'atteinte pour nous.
Bon, tout ça est un peu bref, je vais donc tenter d'expliquer
le plus clairement possible.
(a) nos connaissances en physique et chimie
Ces connaissances sont sous forme de modèles mathématiques
décrivant comment fonctionnent certains aspects ou
certains éléments de notre univers. Ces
modèles sont utilisés parce qu'ils permettent
de prédire avec une bonne précision le comportement
des dits aspects ou éléments de notre univers.
Ce sont donc des modèles dont on sait, par expérience,
qu'ils donnent des prédictions fiables. Ces modèles
ne sont pas absolus, dans la mesure où il reste possible
que l'on découvre des situations dans lesquelles les
predictions de ces modèles seraient moins fiables.
Lorsque cela arrive, on développe de nouveaux modèles
donnant des prédictions plus fiables dans ces situations
nouvelles tout en donnant des prédictions au moins
aussi fiables que celles des anciens modèles dans les
situations ou l'ancien modèle fonctionnait bien.
Il est donc clair que ces connaissances, loin d'être
absolues, sont un reflet de l'état actuel de notre
compréhension du fonctionnement de l'univers et seront
donc appelées à changer en fonction de l'évolution
de cette compréhension.
(b) s'appliquent à l'univers tout entier
Prenons d'abord la physique: toute la physique contemporaine
se déduit d'un modèle assez simple, dont les
entités primordiales sont l'énergie et l'espace-temps
et où l'énergie se transmet via quatre type
de forces (la force nucléaire forte, la force nucléaire
faible, la force électromagnetique et la force gravitationnelle).
De ce modèle on peut déduire certaines propriétés
de la matière que nous pouvons mesurer a très
grande distance (via les télescopes et radio-télescopes).
Or ces mesures donnent les mêmes résultats dans
tout l'univers observable, donc ce modèle s'applique
à tout l'univers observable.
Ensuite la chimie (note: la chimie est ce qui arrive à
la physique quand les systèmes de particules étudiés
deviennent complexes) : ici aussi nos modèles scientifiques
permettent de prédire des propriétés
de la matière que l'on peut mesurer a très grande
distance via les télescopes et les radio-télescopes.
Ici aussi, les mesures donnent les mêmes résultats
dans tout l'univers observable, donc ce modèle-ci s'applique
lui aussi à tout l'univers observable.
(c) des univers différents avec une physique différente
nous seraient hors d'atteinte
Le modèle de base de la physique étant assez
simple, les théoriciens de la physique se sont posés
un tas de questions du type: "qu'arriverait-il si telle ou
telle propriété fondamentale de l'univers était
différente? ".
Pour une bonne partie des questions de ce type, cela se simule
assez facilement sur ordinateur, mais le résultat est
loin d'être intéressant : dans l'immense majorité
des cas, l'univers ainsi obtenu ne permettrait pas la formation
des structures complexes (particules sub-atomiques, atomes,
molécules, étoiles, planètes, etc) qui
permettent notre existence.
Ces univers-là nous seraient (s'ils existaient) à
jamais hors d'atteinte: non seulement ne pourrions-nous pas
y exister, mais en plus aucun de nos instruments de mesure
ne pourrait y exister.
Pour des très petites variations de certains des paramètres
du modèle de base, toutefois, on pourrait obtenir des
univers très proches du notre ou même complètement
identique au notre. Curieusement, dans tous ces cas,
ces petites variations sont du même ordre de grandeur
que l'incertitude de la mesure desdits paramètres,
ce qui donne à penser que tous ces univers "vivables"
n'en forment en fait qu'un seul: celui dans lequel nous vivons.
En plus, il semble bien que notre univers soit le plus complexe
de tous les univers possibles parmi toutes les variantes étudiées
de notre modèle de base de la physique, observation
remarquable qui m'amène à émettre une
une conjecture vraiment fascinante et qui me surprend moi-même:
non seulement notre univers serait-il l'univers le plus complexe
possible, mais en plus il évoluerait de façon
à maximiser sa complexité.
Notez que cette conjecture de complexité maximale de
l'univers, que je viens de formuler pour la toute première
fois, n'est *absolument pas* démontrée: c'est
une conjecture, rien de plus.
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- Cher
prof Clairembart:
Que peut-on trouver comme vie sur Mars, Europe et Titan?
La réponse du prof:
Sur Mars: il y a sans grand doute des microbes ou des nanobes
(probablement encore vivants et actifs, sinon fossiles) dans
les couches géologiques de Mars, à des profondeurs
allant de quelques kilomètres à quelques dizaines
de km, *si* le gradient thermique est suffisamment élevé,
c-à-d: si le coeur de Mars est encore assez chaud.
Maintenant, pour découvrir ces êtres vivants,
il faudrait que Mars soit occupée par une colonie ou
station ayant des moyens techniques suffisants, ce qui ne
risque guère d'arriver de la façon dont nos
dirigeants gèrent nos programmes spaciaux...
