Un
protocole définissant les conditions auxquelles devrait obéir
l'annonce publique d'un éventuel "contact" a été élaboré. En voici
les grandes lignes présentées au symposium de Val-Cenis, en 1990.
Appartenance et vérification d'un signal extra-terrestre
Les scientifiques engagés dans cette recherche, et tout particulièrement
les radioastronomes, estiment que, si un signal est reçu, il devra,
dès sa détection, être considéré comme partie intégrante du patrimoine
culturel de l'humanité tout entière.
Après plusieurs versions préliminaires, un texte a été adopté
par l'IAA et l'Institut international de droit spatial en 1989,
par la Commission de bio-astronomie de l'Union astronomique internationale
(UAI) en 1991, et par le Comité de recherche spatiale (COSPAR)
et l'Union radioscientifique intemationale.
Déclaration SETI (préambule) :
"Nous, institutions et individus participant à la recherche
d'intelligence extraterrestre.
Reconnaissant que la recherche d'intelligences extra-terrestres
est une partie intégrante de l'exploration spatiale et est entreprise
dans des buts pacifiques et dans l'intérêt commun de toute l'humanité,
Inspirés par la signification profonde pour l'humanité de la détection
de preuves de l'existence d'intelligence extra-terrestre, même
si la probabilité de détection peut être faible [...]
Reconnaissant qu'une détection initiale peut être incomplète et
ambiguë et requiert alors un examen minutieux et aussi confirmation,
et qu'il est essentiel de maintenir les plus hauts niveaux de
responsabilité et crédibilité scientifiques,
Sommes d'accord pour [...]"
Suivent plusieurs points relatifs à la vérification par le découvreur,
puis par les parties signataires, avec l'établissement d'un réseau
pour le suivi continu du signal candidat, avant toute annonce
publique, sauf aux autorités nationales du découvreur.
Puis en cas de signal crédible, à l'annonce aux autres observateurs,
au Secrétaire général des Nations-Unies et à diverses Unions scientifiques
internationales, et en cas de confirmation, à la dissémination
de l'information par tout canal scientifique et par les médias.
Le suivi, le stockage et la diffusion des signaux reçus, leur
protection contre les parasites et leur étude continue par le
Comité SETI de l'IAA, en coordination avec la Commission de bio-astronomie
de l'UAI, sont également examinés, tout comme la création d'un
comité international pluridisciplinaire pour servir de point focal
à l'analyse et la diffusion publique à plus long terme.
Enfin, il est prévu que le découvreur ait le privilège de faire
la première annonce publique.
Aucune réponse ne sera envoyée a priori et l'IAA sera le dépositaire
de la Déclaration.
Annonce :
On peut juger cette initiative prématurée, tant la probabilité
de détection de signaux est faible. Après tout, ne sera-t-il pas
temps de réagir le moment venu ?
Les méthodes en usage en matière de communication scientifique
habituelle, trop lentes à réagir, se verraient vite dépassées
par la panique générale, la précipitation et le sensationnalisme.
C'est pourquoi les journalistes ont exprimé leur désir de voir
l'information distribuée le plus largement et le plus équitablement
possible, selon des stratégies préparées à l'avance.
La communication SETI sera une communication de crise et devra
en adopter les méthodes.
C'est un ordinateur qui signalera les alertes et il est probable
que, suite à tous les tests initiaux nécessaires pour y reconnaître,
par un processus progressif, la bonne alerte, plusieurs scientifiques
de plusieurs observatoires seront impliqués dans l'annonce.
Réponse :
Aucune réponse à un signal ou autre évidence d'intelligence
extra-terrestre ne devra être envoyée avant la tenue de consultations
internationales appropriées. Les procédures pour de telles consultations
seront le sujet d'un accord, déclaration ou arrangement séparés.
Reste le problème de la durée d'un échange (un aller-retour d'un
message vers un astre éloigné de 50 années-lumière prendra 100
ans).
Au niveau technique, la réception d'un message nous renseignera
sur la fréquence utilisée, sa largeur de bande, sa direction,
sa distance et donc une évaluation de la puissance d'émission,
et le type de codage utilisé. Ces informations seront utilisées
pour la réponse. La longueur du message n'est pas vraiment limitée,
le problème venant plutôt du contenu à sélectionner...
Pour Jean Heidmann, le mieux serait d'envoyer le contenu de l'Encyclopedia
Universalis ou Britannica :
- elles sont reconnues par une grande partie de l'humanité (consensus),
- elles couvrent toutes les disciplines et découlent d'un esprit
impartial, documenté et scientifique,
- elles contiennent un maximum d'informations en un seul document
très structuré (index, corpus),
- leur contenu est facilement codable (et simplement décodable),
étant constitué d'une suite linéaire de signes typographiques
(texte) et de matrices bi-directionnelles de pixels (illustrations),
- elles sont déjà disponibles et mises à jour régulièrement,
- elles sont facilement transmissibles : le texte se code avec
un milliard de bits et les illustrations avec 100 milliards de
bits. Ce qui équivaut, sur une bande passante de 10 Mhz, à une
transmission complète en 3 heures.
Les réserves habituelles sont bien sûr de mises dans ce genre
de situation (réception, compréhension du message, problèmes d'interprétation
culturelle, etc...). Néanmoins il semble que cela constitue la
meilleure solution au problème de la réponse.
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