Sur Europe: là aussi, microbes et nanobes sont plus
plausibles que des êtres pluricellulaires (tous ceux
qu'on trouve près des évents sous-marins sur
Terre descendent d'êtres ayant évolué
en eux peu profondes).
Sur Titan: chimie organique, certainement. Avec toute
la panoplie des composés complexes que l'on trouve
dans les nuages moléculaires de la Galaxie. Mais
du prébiotique ou de la vie? Pas plus qu'on n'en
trouve dans les nuages sus-mentionnés. Il fait
trop froid pour entretenir des réactions chimiques
permettant la formation d'organisations aussi complexes que
des cellules, même fort simplifiées.
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- Cher
prof Clairembart:
C'est quoi l'effet Lense-Thirring?
La réponse du prof:
L'effet Lense-Thirring ou "frame dragging", aussi (malheureusement)
nommé "gravitomagnétisme" n'a absolument rien
à voir avec le magnétisme, sauf le nom et une
vague analogie dans les effets (d'où le nom).
Lorsqu'un corps massif est affecté d'un mouvement de
rotation, il entraîne en rotation l'espace-temps local
lui-même. Il faut préciser que moins un
corps est dense moins il entraîne ainsi l'espace-temps
dans sa rotation: à la limite, un vide en rotation
ne fait pas tourner l'espace-temps local et un corps hyper-dense
(tel un trou noir ou une étoile-neutron) entraîne
rigidement l'espace-temps dans sa rotation. C'est cela
l'effet Lense-Thirring ou "frame dragging".
On l'appelle gravitomagnétisme parce qu'il peut induire
des courants de matière dans des corps massifs voisins,
un peu comme un champ magnétique peut induire des courants
électriques dans des conducteurs voisins. Comment
cela? Et bien, tout corps massif plongé dans
un espace-temps en rotation subira un effet d'entraînement
(principe de réciprocité) et tendra à
tourner sur lui-même, mais à des vitesses qui
varient d'un endroit à l'autre (un peu comme l'effet
de marée), ce qui aura pour effet perceptible de faire
se déplacer certaines parties de ce corps par rapport
au reste - c'est cela un courant de matière.
Les physiciens ont tendance à se partager en deux camps
par rapport au gravitomagnétisme: selon les uns, cet
effet très faible n'a pas encore été
détecté et mesuré de façon crédible
(il y a un projet de la NASA pour ce faire, cedule pour l'an
2000), tandis que selon les autres, cet effet est détecté
et mesuré tous les jours avec une excellente précision,
sous le nom d'inertie. En effet, ces derniers expliquent
l'effet de Mach (l'axe d'un gyroscope est immobile par rapport
aux étoiles lointaines, la force centrifuge n'est nulle
que pour sans rotation par rapport aux étoiles lointaines,
etc) par l'effet Lense-Thirring, impliquant donc que l'espace-temps
est rigidement fixé à l'immense masse que constitue
l'ensemble des étoiles, galaxies et autres corps lointains,
ce qui expliquerait comment un corps se déplaçant
à vitesse constante ne subit aucun effort alors qu'un
corps accélérant (soit linéairement,
soit par rotation) subit un effort (on appelle ce phénomène
l'inertie).
Pour l'instant, la question n'est pas tranchée.
Et le magnétisme là-dedans?
Eh bien, il n'y en a tout simplement pas.
Et le couplage entre magnétisme et gravitation?
Eh bien, il n'a clairement rien à voir avec le gravitomagnétisme.
Et le papier de Li et Torr?
En 1989, la Dr Ning Li de l'université d'Alabama à
Huntsville, a montré que l'on peut stocker de grandes
quantités d'énergie dans la rotation des ions
d'un réseau cristallin superconducteur en le soumettant
à un champ magnétique variable, énergie
qui, comme toute énergie, contribue au champ gravitationnel
de l'objet.
Une remarque importante: les ions en rotation engendrent des
champs magnétiques locaux (spins) se compensent deux
à deux (les spins s'alignent par paires opposées)
en temps normal, ce qui fait que leurs contributions au champs
gravitationnel de l'objet se compensent et n'est donc pas
mesurable.
Toutefois, si l'on superpose à cet objet un champ magnétique
intense, les spins des ions vont s'aligner sur ce champ d'origine
externe et cesseront donc de se compenser mutuellement, ce
qui devrait engendrer l'apparition du champ gravitationnel
dû à la densité d'énergie des ions
en rotation.
Cet effet est entièrement prédictible à
partir de la théorie de la relativité généralisée
et de nos connaissances sur les propriétés des
super-conducteurs (c'est d'ailleurs cela que Li et Torr expliquent
dans leur premier papier sur le sujet).
il semble que Li et Torr fluctuent dans leur emploi des vocables
gravitomagnétisme et magnéto-gravitation.
D'un article à l'autre, ils emploient ces deux termes
indifféremment... Ce qui fait râler plus
d'un physicien théoricien et n'aide pas leur crédibilité...
Leurs papiers se trouvent dans les publications usuelles du
domaine: Intl J. Physics et autres standards du genre,
disponibles à la bibliothèque des Sciences ou
à celle de Physique de l'université la plus
proche.
Li et Torr discutent la possibilité d'un possible effet
apparenté qu'ils appellent electro-gravitation (en
anglais).
Et l'expérience de Podkletnov?
En 1992, le Dr Podkeltnov de l'université de Tampere
en Finlande, a découvert par accident que les objets
placés au-dessus d'un disque superconducteur tournant
à grande vitesse dans un champ magnétique intense
semblaient peser 2 % moins lourd qu'en temps normal.
Pour quelqu'un qui ne s'intéresse que de loin à
la relativité généralisée, cette
expérience semble être une confirmation de l'effet
magnéto-gravitique prédit par les Dr Ning Li
et Douglas Torr, mais hélas, le signe du changement
de poids signalé par le Dr Podkletnov est opposé
à celui prédit par les travaux de Li et Torr,
en effet les mesures effectuées impliquent une réduction
(notable: 2%) du champ gravitationnel total alors que les
équations de Li et Torr impliquent une augmentation
(très faible) dudit champ dans les conditions de l'expérience...
L'université d'Alabama à Huntsville et l'université
de Tampere ont donc formé un groupe conjoint chargé
d'étudier ce phénomène, groupe dont font
partie entre autres les Dr Li, Torr et Podkletnov. L'étude
est encore en cours.
Voila mon point de vue sur la question.
Lis les pages web de profs de physique bien connus.
John Baez est un bon exemple si tu t'intéresses à
la théorie quantique de la gravitation, par exemple.
Si tu préfères la pratique, je te conseille
plutôt de lire ce que James Woodward met sur sa page
web.
Baez: http://math.ucr.edu/home/baez/
Woodward:
http://chaos.fullerton.edu/Woodward.html
La page de Baez te guidera aussi vers la FAQ de physique.
;^)
Celle de Woodward donne les plans d'un "impulse drive" qui
marche. ;^)
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-
Cher prof Clairembart:
Quid du problème de l'impossibilité communicationnelle
entre différents niveaux d'intelligences?
La réponse du prof:
La communication c'est l'échange et la circulation
d'informations dans un réseau reliant des systèmes
émetteurs et des systèmes récepteurs,
par l'intermédiaire d'un message codé, ce qui
constitue, dès lors, un "langage".
Le choix d'un mode communicationnel entre individus d'une
même espèce est déterminé par l'évolution
phylogénétique de cette espèce, considérée
en fonction de la pression de l'environnement, dont certains
de ces facteurs sont extrêmement déterminants
au point de fixer presque complètement la modalité
de communication.
Exemple: pour des êtres évoluant dans un fluide
(air ou eau, par exemple), les modalités de communication
possibles sont entièrement définies par les
propriétés physiques de leur milieu.
- en l'absence de contact physique direct entre individus,
les seules modalités de communication possibles pour
un individu sont:
1 * par diffusion dans le fluide de composés chimiques
détectables par les autres individus (p.ex.: phéromones)
2 * par des actions, gestes, mouvements et poses visibles
par les autres individus (p.ex.: danse, mime, grimaces, attitudes)
3 * par fabrication d'objets (artefacts) dont la forme, la
structure ou les détails de celles-ci encodent des
informations d'une façon compréhensible par
d'autres individus et en délégant à ces
objets la fonction de transfert de l'information (p.ex.: écriture,
peinture, sculpture, cinéma)
4 * par émission d'ondes de pression pouvant se propager
dans le fluide et être détectées par les
autres individus (p.ex.: parole et musique)
5 * par émission d'ondes électro-magnétiques
pouvant se propager dans le fluide et être détectées
par les autres individus (p.ex.: les lumières des lucioles,
la radio, la télé)
- lors d'un contact physique direct entre deux individus,
ils peuvent ajouter aux modalités de communication
précitées les suivantes:
6 * par pression exercée par un individu sur l'autre
(par exemple: caresses)
7 * par transfert de composés chimiques ou de cellules
d'un individu à l'autre (p.ex.: copulation)
8 * par modulation de la température des parties en
contact (p.ex.: réchauffement des mains et des pieds
lors du désir sexuel)
La modalité 3 implique l'existence d'une technologie
et les modalités 3, 4 et 5 sont seules à permettre
une communication cohérente à grande distance:
en effet 6, 7 et 8 impliquent un contact physique direct,
la diffusion (1) est pratiquement impossible à contrôler
à grande distance et la gestuelle (2) n'est bien visible
qu'à des distances beaucoup plus courtes que la portée
du son et de la lumière.
La séquentialité de la parole est due à
l'utilisation d'une seule source de sons (la bouche).
L'emploi de symboles (c'est-à-dire: l'emploi d'un code)
est inhérent à toute forme de communication.
Tout symbole est une référence (un pointeur,
en jargon informatique) désignant un percept ou un
concept. En transmettant un symbole codé à
mon interlocuteur, j'attire son attention vers le percept
ou le concept désigné par ce synbole *dans*
mon interlocuteur lui-même. Je ne transmet donc
d'aucune façon "une vague esquisse extra- ordinairement
déformée" de l'information correspondante, je
me contente de désigner à son attention cette
information telle qu'il la possède en lui-même
(donc multi-modale, archi-complexe et tout ça).
Nos "output" sont parfaitement adéquats pour transmettre
des symboles désignant les concepts et percepts que
nous désirons communiquer. Ce qui est moins adéquat,
c'est le vocabulaire (c-à-d: la liste des paires "symbole
/ concept ou percept") qui varie plus ou moins fortement d'un
individu à l'autre. Le grand intérêt
des mathématiques et des sciences, justement, c'est
qu'elles définissent de façon univoque un ensemble
de paires "symbole / concept" et permettent ainsi une communication
aussi exacte que détaillée dans leurs domaines
d'application respectifs.
Quant au faux problème de la perte d'information par
l'emploi de symboles pour transmettre des informations, on
l'évacue facilement en se rappelant que *toute* communication
est inhéremment codée, donc symbolique, parce
que tout processeur d'information (y compris notre cerveau)
ne peut traiter que des représentations codées:
notre cerveau ne perçoit pas notre environnement, il
ne perçoit que les symboles qui lui sont communiqués
par nos sens, il ne traite en fait que des symboles.
Percepts et concepts hyper-truc-muche et multi- machins ne
sont en fait que symboles que se communiquent les uns aux
autres les neurones des différentes régions
de notre cerveau.
- l'efficacité d'un canal de communication est l'inverse
du coût nécessaire pour y transmettre un symbole
élémentaire
- la largeur de bande d'un canal de communication est le nombre
de symboles élémentaires que ce canal peut transmettre
par unité de temps (on la mesure en bauds)
- le codage d'un canal de communication est la table qui indique
quelle séquence de bits est représentée
par chacun des symboles élémentaires.
L'efficacité et la largeur de bande d'un canal de communication
sont déterminés par les propriétés
physiques dudit canal. Seul le codage est déterminé
par convention entre l'émetteur et le récepteur,
une fois choisi le canal de communication.
Tout mode de communication transmis via un seul canal à
la fois est inhéremment séquentiel. Tout
mode de communication est inhéremment codé,
donc symbolique.
Un être intelligent doit non seulement être capable
de percevoir son environnement, mais aussi être capable
de l'affecter. Il lui faut donc non seulement des senseurs
mais aussi des effecteurs. Il ne faudrait toutefois
pas oublier qu'un être intelligent a aussi besoin d'un
équipement de traitement des informations en provenance
de ses senseurs et à destination de ses effecteurs,
c-à-d: l'équivalent d'un système nerveux
central: un processeur d'informations.
Le "sonar" des cétacés active en effet dans
leur cerveau non seulement les centres auditifs mais aussi
les centres visuels et kinesthésiques, ce qui implique
que les sons qu'ils percoivent leur servent à édifier
une image mentale 3D de leur environnement, tout comme nous
le faisons nous aussi. (Chez nous aussi, les centres
visuels et kinesthésiques du cerveau sont affectés
par les sons que nous percevons - c'est ce qui nous permet
de savoir de quelle direction proviennent les sons).
La différence essentielle est que le couplage entre
les centres auditifs et visuels chez les cétacés
est beaucoup plus dense que chez nous, ce qui veut dire que
leur perception 3D de l'environnement sonore est beaucpup
plus fine que la nôtre, ce qui rend plausible l'hypothèse
selon laquelle ils font ce que font certains humains aveugles,
c'est-à-dire utiliser cette perception 3D de leur environnement
sonore pour entretenir une image mentale de leur environnement
3D et de leur position dans cet environnement. On a
néanmoins pu prouver expérimentalement que les
cétacés n'ont pas la capacité de communiquer
entre eux ces images mentales *sauf* en se communiquant des
symboles par voie sonore - ils ont donc très exactement
les mêmes limitations que nous à ce sujet, chose
qui n'a rien d'étonnant pour toute personne ayant étudié
la théorie de l'information.
Nous possédons le même genre de système
d'imagerie mentale 3D que les cétacés, ce système
est chez eux plus étroitement couplé à
la perception des sons qu'il ne l'est chez nous.
Il est d'ores et déjà démontré
que les cétacés en question sont en effet capables
de percevoir leur environnement 3D via le médium des
sons (par écholocation).
Il est tout aussi démontré qu'ils ne sont pas
capables de ré-émettre les images ainsi obtenues,
*sauf* sous forme de symboles transmis séquentiellement.
Étant doté d'une mémoire visuelle "éidétique",
les images que je "revois" ainsi sur l'écran de ma
mémoire (pour reprendre un cliché éculé)
sont manifestement séquentielles - quand au rêve
éveillé, rares sont les humains qui en sont
incapables. ;^)
Non, je ne puis pas superposer une image "onirique" à
ma perception du monde extérieur: je peux seulement
substituer une image ou une séquence mémorisée
à cette perception: je vois l'une ou l'autre, pas les
deux ensemble.
Finalement, non, ce genre de mémoire "éidétique"
est bel et bien un processus symbolique, au point qu'il m'est
possible de "corriger" ou "modifier" partiellement une image
ou une séquence mémorisée, après
quoi je suis incapable de reconnaître l'original de
la version "corrigée" ou "modifiée".
Un éidétique peut cesser de regarder un arbre
et regarder plutôt dans ses souvenirs un arbre couvert
de feuilles, ou imaginer un tel arbre, rien de plus.
D'autre part, le processus n'est pas instantané et
exige un certain effort, une dépense de temps et d'énergie.
Il est parfaitement irrationnel et déraisonnable, pour
un être intelligent, de postuler l'existence d'êtres
jouissant de facultés incompatibles avec l'univers
tels que les sciences le lui montrent.
Comme déjà dit, la physique impose certaines
restrictions aux modes de communication : ils sont inhéremment
symboliques et s'ils passent par un seul canal, sont inhéremment
séquentiels.
Le fait est que nous captons de temps à autre des signaux
probablement artificiels (similaires à ceux qu'émettent
nos radars planétaires), ce qui permet aux optimistes
de mon genre de conclure que si nous n'avons pas encore capté
de communication dont l'origine ET soit démontrable,
c'est sans doute parce que les équipements que nous
utilisons pour ces recherches SETI ne sont pas encore adéquats:
il nous faudrait de plus grosses antennes situées hors
de l'atmosphère, peut-être dans d'autres bandes
de fréquences...
Si on pense au mot SETI, il y a un aspect non-séquentiel
parce que notre cerveau est "massivement" parallèle
dans son fonctionnement, mais il y a un aspect clairement
séquentiel en ce sens que retrouver cet "état
mental" évoqué par le mot "SETI" prend un certain
temps (bref, mais mesurable). Faut comprendre que quand
tu entends ce mot, tout ce que tu sais à son sujet
ne remonte pas à ton esprit, loin de là!
Ce qui se passe, c'est que ton cerveau se "reconfigure" (en
activant certains groupes de neurones plutôt que d'autres)
pour rendre rapidement accessibles les informations correspondantes,
sans plus. Ce processus correspond à la reconnaissance
du sens du mot "SETI". Réactiver certaines des
informations ainsi rendues plus disponibles n'aura lieu que
si d'autres éléments du message que tu reçois
évoquent aussi ces mêmes informations.
La phrase suivante, par exemple, invoquera beaucoup plus clairement
en toi l'image que tu as de Carl Sagan que la signification
du mot "SETI": "Carl Sagan, qui fut un des premiers scientifiques
de renommée internationale à prendre au sérieux
la recherche SETI, fut aussi non seulement l'animateur de
la célèbre émission Cosmos et un des
fondateurs - avec Louis Friedmann - de la Planetary Society,
mais surtout un professeur et un directeur de thèse
exceptionnel pour bien des chercheurs actuels en astronomie
et bioastronomie."
Le but de la communication n'est pas de clôner ta personnalité
dans le cerveau de quelqu'un d'autre, j'espère.
Le but de la communication n'est pas d'implanter TA vision
(avec tout ce qu'elle a d'intimement personnel) dans tes interlocuteurs,
mais plutôt de leur transmettre certains aspects de
cette vision, but fort adéquatement satisfait par le
langage.
Il ne peut exister quelque chose de plus performant, et cela
pour deux raisons :
1. Tu dois comprendre que transmettre intégralement
TA vision exigerait de copier ta personnalité dans
le cerveau de ton interlocuteur, ce qui exigerait de détruire
sa personnalité à lui et aurait pour effet de
réduire la diversité des points de vue sur SETI,
diversité qui est précisément indispensable
au progrès de ce domaine de recherche. Bref,
une transmission d'une telle précision n'est certainement
pas désirable!
2. Pour transmettre de l'information, tu dois passer
par un canal de communication (ou par plusieurs canaux, bien
sûr), or tout canal de communication a une largeur de
bande limitée, ce qui implique que toute transmission
via un canal de communication est forcément séquentielle
- c'est une caractéristique de la nature: tu peux transmettre
beaucoup d'informations en parallèle, bien sûr,
mais cela exige d'utiliser un grand nombre de canaux de communication
simultanément, ou tu peux "faire semblant" de transmettre
tes informations en parallele, en les multiplexant rapidement
par un canal de communication ayant une grande largeur de
bande (multiplexer, c'est transmettre séquentiellement
des informations qui sont conceptuellement transmises en parallèle).
En fait, c'est le point 2 qui explique la structure de nos
cerveaux: chaque neurone forme (entre autres) un canal de
communication fort lent (les informations y circulent à
une vitesse de quelques dizaines de mètres par seconde
- bien loin de la vitesse de la lumière).
Un cerveau sériel construit à partir de ce genre
de circuit serait bien trop lent pour assurer le fonctionnement
d'un être aussi complexe qu'un vertébré,
par exemple. La nature a donc dû se rabattre sur
l'utilisation d'un nombre immense de neurones fonctionnant
en parallèle pour donner au système nerveux
central une vitesse de fonctionnement suffisante - et encore
là, la nature a utilisé les mêmes techniques
que nos fabriquants d'ordis actuels pour aller plus vite:
elle nous a doté d'une mémoire-cache à
accès très rapide (située dans le cervelet)
dans laquelle notre cerveau stocke ce que nous appelons "les
réflexes", c'est à dire les routines les plus
fréquemment utilisées...
Il y a aussi une autre cache dans laquelle nous stockons temporairement
les informations les plus récemment traitées
(la mémoire à court-terme). Mais dans
tous les cas, les communications très rapides (tellement
rapides qu'elles nous paraissent non-séquentielles)
dans notre cerveau ne sont possibles que par l'emploi simultané
d'un nombre immense de canaux de communication, chacun d'entre
eux restant bel et bien séquentiel.
Comment établir une convention entre l'émetteur
et le récepteur, une fois choisi le canal de communication,
afin de déterminer le codage ? Fastoche.
Les maths et les sciences utilisent des langages universels.
Si tu envoies en séquence tes codes représentant
les nombres entiers successifs, par exemple, il y a peu de
chances que ton interlocuteur ET soit incapable de les identifier.
;^)
Pour passer à quelque chose de plus élaboré,
tu peux envoyer par exemple une séquence d'images binaires
(noir et blanc), chaque image ayant comme dimensions deux
nombres premiers (toujours les mêmes) - la première
image pourrait être toute blanche, la seconde pourrait
porter une barre horizontale en son milieu, la troisième
une barre verticale, la quatrième un signe plus, la
cinquième un cercle, etc. Ensuite tu passes aux
chiffres, transmettant une image du chiffre 1, deux images
du chiffre 2, 3 images du chiffre 3, 4 images du chiffre 4
et ainsi de suite...
Un peu plus tard, tu transmets des images en tons de gris:
un dégradé de gauche à droite, puis un
dégradé de haut en bas, puis un dessin d'un
cube dont les 3 parois visibles sont de teintes différentes,
etc.
Encore plus tard, tu peux établir une échelle
de couleurs à partir de l'image d'un prisme dispersant
un rai de lumière blanche, etc.
Te voilà donc en train de transmettres de images en
couleurs sans que tes interlocuteurs aient perdu le fil de
la conversation.
Tu peux alors passer à des paires d'images en stéréo
ainsi qu'à des séquences d'images animées,
tes interlocuteurs suivront.
Des séquences vidéo explicites (comme dans les
bonnes émissions de télé sur la nature)
seront alors facilement comprises par tes interlocuteurs.
Pour passer au texte écrit, tu leur transmets une image
du tableau périodique des éléments: les
éléments sont les mêmes partout dans l'univers,
tu as déjà établi ton codage pour les
nombres, ils découvrent ton codage pour les lettres
ainsi que les mots qui désignent les éléments.
Quelques expériences de chimie élémentaire
envoyées sous forme de séquences vidéo
leur suffiront pour établir les bases de notre vocabulaire
scientifique. Poursuit avec des séquences vidéos
de quelques expériences de physique élémentaire
et le vocabulaire commun s'accroitra rapidement. Quelques
démonstrations simples de géométrie puis
d'algèbre achèveront d'établir une bonne
base pour le vocabulaire des maths et des sciences.
Après cela, tu leur transmet le contenu d'un dictionnaire
vidéo: l'image du mot, celle de l'objet et une séquence
montrant comment on l'utilise et des trucs similaires pour
les verbes et les adjectifs...
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- Cher
prof Clairembart:
Si des ETI (extraterrestres intelligents) sont immortels,
pourquoi communiqueraient-il avec des mortels?
La réponse du prof:
La mort c'est la base même de la diversité génétique,
donc des différences entre individus, donc la diversité
des idées, donc de tout progrès moral ou techno-scientifique.
Autrement dit, la mort est le prix à payer pour avoir
l'évolution.
Donc les ETI meurent aussi. Bien sûr, il est possible
que certains d'entre eux décident de vivre *très*
longtemps avant de mourir. Je ne dirais pas non à
cela, moi non plus. ;^)
Communiquer avec des mortels? Mais pour quoi faire
puisqu'ils oublient tout à leur mort?
Argument sans valeur: dans toute espèce intelligente,
les individus transmettent à leurs descendants les
informations qu'ils ont acquises.
Cela s'appelle une culture. ;^)
Autrement dit, si les individus meurent, les informations
qu'on leur a transmises continuent d'exister dans leur culture,
leur société. C'est vrai pour les ETI
comme c'est vrai pour nous. Et les ETI sont *nécessairement*
des individus mortels. Faute de quoi leur espèce
est fossile (autrement dit: morte).
Lorsque les individus ne se renouvellent pas, l'évolution
de l'espèce s'arrête. Comme l'évolution
du reste de l'univers ne s'arrête pas, elle, l'espèce
finira par être submergée par des prédateurs
plus évolués ou des problèmes internes
à laquelle elle ne peut pas s'adapter, faute de pouvoir
évoluer. Fin de cette espèce.
Autrement dit, les ETI qui deviennent immortels ne font pas
long feu: l'univers se charge de les éliminer.
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-
Cher prof Clairembart:
Quelles sont les plus anciennes traces de vies trouvées
?
La réponse du prof:
Les preuves de vie les plus anciennes trouvées sur
Terre ont environ 3,9 milliards d'années. Les
roches les plus anciennes trouvées sur Terre sont d'origine
météoritique et on estime leur âge à
environ 4,5 milliards d'années, soit la période
de formation de notre système planétaire.
Dans le paquet, certains fragments compris dans les météorites
pierreuses pourraient s'avérer plus anciens et dater
de la dernière supernova qui a ensemencé le
nuage de poussière et de gaz dont une petite partie
s'est condensée pour former notre système solaire
(entre autres, les pourcentages des différents isotopes
d'aluminium pourrait indiquer une origine plus ancienne).
Ces fragments sont justement des grains de poussière
qui, assemblés avec d'autres lors de la formation de
notre système, ont formé des comètes
et des astéroïdes dont les débris nous
parviennent sous forme de météorites.
Il est maintenant clair que la soupe primitive était
formée de composés organiques, de composés
minéraux et d'eau provenant *tous* du bombardement
de notre planète en formation par des comètes
et planétoïdes. Il est aussi possible (pas
encore probable, mais déjà plausible) que dans
cette pluie originelle se trouvaient déjà des
cellules vivables/vivantes ou des précurseurs très
complexes de cellules vivantes de type procaryote.
Avec l'une des théories de panspermie actuellement
considérée plausible (dont on aurait seulement
ri il y a quelques années), on se demande maintenant
si cela n'implique pas que la plus grande part de la vie dans
notre galaxie serait basée sur une biochimie fort proche
de la nôtre: ADN, ARN, ATP/ADP et protéines dans
une bulle de solution saline emballée dans une membrane
largement lipidique...
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- Cher
prof Clairembart:
Que signifie hadalique?
La réponse du prof:
C'est un néologisme: qui concerne les grandes fosses
marines, qui se trouve dans les grandes fosses marines.
Le terme usuel pour désigner ce qui se trouve dans
les grands fonds marins est "benthique" mais certains scientifiques
ont forgé le mot hadalique pour désigner ce
qui se trouve plus bas que le fond océanique normal
et/ou pour désigner ce que l'on retrouve autour des
évents volcaniques. Le mot a d'abord fait son
apparition en anglais où son sens n'est pas encore
stabilisé par l'usage. Il n'est pas encore certain
qu'il fasse école en français.
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- Cher
prof Clairembart:
Qui étaient ces dieux antiques sinon des extraterrestres
venus dispenser leur savoir sur notre pauvre terre?
La réponse du prof:
Il est possible (quoique pas très probable) que certaines
de ces filiations divines aient été des références
à des gens disposant réellement de connaissances
dépassant celles de l'époque. Qu'il s'agisse
d'ET, de voyageurs temporels ou simplement de petits génies
locaux est une question à laquelle il est tout aussi
peu possible de répondre qu'à la question même
de la réalite de leur existence. Après
tout, moi aussi j'écris des contes de fées.
C'est pas une idée récente, il y a plein de
contes de fées parmi les textes qui nous sont parvenus
de l'antiquité. Est-ce que cela prouve que les
fées existent ou ont existé? Ou est-ce
que cela prouve que les humaines et les humains ont toujours
eu énormement d'imagination? Pour les fées,
je sais, elles existent: les celtes appelaient fées
les femmes les plus autonomes (celles qui choisissent elles-mêmes
leurs hommes, leurs facons de vivre et leurs lieux de résidence,
celles qui n'obéissent à aucune autorité,
aucune coutume et n'hésitent pas à prendre des
rôles sociaux usuellement réservés aux
hommes). Il y a encore plein de fées parmi nous,
nous avons seulement perdu la faculté de les reconnaitre
pour ce qu'elles sont, ce qui nous vaut pas mal de problèmes
que les celtes (qui admiraient et craignaient tout à
la fois les fées) n'avaient pas. Je vais même
jusqu'à conter leurs histoires (avec leur accord, bien
entendu!) - il y en a une sur mon site Web, intitulée
"mon deuxième conte", c'est une histoire vraie et un
conte de fées. Si si!
http://www.cafe.edu/sf/
En tant que scientifique, je ne nie pas que des Gens Inconnus
Bien Intentionnés (des GIBIs, quoi!) aient pu dans
l'antiquité donner un coup de main aux humains ici
ou là. Je remarque seulement que ce n'est pas
l'explication la plus simple pour les oeuvres qui nous étonnent
et que chacune de ces réalisations peut fort bien être
expliquée sur la base des techniques et des connaissances
de l'époque.
Les piles de Bagdad, par exemple, n'ont rien d'étonnant:
les électrodes sont faites de métaux disponibles
à l'époque où l'on pense qu'elles ont
été construites et les électrolytes disponibles
à l'époque auraient permis des courants comparables
à ceux fournis par nos petites piles alcalines actuelles
(quoiqu'à un voltage bien moindre). On suppose
qu'elles auraient pu servir en bijouterie au placage de petits
objets métalliques. C'est en tout cas le genre
de découverte qu'un bijoutier aurait facilement pu
faire à cette époque: deux objets faits de métaux
différents sont plongés dans un même bassin
d'eau salée (par exemple pour les nettoyer), dès
qu'ils entrent en contact, l'un se corrode, l'autre se couvre
d'un placage ayant l'aspect du premier. Et hop!
Découverte simultanée de la pile électrique
et de l'électro-placage, puis fortune du bijoutier
(qui devient après quelques essais) capable de fabriquer
des bijoux en bronze, en cuivre ou en étain (donc pas
chers) et de les plaquer ensuite d'argent ou d'or, donc de
les vendre comme si c'étaient des bijoux en argent
ou en or (donc fort cher). Pas longtemps plus tard,
invention du proces pour faux et usage de faux puis condamnation
du bijoutier et création d'une petite industrie locale
du faux bijou en argent ou en or. Rien d'étonnant
à cela.
Alors je n'ai pas d'opinion.
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Mais qui donc est Norman Molhant ?
Il est scientifique de formation (physique, chimie, cristallographie,
astrophysique).
Il est curieux de tout de nature et autodidacte en bien des
domaines de la technologie (électronique, informatique, micro-mécanique).
Il est (de fait) président et seul maître à bord d'ÉcoSystématica
inc., une compagnie canadienne qui fait de la recherche scientifique,
de l'informatique, de la traduction, de la conception d'instruments
scientifiques et de la création et gestion de sites Web.
Il est (par habitude) multi-lingue (français, anglais, néerlandais,
un brin d'allemand et d'espagnol, une trace de polonais, un
souvenir de grec classique et de latin, quelques douzaines
de langages de programmation et quelques mots d'un bon nombre
d'autres langues).
Il est (par hasard) citoyen de plusieurs pays (Grande-Bretagne,
Belgique et Canada) et habitant d'un seul (le Québec).
Il adore conter des histoires tendres et gentilles, raconter
l'univers et son histoire, écouter parler ceux qui ont besoin
de lui parler, dire des blagues (que beaucoup trouvent incompréhensibles),
vivre avec des gens aimables, faire la cuisine pour ceux et
celles qu'il aime, rendre heureux ceux et celles qui l'entourent,
réfléchir avant d'agir.
Ce qu'il fait dans la vie ?
Norman fait de la chimie, de la physique, de la docimologie,
de la science-fiction, de la poésie, des contes, de la vulgarisation
scientifique et technique, de la correction de textes, de
la programmation, des systèmes de sondages téléphoniques assistés
par ordinateur, de la modélisation scientifique, de l'enseignement
assisté par ordinateur, de la photographie, de la cuisine,
de la recherche en archéologie, du courrier sur l'internet
et un tas d'autres choses encore...
Norman aurait besoin de journées de 36 heures... :o)
Toutes les questions soumises deviennent la propriété
de la liste de la Seti League en France. La soumission
constitue votre permission pour nous de publier votre question
et notre réponse, sur ce site Web.
Quant aux réponses, elles restent la propriété
du Professeur Aristide Clairembart, alias Norman
Molhant.
Copyright © Norman Molhant
pour la SETI
League en France.
Dernière mise à jour: 26 septembre 1999
Faq réalisée par
Michel Babin
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